Algérie

"Il faut éviter de refaire ce type de programme massif"



Liberté : Les bénéficiaires des crédits Ansej-Cnac sont revenus à la charge cette semaine pour réclamer l'effacement de leurs dettes auprès des banques, ainsi que leurs ardoises fiscales. Le ministre du Travail a opposé son niet, mais les bénéficiaires ne décolèrent pas et promettent d'autres actions de protestation dans les jours à venir. Pourquoi, à votre avis, en est-on arrivé à ce stade de polémique 'Lies Kerrar : Sur le principe, une des choses les plus importantes dans le développement de l'entrepreneurship et de la pratique du microcrédit est celle qui consiste à développer chez les entrepreneurs la notion du respect des engagements de crédit. La bonne pratique réside en la mise en place des remboursements avec des échéances à haute fréquence, tous les mois par exemple, et de commencer le paiement des intérêts ou remboursements très tôt. Même si la valeur des montants n'est pas importante. Cette pratique permet de mettre en place la bonne discipline chez le microentrepreneur. Il s'agit simplement de mettre en place le bon comportement : au premier dinar que je gagne, je réserve 20 centimes (ou 30 ou 40) pour rémunérer ou rembourser mes dettes. En tant qu'entrepreneur, ces premiers 20 centimes (par exemple) ne m'appartiennent pas. C'est juste le profit au-dessus de ces 20 centimes qui m'appartient, et qui est de l'argent "licite" si je le garde. Mais vraisemblablement, ce n'est pas ce qu'on a fait. On a mis des périodes trop longues de différé de paiement et même de différé de paiement des intérêts.
En faisant cela, on a contribué à ce phénomène assez inédit.
Certains banquiers de la place témoignent avoir subi des pressions dès 2011 pour ne pas s'ériger en écueil face aux demandeurs de crédits Ansej-Cnac, quand bien même les projets à financer seraient peu viables économiquement. Cette façon avec laquelle étaient gérés les dispositifs Ansej-Cnac est-elle à l'origine des créances impayées cumulées par les banques publiques '
Il y a eu de belles réussites issues de l'Ansej. Il faut le reconnaître. Et plusieurs entrepreneurs respectent leurs engagements. Mais il vrai que la version 2011 de l'Ansej (réduisant à 1% l'apport personnel) était structurée d'une manière vue nulle part au monde. Naturellement ces mauvaises créances étaient prévisibles.
Quel bilan peut-on faire de ces dispositifs en matière de création d'entreprises, d'emploi et de contribution à l'économie et faut-il l'orienter à l'avenir vers des projets plus fiables et à forte valeur ajoutée '
Il faut éviter de refaire ce type de programme massif. Il y a plusieurs types d'entrepreneurs qui ont besoin de plusieurs modes de financement et d'accompagnement différents. Nous devons plutôt encourager le développement de plusieurs acteurs qui sauront gérer chacun une partie des besoins. Le microcrédit doit se développer avec plusieurs initiatives adaptées à chaque communauté. Le financement d'entrepreneurs doit se faire avec des structures et niveaux qui tiennent la route, des apports personnels d'au moins 10% et non de 1%, des plafonds plus bas pour les premiers financements et des financements complémentaires plus élevés si l'entrepreneur réussit et paie ses échéances de prêt régulièrement.


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