«Il faut s'attendre à de la violence au nom de la religion»

Saïd Djabelkhir est chercheur en soufisme et spécialiste de la religion. Il collabore dans les médias et intervient souvent sur la place de la religion dans la société algérienne. Dans ce bref entretien, il explique le regain de religiosité dans la société et les risques que cela pourrait engendrer.- Certains Algériens manifestent, ces derniers temps, contre tout ce qu'ils considèrent comme une atteinte à la religion. Comment expliquer cela 'Pour moi ces manifestations dites «religieuses» ne prennent pas leur point de départ dans l'effort de recherche et de réflexion pour comprendre la religion et, à partir de là, faire son apologie si besoin est. Je pense plutôt que ces manifestations sont de la pure manipulation politique, qui se veut au nom de la religion et exercée sur des ignorants, frustrés pour la plupart. Le fait est qu'on continue de verser dans l'instrumentalisation politique du religieux et de la part du pouvoir, et de la part des intégristes.- Ce regain de religiosité est-il expliqué 'Je pense qu'une certaine partie du peuple algérien n'a pas encore tiré les leçons des années 1990. Malheureusement, le religieux continue à vendre, dans un peuple et surtout une jeunesse qui n'a ni école, ni esprit critique, ni espoir.- Peut-on s'attendre à des violences au nom de la religion 'Je pense que nous devons nous attendre à beaucoup de violence au nom de la religion car nous allons assister, qu'on le veuille ou pas, à un affrontement entre les forces de l'obscurantisme religieux et celles des lumières, de la raison et du progrès.