Algérie

« Il faut respecter la loi pendant toute l'année » Le mois sacré vu par... Amara Zitouni président du conseil national de la concurrence



Amara Zitouni, président du conseil national de la concurrence, fraichement mis en place, affirme que son institution a pour rôle de prendre les mesures nécessaires surtout préventives pour que la loi sur la concurrence et les règles sur la transparence et la compétitivité soient appliquées pendant toute l'année et non pas uniquement durant le mois sacré. Pour lui, le Ramadhan, est le mois du partage et de la solidarité par excellence.Quel est le rôle que s'est assigné votre institution durant ce mois sacré '
Cela tombe bien parce que je reviens de Genève où j'ai participé à une réunion à laquelle ont pris part beaucoup d'Etats. Cette rencontre s'est articulée justement sur cette question de la concurrence et des prix. J'ai constaté qu'on n'est pas loin du tout des normes internationales. Nous avons toujours dit dans nos interventions médiatiques que le conseil de la concurrence travaille dans la durée et a pour mission d'observer le marché et de prendre des mesures surtout préventives pour que la loi sur la concurrence et les règles sur la transparence et la compétitivité soient appliquées toute l'année. Le conseil intervient sur les prix et sur la qualité et l'offre. Il se doit également de protéger le consommateur et en même temps préserver l'efficience économique des entreprises. L'impact du conseil et son rôle stabilisateur et régulateur de la concurrence n'est pas mesurable dans l'immédiat. Le conseil n'intervient pas directement sur le marché. D'autres services du département du commerce assument cette mission. Certains cartels, à l'instar des autres pays, tentent de monopoliser les marchés et jouent sur les prix des produits stratégiques. Nous étions étonnés à Genève de constater que les autres Etats européens, asiatiques et arabes subissent les mêmes pratiques recensées chez nous. La spéculation est opérée essentiellement sur les médicaments et les produits alimentaires. Le conseil intervient donc en amont durant ce mois sacré et pendant toute l'année pour éviter les concentrations économiques qui menacent la concurrence. Le conseil combat les pratiques restrictives à la concurrence. Quand un marché est perturbé durablement, on peut être saisis ou s'autosaisir pour vérifier si ces pratiques sont compatibles avec les règles de la concurrence. L'institution que je dirige doit empêcher l'entreprise qui monopolise le marché d'en abuser. A ce moment-là, le conseil peut sanctionner et demander de se restructurer et de se mettre en conformité avec la loi. L'amende peut aller jusqu'à 12% du chiffre d'affaires de ladite entreprise. Notre objectif est que les prix soient stables et que toutes les règles inhérentes à la concurrence soient respectées. Mais on constate depuis une trentaine d'année à la veille de chaque Ramadhan que les prix s'envolent, et la qualité prend un coup. Cela dit, il faut savoir que lorsque le citoyen subi un préjudice, il peut saisir la justice. On doit travailler en concertation si on veut être efficace. Si chacun jouait son rôle les choses iraient mieux.
Quel est votre rapport personnel au marché ' Faites-vous vous-mêmes les courses '
Non, c'est mon épouse. Je le fais une fois par semaine au niveau des grands marchés. On ne s'emballe pas. J'essaye de faire partager cela à ma conjointe. On doit faire acte de citoyenneté en consommant avec rationalité pour ne pas participer à la flambée des prix. Il faut manger aussi modérément sans porter atteinte à notre santé. Même pendant le Ramadhan, j'aime le couscous. J'aime les légumes et les fruits. Je suis de l'est algérien. Je suis à Alger depuis trente ans et je ne suis toujours pas très gourmand de ces plats algérois qui sont certes très bons mais difficiles à digérer. Je suis resté paysan sur ce plan et rien ne peut remplacer le couscous kabyle ou celui des « chawiyas ». J'aime me cramponner aux anciennes traditions. Durant ce mois je compatit avec les personnes qui n'ont pas eu de chance et qui n'ont pas de revenus assez élevés pour offrir à leurs familles et à leurs enfants ce qu'ils souhaitent.
Parlez-nous de votre quotidien durant ce mois...
Je suis de l'ancienne génération. J'ai vécu le Ramadhan en plein août en 1978. On travaillait normalement. Cette période des fortes chaleurs arrange quelque part les commerçants qui jouent sur la passivité des citoyens, dont le seul souci c'est de se rafraichir en consommant sans compter. On oublie malheureusement que la véritable dimension du Ramadhan est beaucoup plus spirituelle. Quand on a faim on pense aux pauvres. C'est le mois du partage et de la solidarité par excellence.


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