Photo : M. Hacène
De notre correspondant à Tizi Ouzou
Malik Boumati
A l'occasion de la première session de la nouvelle mandature de l'Assemblée populaire de la wilaya (APW) de Tizi Ouzou, tenue dimanche et hier lundi, son président, Hocine Haroun, a fait un constat implacable de la situation de la wilaya dans quasiment tous les secteurs d'activité. Dans sa longue allocution, le président de l'APW s'est érigé en véritable syndicaliste des élus en général et des présidents d'APC en particulier, qu'il place au centre de toute politique de développement. «On ne peut pas parler de développement local si on accorde au maire deux milliards de centimes pour développer sa commune, alors que le seul revêtement d'un chemin communal nécessite de multiplier l'enveloppe par dix», dénonce le président de l'APW avant de s'interroger : «Quelle est cette entreprise qui s'intéressera aux miettes que propose un président d'APC quand dans le sectoriel, on lui propose des marchés allant de vingt (20) milliards à l'infini '». Hocine Haroun défendra lors de son allocution l'idée revendiquée par plusieurs acteurs d'une alternative susceptible d'enclencher un autre modèle de développement. Un modèle qui part du bas et qui rend son droit à l'élu, celui de développer sa commune.
«Il faut en finir avec des politiques unilatérales initiées par les institutions de l'Etat et passer à une politique concertée, partagée coordonnée par des acteurs à un niveau horizontal. Le développement doit tirer sa source de la base et l'administration se doit de financer les projets en fonction des moyens et des priorités dûment justifiées par délibération», dira-t-il ajoutant qu'il «est impératif d'alléger le sectoriel et de responsabiliser l'élu local, qui sera comptable devant les citoyens, comme devant le juge».
Hocine Haroun dénoncera également la situation de l'industrie dans la wilaya de Tizi Ouzou, qui a enregistré pas moins de soixante-dix (70) délocalisations d'entreprises durant la dernière décennie. «Le chiffre est révélateur d'un processus de désinvestissement
effarant et, par conséquent, d'appauvrissement, confirmé d'ailleurs par le montant des recettes budgétaires, en l'occurrence la taxe sur l'activité professionnelle (TAP), et par le taux de chômage», précisera-t-il non sans relever que, dans la wilaya de Tizi Ouzou, le ratio des entreprises par habitant est de 6,5 pour 1 000, alors que la moyenne nationale est loin devant, avec 12,5 pour 1 000. «Quand on sait que nos investisseurs font le printemps des autres wilayas, sans être régionalistes ni chauvins il y a lieu de faire une halte, se regarder dans le miroir et se poser la question : ''Le mal n'est-il pas en nous '''».
Dans le même sens, le président de l'APW de Tizi Ouzou n'a pas manqué d'affirmer que les opérateurs économiques et les porteurs de projets «s'accordent à considérer que le coefficient de blocage administratif dans notre wilaya dépasse celui des autres wilayas du pays», plaidant pour l'atténuation des contraintes à défaut de pouvoir les éliminer, et défendant l'idée de «mettre à la disposition de l'investisseur le cadre légal et adéquat, l'aider en lui accordant des dispositions incitatrices et alléchantes pour l'inviter à venir et le convaincre de rester». Pour cela, il préconise de revisiter en urgence la situation des zones d'activités et des zones de dépôts et de procéder à leur mise à niveau en passant par leur assainissement juridique, physique et financier, réveiller le Calpi et réguler ses rencontres, ainsi que créer de nouvelles zones industrielles et d'activités. «En somme, il faut débureaucratiser l'investissement pour forcer l'allure du développement», affirme-t-il.
Hocine Haroun a abordé plusieurs points relatifs à la situation de la wilaya et celui de l'environnement ne pouvait être omis dans son allocution. Devant l'état désastreux des villes et villages de la wilaya, l'APW de Tizi Ouzou a décidé d'instituer un prix, baptisé du nom de l'ex-président de l'APW, Rabah Aïssat assassiné en octobre 2006, qui récompensera les communes et les villages les plus propres de la wilaya. Un prix doté de 10 millions de dinars sera décerné à la commune lauréate alors qu'un autre de 5 millions de dinars ira vers chacun des deux villages les plus propres. «Ce prix, décerné sous forme de subvention, servira, il va de soi, exclusivement aux actions environnementales», précisera le président de l'APW.
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Posté Le : 18/03/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : M B
Source : www.latribune-online.com