img src="http://www.lexpressiondz.com/img/article_medium/photos/P180422-06.jpg" alt=""Il faut qu'on arrête avec l'assistanat..."" /Cette passionnante table ronde a été animée par Salem Brahimi et Yacine Bouaziz qui ont apporté chacun leur vision des choses quant à la façon dont il faut fabriquer un film en Algérie, avec qui et dans quelle perspective...
Argent, Etat, public, salles de cinéma, stratégie et rêve, seraient les quelques mots clés qui ont marqué cette rencontre qui s'est tenue vendredi matin au Palais de la culture Moufdi Zakaria dans le cadre de la 4e édition du Salon international de la créativité. Dans son intervention Salim Brahimi a dès le départ donné le ton en faisant savoir en préambule qu'il «y a quelque chose de pervers qui s'est installé en l'absence d'un modèle économique, celui d'attendre toujours soit la bienveillance de l'Etat, du sponsor ou du mécène. Or c'est indigne de nous-mêmes». Et de s'interroger clairement: «Sommes-nous prêts à devenir des professionnels' En même temps confrontés à l'absence de modèle économique, de cadre propice, on se relâche. On tombe dans un état d'inertie...». Pour remédier à cette situation, le réalisateur de Maintenant ils peuvent venir a proposé de faire «un reboot du logiciel, de la procédure et même du discours et commencer à parler de ce qui manque. Il y a plein de choses qui manquent. Il faut en prendre conscience et y remédier de façon réaliste et pragmatique». Yacine Bouaziz a, quant à lui, choisi de se poser d'emblée la question «comment encourager les investisseurs à mettre de l'argent dans la culture»' Pour répondre il entamera son intervention par ce constat: «Il y a une situation qui doit changer. Mettre les artistes au centre de la culture c'est un défaut. Le moteur de la culture, c'est le public et il existe. Cela veut dire des clients. Ce secteur peut être rentable. La base est de favoriser les conditions réunies pour avancer ensemble et que ce public-là ait accès à une culture dynamique et algérienne. Or on est bombardé de culture du monde et de là, notre empathie. Le coeur de la machine c'est l'argent et nous on milite depuis longtemps pour sortir du schéma étatique qui fait qu'on doit passer par l'Etat. Il faut arrêter avec ce système de dépendance et d'assistanat. Car c'est une mauvaise chose.» Abondant dans le même sens d'idées, Salem Brahimi estimera qu'être indépendant veut dire travailler par soi-même et ne pas appartenir à d'autres. En donnant quelques exemples de modèle économique dans des pays dont le cinéma est florissant tels l'Iran et surtout La Corée du Sud, le réalisateur du documentaire sur le Panafricain 2009 dira que pour assurer aussi une meilleure distribution et diffusion il faut des salles de cinéma et des yeux pour voir ces films. Aussi, a-t-il indiqué que trois conditions s'imposent pour inciter le partenaire investisseur à mettre de l'argent, à savoir «de la visibilité, de la vanité et de la rentabilité. C'est stratégique. Il faut l'alignement de tout ça si on doit occuper la place, et là on doit l'occuper tous ensemble et travailler pour et ce, en professionnalisant rapidement».Dans une vision plutôt romantique de la chose, si ce n'est plus ou moins naïf Yacine Bouaziz arguera de l'esprit nationaliste qui pourrait pousser un investisseur à mettre de l'argent dans un film rappelant «le prestige» qu'il y a à participer à faire une oeuvre d'art qui peut recevoir des prix après dans de grands festivals de renom et faire rêver d'autres Algériens. «Rêver» Un mot que partagera aussi Salem Brahimi tout en étant pragmatique. «On se bat pour que la culture joue son rôle de ciment dans la société car on a besoin de se voir à l'image. Il faut que notre culture domine et pour ce faire, il faut multiplier les salles de cinéma pour que le public aille les voir et puisse juger de leur qualité par la suite. On se bat aussi pour que l'artiste puisse travailler avec les autres car on fait un travail d'équipe. Ce modèle économique il faudra le créer ainsi», confiera Yacine Bouaziz. Allant plus loin, Salem Brahimi estimera que faire des films est une question de dignité. Par conséquent, il indiquera «refuser d'être le chouchou du système en bénéficiant d'un quelconque traitement de faveur». Et de se poser cette question pertinente: «Est-ce que c'est normal que le peuple qui vous donne de l'argent pour faire un film, puisque c'est l'argent du contribuable, ce dernier (le peuple) ne puisse pas voir le film en retour'» Salem Brahimi dira qu'il faut arrêter avec la gratuité, mais revenir peut-être aux ponctions sur recettes notamment et penser à inciter la télévision à verser un pourcentage dans la production cinématographique en diffusant des films. «On fabrique de la propriété intellectuelle. Avec tous ces cerveaux, voudrions-nous un retour d'investissement ou continuer à faire dans le bricolage' Notre intérêt est celui du pays.» Et d'appeler aussi à réactiver le parc des salles de cinéma. Pour sa part, Yacine Bouaziz insistera sur le fait qu'«on est ni concurrents ni des ennemis. Que l'Etat joue son rôle et permette au secteur privé d'ouvrir des salles afin de faire rayonner notre culture. Aujourd'hui on est dans la survie. Je ne demande pas à l'Etat de m'apprendre à marcher, mais qu'il construise des autoroutes et c'est à moi de prendre le chemin que je veux et marcher». Clôturant ce débat Salem Brahimi dira qu'il faut cesser avec les festivités occasionnelles telles les «Capitales de la culture islamique», etc. mais que «Chacun devrait raconter ce qu'il veut. Il faut qu'il y ait de la diversité au cinéma. L'Etat a fait de bonnes choses et je ne remets pas en cause leurs intentions. Mais il en résulte des effets pervers qu'il faut stopper. Il ne faut pas faire plus, mais faire autrement! Pour l'instant, l'Etat détient les clés des salles de cinéma. Il faut les ouvrir. C'est l'Etat-stratège qui doit régner. Voilà ce que l'Etat doit faire de plus...», a-t-il conclu.
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Posté Le : 22/04/2018
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : O HIND
Source : www.lexpressiondz.com