Algérie

Il faut créer un sanctuaire où ne seraient admis que les prédateurs naturels de l'outarde



Il faut créer un sanctuaire où ne seraient admis que les prédateurs naturels de l'outarde
-Les pouvoirs publics se cachent derrière le fait que les outardes abattues par les braconniers du Golfe sont des animaux d'élevage. Quels sont les dangers d'introduire ces variétés d'outarde dans le milieu naturel 'La technique est connue des sociétés de chasse en Europe et en Amérique. Elle consiste à élever des oiseaux issus d'une reproduction en captivité et les lâcher dans le milieu naturel la veille d'une partie de chasse. C'est ce qui se passe il me semble dans le Sud-Ouest algérien, du côté d'El Bayadh. Les animaux chassés par cette technique n'ont aucune aptitude à se défendre.-Où réside le danger 'Soit ils sont lâchés trop tôt et ce sont les prédateurs naturels, tels que les rapaces ou les chacals, qui s'en occupent ; les jeunes outardes n'ayant aucune expérience de la relation prédateur-proie ; soit ils sont lâchés la veille et, là encore, les pauvres bêtes viendraient presque picorer aux pieds des chasseurs étant donné l'accoutumance à l'homme qu'elles ont développée durant leur élevage. Leur distance de fuite étant trop faible, elles se font capturer par les faucons sans trop d'effort. Leur seul planche de salut étant la grande taille du territoire de lâcher. Il y a tout de même une espèce d'injustice faite à la nature, de pratiquer la chasse sur des animaux qui n'ont pas appris à fuir et à se défendre !C'est comme si on envoyait à la guerre des malentendants et des aveugles. De plus, il y a un risque non négligeable de perversion du patrimoine génétique des populations sauvages par les individus élevés en captivité. Dans l'hypothèse où des individus issus d'élevages auraient survécu à la saison de chasse, ils peuvent se reproduire, au moins une fois, avec des souches sauvages. Or, ces individus élevés en captivité n'ont pas subi le «filtre» de la sélection naturelle, qui élimine d'une manière ou d'une autre les individus les moins aptes. Leur croissance s'est effectuée dans des conditions artificiellement favorables, protection contre les prédateurs, nourriture abondante, ce qui leur enlève le label «sauvage» avec le risque de lâcher un individu porteur de tares génétiques.-Quel est le meilleur moyen de restituer nos populations d'outarde 'Je pense que c'est de leur créer un sanctuaire dans lequel ne seraient admis que les prédateurs naturels de l'espèce (homme exclu). D'étudier soigneusement les populations pour connaître son taux de croissance et l'action des facteurs de régulation de ses effectifs. Ce sont des études longues et complexes, sans lesquelles on ne devrait pas autoriser de prélèvements d'animaux. La loi algérienne l'interdit d'ailleurs formellement. L'élevage n'est qu'une solution d'appoint pour pallier la trop grande faiblesse d'effectifs pour assurer une reproduction naturelle. Ce ne doit pas être la règle ni un moyen de mettre à la disposition de «sportifs» en mal de sensations fortes, des animaux étonnés de ne plus être dans leurs cages, quasiment emballés, prêts à être tués à bout portant.




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