Algérie

«Il faut respecter notre dignité»



«Il faut respecter notre dignité»
Rappel ? «Nous avons dit à l'Etat d'interdire l'importation des produits finis. Nous lui avons dit que cette catégorie sociale n'a pas où aller.».«Dans un pays aussi riche que le nôtre, on aurait dû sauvegarder l'Onabros. Mais cela n'a pas été fait et c'est malheureux.», s'est désolé, M. Abderrahmani Saïd. Pour le président de l'Union des non voyants de la wilaya d'Alger, si un non-voyant mendie, c'est parce qu'il est lâché par l'Etat. Mais «ce ne sont pas tous les non-voyants qui mendient» s'est-il défendu. Et de demander : «Il faut respecter notre dignité.» A travers le monde, ajoute-t-il, «le non-voyant est considéré comme handicapé à 100%» Mais, en Algérie, le non-voyant a un autre statut?: un malade chronique. Ce statut ne lui permet, en réalité, que de bénéficier d'une aide sociale. «Nous bénéficions d'une aide de 3 000 dinars. C'est une honte?!», ajoute-t-il. Evoquant les pensions que consacre l'Etat à d'autres catégories de la société, M. Abderrahmani s'est interrogé sur cette injustice. «Pourquoi l'Etat ne consacre pas une pension aux non-voyants, comme il le fait aux anciens moudjahidine et autres '» Abordant le chômage qui ronge la majorité absolue des non-voyants, M. Abderrahmani est revenu sur l'histoire de l'industrie de la brosserie : «A l'indépendance, il y avait trois unités spécialisées dans la fabrication manuelle des balais, des brosses, et les pinces à linge... Grâce aux efforts fournis par les non-voyants, le nombre de ces unités a augmenté pour atteindre la trentaine. Mais à l'ouverture du marché national, l'Etat a permis l'importation du produit fini.» Et c'est à partir de là que les non-voyants ont vu leurs unités de production disparaître à cause de ce qui est appelé l'économie de marché. «Nous avons dit à l'Etat d'interdire l'importation des produits finis. Nous lui avons dit que cette catégorie sociale n'a pas où aller.», rappelle-t-il. Les non-voyants avaient suggéré une solution?pour préserver leur industrie : vendre aux établissements publics. «Mais l'Etat nous a répondu qu'il ne peut donner des ordres aux établissements publics pour acheter notre produit...» a-t-il conclu. Malchanceux, fragiles et impuissants, les non-voyants assistent, actuellement, à la liquidation de leurs unités ... «Nous sommes en colère, car nous subissons l'injustice». A l'adresse de nos gouvernants, notre interlocuteur a lancé?:?«Le vrai social c'est de s'intéresser à cette catégorie, si vous faites vraiment du social. Sinon, c'est faux...» Si les pays développés attribuent une pension aux non-voyants, argumente-t-il, c'est parce qu'ils savent qu'il s'agit d'une nécessité, car cette catégorie sociale a des frais supplémentaires à payer. Chez nous «les responsables reconnaissent la réalité, mais ils n'appliquent pas.?Si nous avions nos droits, on ne sortirait pas dans la rue...il ne faut pas cacher le soleil avec le tamis. Ça ne sert à rien.», a encore ajouté M. Abderrahmani. Pour le logement social, les non-voyants n'ont aucun point en plus dans le calcul du barème. Pour ce qui est de l'emploi, il a évoqué la loi 02-09. Celle-ci, réserve aux handicapés, un pourcentage égal à 0,1% dans chaque quota de travail. «C'est insuffisant?! Ce pourcentage doit être revu à la hausse pour que les non-voyants aient une chance à l'embauche.?Pis, c'est que cette loi n'est même pas appliquée... »




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