Algérie

« Il faut le corriger ou le retirer du marché »



Le dernier ouvrage du chef de la tarîqa alawiya, cheikh Khaled Bentounès, Soufisme, l'héritage commun, continue de susciter les réactions des milieux islamistes en Algérie. En dépit des explications faites à maintes reprises par l'auteur, la polémique est loin de s'estomper. Après El Islah, le HCI et l'Association des oulémas, le MSP se joint au front des protestataires contre ce qu'ils appellent « atteinte aux symboles de l'Islam ». Le président de ce parti, Bouguerra Soltani, exhorte Khaled Bentounès à retirer de son livre les miniatures et de corriger ses propos sur le hidjab. « Le contenu du livre est bon. Mais il contient des miniatures. Il faut que l'auteur retire son livre du marché pour corriger ses propos sur le hidjab et enlever les miniatures utilisées comme illustrations », a affirmé Bouguerra Soltani lors d'une conférence de presse animée hier à Alger. Selon lui, « le Coran et le hadith exigent le port du hidjab par la femme musulmane ». Si Khaled Bentounès ne retire pas les miniatures et ne corrige pas ses propos sur le port du hidjab, le leader du MSP estime que « l'ouvrage doit être retiré du marché ». Ce qui serait un appel à la censure du livre. Etrange réaction, puisque Bouguerra Soltani affirme que le contenu de l'ouvrage en question « est bon ». Dans une interview accordée à El Watan, Khaled Bentounès a appelé à faire la différence entre « miniatures » et « caricatures ». « Il suffit d'aller sur Internet et de taper "miniatures musulmanes" pour voir surgir des milliers d''uvres. Dans ce cas-là, il faudrait aussi faire un procès au musée de Topkapi d'Istanbul. A Kaboul, on a détruit des miniatures alors que l'école de Kaboul a été la première école de miniatures dans le monde musulman et que l'Islam a pénétré l'Asie grâce aux miniatures. Où va-t-on ' C'est l'Islam de ces gens-là qui est une caricature », avait-il expliqué. Outre cette question, Bouguerra Soltani est revenu sur l'annulation, dans le cadre de la loi de finances complémentaire 2009, des crédits à la consommation. Sans critiquer ladite loi, il préfère remettre en cause uniquement l'effet surprise dans l'application de l'interdiction desdits crédits. Selon lui, le gouvernement aurait dû accorder un délai de 6 mois aux citoyens avant d'appliquer la mesure en question. « Le gouvernement doit accorder aux fonctionnaires, tels que les enseignants, le même privilège que celui octroyé aux députés et aux hauts fonctionnaires de l'Etat. Il faut leur (les fonctionnaires) donner la possibilité de contracter des crédits sans intérêt pour l'achat de véhicules », a-t-il dit. Ayant quitté le gouvernement après la dernière élection présidentielle, Bouguerra Soltani n'envisage pas de reprendre son portefeuille dans l'Exécutif. « Je ne présente pas mes services au gouvernement. La priorité est au parti et la gestion de ses affaires », a-t-il déclaré. La crise interne qui secoue le parti depuis plusieurs mois est, selon lui, complètement dépassée. Le premier responsable du MSP se montre également opposé au phénomène de déstabilisation des partis politiques et des associations. « La stabilité des partis fait partie de la stabilité du pays. Il faut que les crises internes cessent et que les partis participent sur le terrain au développement du pays », a-t-il lancé. Le MSP, a-t-il enchaîné, envisage d'entrer en contact avec tous les partis secoués par des problèmes internes « pour examiner les possibilités de réanimer la scène politique nationale ». Abordant l'éventuelle révision globale de la Constitution, l'interlocuteur précise que celle-ci « n'est pas une priorité pour le MSP ».


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