Algérie

«Il faut instaurer une gestion prévisionnelle des recrutements» Abdenour-Karim Khelifi. PHD en sciences de gestion



- Comment se présente aujourd'hui le marché de l'emploi réservé aux ingénieurs et hauts diplômés des écoles techniques en Algérie '

La bonne nouvelle, c'est qu'aujourd'hui les jeunes ingénieurs algériens dans les disciplines en rapport avec la mécanique, la maintenance, le génie civil, l'automatisme ou encore l'instrumentation électronique ont beaucoup plus de débouchés que ceux qui sont sortis de l'université dans les années 1990. Il y a de réelles opportunités d'emploi qui s'offrent à eux du fait que les entreprises ont des besoins dans ces spécialités pour la réalisation des projets en cours dans l'hydraulique, le bâtiment et les travaux publics, entre autres. Cependant, nous avons constaté un problème qui concerne les recruteurs, celui de la mobilité géographique et interwilayas, en ce sens que les DRH trouvent actuellement des difficultés à recruter certaines compétences localement.

- Est-il vrai que des entreprises n'arrivent pas à trouver certains profils '

Oui, il peut y avoir des tensions sur certains profils qui sont très demandés. Les entreprises du bâtiment, des travaux publics et de génie civil ont effectivement des difficultés à recruter, par exemple, des chefs de projet ou des directeurs de chantier.

- Cela est dû à quoi, selon vous '

Il y a plusieurs facteurs. Le principal concerne l'offre et la demande dans ce genre de profils liés à des projets importants qui exigent des recrutements à court terme. Ce sont des besoins cruciaux et urgents qu'on ne peut pas pourvoir facilement. Par définition, les profils seniors sont rares, très demandés.
Il y a aussi ce rapport de force entre le recruteur et le candidat en termes de salaire et avantages.

- Dans une offre de recrutement, quels sont les avantages qui attirent le plus le candidat algérien '

Il est évident que le candidat cherche surtout la stabilité. C'est le mot qui revient souvent lors des entretiens d'embauche. Une entreprise qui n'a pas une visibilité à long terme ne pourra pas s'engager contractuellement avec un candidat à très long terme. Le candidat algérien a soif de connaissances. C'est quelqu'un qui aspire à travailler dans une entreprise qui le forme. Je dirais même que c'est un critère qui va au-delà du salaire.

- Quelle est l'ampleur des départs des compétences exerçant dans le public vers le secteur privé '

Le marché de l'emploi en Algérie est un marché ouvert, où le phénomène du déplacement des compétences du public au privé a été effectivement observé, mais on ne connaît pas encore son ampleur. On a vu également des candidats qui sont passés du public au privé et qui sont revenus par la suite vers une entreprise publique. C'est la raison pour laquelle il faudrait avoir des outils pour juguler ce phénomène et bloquer cette hémorragie à travers ce qu'on appelle la gestion prévisionnelle des recrutements et des compétences (GPEC) qui permet de s'adapter au marché de l'emploi et aux salaires.

- Peut-on parler toujours, aujourd'hui, de fuite des compétences '

Nous n'avons pas d'indicateurs précis sur ce phénomène, mais il est de notoriété que beaucoup de diplômés algériens souhaitent partir à l'étranger pour se former. Certains reviennent, d'autres trouvent des emplois. Mais ce phénomène est aujourd'hui moins ressenti qu'il y a dix ou quinze ans, d'autant plus que les pays occidentaux vivent une crise et le marché de l'emploi devient de plus en plus concurrentiel et difficile.


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