Algérie

«Il faut repenser la famille algérienne»



- 7042 femmes ont subi des violences durant les 9 premiers mois de l'année, selon le dernier bilan de la police. Pensez-vous que ce chiffre soit représentatif de la véritable détresse que vivent les femmes algériennes ' Evidemment, ce chiffre est loin d'être représentatif des violences faites aux femmes aujourd'hui en Algérie. Ce bilan nous indique juste le nombre de plaintes déposées. Il s'agit donc de cas déclarés, mais notre société vit une situation beaucoup plus alarmante ; le plus dur est que beaucoup de femmes en détresse vivent dans la peur de dénoncer leur persécuteur. Vous imaginez bien que les femmes qui subissent des abus sexuels, notamment dans le cas d'inceste, ne dénoncent que très rarement leur agresseur.
- Justement, ce même bilan souligne que plus de 60% de ces violences ont eu lieu dans un cadre familial… Oui. C'est réel et c'est d'autant plus dur de prendre en charge des femmes qui ont du mal à  contrer des membres de leur propre famille. Il est difficile d'accuser un membre de la famille que ce soit pour des harcèlements, des abus sexuels ou des cas d'inceste. La cellule familiale est d'ailleurs la première à  inciter ces femmes violentées à  garder le silence sur ce genre d'abus qui constituerait un déshonneur social que tout le monde préfère taire.
- D'où la difficulté d'agir pour aider ces femmes… Une association ne peut faire que très peu de choses pour une problématique aussi épineuse. Quand ces violences sont le fait du mari, du père, du frère, il est difficile d'agir pour aider et protéger ces femmes. Le vrai problème est qu'on ne s'autorise pas à  penser le concept de la  famille en Algérie. On cultive l'image d'une cellule patriarcale qui relève de la fiction. Et dans la réalité du terrain, on se rend vite compte que c'est très souvent un vrai foyer de violence. C'est justement sur ce plan que nous tentons d'agir, dans le cadre du réseau Wassila. Eveiller les consciences est pour nous le meilleur moyen de lutter contre ces violences.
- Y a-t-il réellement un vide juridique pour contrer la violence faire aux femmes ' Ce n'est pas une question de vide juridique, mais d'application de la loi. C'est un problème que l'on rencontre dans tous les domaines en Algérie. Mais il se trouve que pour la violence à  l'égard des femmes, cette question est encore plus particulière parce qu'elle aboutit souvent à  des pertes de vies humaines. Le vide juridique n'est pas le lieu du débat. Il s'agit, plutôt d'appliquer tout l'appareil juridique dont nous disposons. Et c'est là que les institutions de l'Etat doivent jouer leur rôle pour protéger le citoyen. C'est une question d'assistance à  personne en danger, rien de moins.


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