Algérie

"Il faut optimiser les opérations de raffinage"



Dans le projet de loi de finances pour 2020, le gouvernement a revu à la hausse les tarifs du carburant, tout en laissant inchangé le prix du GPL. Il explique, dans l'exposé des motifs, que le réajustement des prix, de manière "graduelle", vise, entre autres, à "rationaliser la consommation des carburants qui viennent en déduction des exportations du pétrole et à réduire les importations de carburants en vue d'atténuer les déficits commerciaux".Un argument qui se tient ' Pour Ali Kefaïfi, expert en énergie, la question reste entière quant à "l'optimisation des opérations de raffinage" en Algérie.
Cela équivaut à dire que les plateformes de raffinage dégagent, relève-t-il, "des marges faibles", créant ainsi un "déséquilibre entre le coût de revient du produit raffiné (carburant) et son prix à la consommation". "Ce dernier reste bas, par rapport aux tarifs pratiqués dans de nombreux pays et ne permet pas d'opérer sans perte", estime Ali Kefaïfi. Et de poursuivre : "Dans les raffineries simples (c'est le cas des nôtres), les marges de raffinage doivent varier entre 3 et 5 dollars/baril. Or, elles sont en-deçà de ce niveau, plongeant même en zone négative." Dans de pareilles situations, recommande-t-il, il y a nécessité de "reconfigurer le système des subventions de façon à ne pas affecter les ménages aux bas revenus, mais à préserver l'intérêt économique des raffineries".
En Algérie, 30% du budget de l'Etat et 11% du PIB vont aux subventions à l'énergie. Et sur les 1 756,5 milliards de dinars de subventions consacrées aux carburants, 1 050 milliards de dinars sont consommés par les deux tranches supérieures de revenus de la population.
L'expert estime, par ailleurs, qu'il serait plutôt "intéressant de laisser 50% seulement du pétrole léger algérien aux raffineries et de les approvisionner en pétrole lourd". "Cela permet de contribuer à relever la rentabilité", explique-t-il. Ali Kefaïfi avance, en outre, que la plateforme d'Agusta, ex-filiale du groupe américain ExxonMobil, racheté, fin 2018, par Sonatrach, "combine du pétrole léger et lourd, réalisant, en temps normal, c'est-à-dire en dehors de la conjoncture pétrolière actuelle, des marges de raffinage estimées à 12 dollars/baril".
Ainsi, fait-il remarquer, faire raffiner des barils de pétrole à Agusta, pour en tirer du carburant et d'autres produits, "revient moins cher" que de produire du carburant dans les raffineries algériennes. Notre interlocuteur souligne que dans les raffineries européennes, les marges de raffinage fluctuent entre 8 à 10 dollars/baril et que dans les raffineries complexes américaines, elles se situent entre 15 et 20 dollars/baril.
La remise en service d'Augusta, après des travaux de maintenance, ajoutée à la réhabilitation de certaines raffineries locales, allait permettre d'arrêter totalement l'importation de carburants que l'Etat assurait pour approvisionner un marché boulimique dont la consommation a explosé ces dernières années, s'établissant à 15 millions de tonnes par an.
Le ministre de l'Energie déclarait, il y a quelques mois, que "les raffineries de pétrole en Algérie suffisent pour couvrir la demande nationale en carburant". Il ne semblait pas avoir vu juste, puisque le gouvernement dont il fait partie parle aujourd'hui de "réduction des importations de carburants".
Ce dont beaucoup d'experts sont, cependant, sûrs, c'est que le modèle de consommation d'énergie, ayant encore cours dans notre pays, a montré ses limites, se révélant inefficace et coûteux. Le pays est appelé à l'abandonner.
Youcef Salami


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