L'Expression: Deux années se sont écoulées depuis l'officialisation du système des start-up et l'instauration d'un ministère délégué dédié exclusivement à ce type d'entreprises. N'y a-t-il pas, quelque part, un imbroglio dans la définition ou la conception d'une start-up' Finalement, c'est quoi au juste une start-up'Yazid Aguedal: Il y a beaucoup de définitions. Mais on peut définir une start-up comme étant une société à la recherche d'un «Business modèle» ou un modèle économique fiable. Généralement, quand on lance une star-up, on ne sait pas si le marché va réagir ou répondre ou non. Donc, généralement ce sont des projets innovants, qui ont recours à la technologie. Il y a aussi ce côté de la croissance exponentielle, qui caractérise ce genre de sociétés, dont le niveau de croissance, grâce à l'utilisation de la technologie, est significatif sans, toutefois, consentir des investissements supplémentaires. Si on prend l'exemple des applications de transport en Algérie, on voit qu'au départ, on commence avec une application et quelques chauffeurs. Ensuite, au fur et à mesure, cela va attirer plus d'utilisateurs, plus de chauffeurs, ça va générer plus de biens et un chiffre d'affaires important. Tout cela, avec la même application et les mêmes techniques, à peine si on améliore l'encadrement et certains aspects techniques pas très coûteux. Mais le projet reste le même, sans avoir à prévoir des structures partout et des employés un peu partout. Donc la croissance est aussi un élément important, mais l'élément le plus important reste l'innovation. Généralement, dans les projets classiques, notamment une imprimerie, une boîte de communication, une boîte de développement informatique, les choses sont claires, à savoir le modèle, la clientèle et le produit. Quand on lance une start-up, on n'a pas cette certitude que ça va marcher. Plus que ça, selon les statistiques mondiales, plus de 80% de ces sociétés échouent. Donc, c'est pour cela qu'il s'agit d'un modèle très particulier.
Faut-il réadapter la stratégie nationale du ministère délégué chargé des Start-up et quels sont les points autour desquels il faudra axer les changements à y apporter'
Pour la stratégie du ministère délégué chargé des Start-up,ce qu'il faut savoir c'est un ministère nouveau. Ce n'ést pas le résultat d'une stratégie et d'un programme préétabli, ni d'un cadre légal. Donc, même le ministère lui-même, est en mode start-up. Peut-être qu'en parallèle, il y a une stratégie qui se développe. Mais ce qu'il faut savoir, c'est que même le ministère n'a pas été créé dans une logique de stratégie moyen et long terme. Donc, c'est pour ça, à mon avis, pas mal d'efforts accomplis sont à saluer. Néanmoins, beaucoup de choses restent à accomplir aussi, notamment sur les volets de l'écosystème, sur l'aspect légal, les investissements, les financements et accessibilité au marché, les avantages à accorder aux jeunes, aux entrepreneurs qui ont des projets, alors qu'ils sont des employés, afin de garder leurs boulots. Il y a aussi les mesures de facilitations, en matière de sécurité sociale, Cnas, Casnos, etc.... l'extensibilité de l'activité à l'étranger, l'exportabilité des services, la Banque d'Algérie, les devises, etc.... Il faut savoir que ce ministère fait, de plus en plus d'efforts, mais il reste tributaire des autres ministères et structures...
Quels rôles pourraient jouer les start-up dans le développement ou la croissance économique' Le gouvernement a-t-il placé la barre haute pour ces entités commerciales, pour la plupart'
Pour ce qui est du rôle des start-up dans la croissance économique du pays,au tout début de la création de ce ministère, beaucoup de gens associaient cela, évoquaient des attentes exagérées par rapport à ces start-up, présentées comme étant l'alternative aux activités hors-hydrocarbures, de recettes en devises, etc.... Au final, toutes ces attentes n'avaient aucune relation avec la réalité. Ce qu'il faut savoir, c'est que pour le développer, le secteur des start-up, il faut tout un écosystème et un ensemble de conditions d'exercice économique optimal pour que ce type de produits puisse fonctionner. Ce qui n'existe pas encore pour le moment. Car, au final, nous sommes en face de produits destinés à la vente. Des produits physiques, comme ça peut être des produits numériques, des nouvelles idées qui vont changer des domaines existants. Donc, dans une très courte durée, il est très difficile de réaliser des projets de start-up qui viennent apporter de la vraie valeur ajoutée. Il faut de la maturité et du temps, pour commencer à avoir des résultats. Si on prend des exemples liés à des achats ou à des ventes en ligne, cela reste tributaire du taux d'utilisation ou la culture générale ambiante. Si la majorité des Algériens n'ont pas la possibilité d'acheter en ligne, n'aiment pas ou ne veulent pas acheter ou payer en ligne, pour diverses raisons, notamment des appréhensions, par manque de confiance, il est quasiment inutile de baser un produit sur la vente en ligne. Donc, c'est un aspect lié à la maturité des consommateurs, sans compter l'accessibilité au marché, qu'il faut prendre en considération. On prend l'exemple d'un projet ou un système à proposer à une société publique, une structure locale ou une administration, cela va générer des mécanismes et des procédures classiques très lourdes, avec ces histoires d'avis d'appels d'offres, qui ne cadrent pas avec la philosophie d'une start-up. C'est pour cela, que ces dernières visent toujours le plan international pour sa souplesse et sa maturité. D'où la nécessité d'encourager ces sociétés à s'investir dans l'offshore.
Y a-t-il un domaine de prédilection spécifique pour les start-up, comme nous le constatons aujourd'hui, avec ces domaines prisés dont les IT, le E-commerce et autres plates-formes numériques'
En Algérie, on remarque que la plupart des start-up sont dans le domaine technologique IT et c'est logique. Donc, on a des plates-formes dans le commerce centrées sur la vente et l'achat en ligne. Ce qu'il fait savoir, c'est que la technologie n'est qu'un outil. Mais, on a aussi des start-up spécialisées dans la santé, l'éducation, l'agriculture, les énergies renouvelables, etc.... Il n''y a pas de domaines prédéfinis, mais comme la plupart des jeunes sont issus du domaine informatique, on se retrouve avec cette tendance vers le technologique. La technologie est là surtout pour faciliter l'usage et le travail.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 13/03/2022
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Mohamed OUANEZAR
Source : www.lexpressiondz.com