Le wali de Batna, M. El-Hocine Mazouz, a sermonné les responsables locaux auxquels il a demandé de combattre le vide que vivent les jeunes, les citoyens et les populations.Le dernier conseil exécutif de la wilaya de Batna, consacré à la prépartion du Ramadhan et de la saison estivale, a été marqué par une intervention objective du wali, M. El-Hocine Mazouz, qui a tenu à dire ses quatre vérités aux responsables et gestionnaires à tous les niveaux en raison de certains phénomènes de fuite des responsabilités. Le wali de Batna a notamment déploré entre autres la situation actuelle de structures telles celles du secteur de la jeunesse et des sports qui, après des constats de terrain, paraissent ne servir à rien... ou presque. Ceci malgré les efforts colossaux et mesures étatiques d'investissement pour la poursuite du développement local dans tous les secteurs. Le wali a donc exprimé son ras-le-bol en appelant les différents responsables à jouer leur rôle comme il se doit pour maintenir en vie les activités, surtout dans les structures d'animation destinées à la jeunesse. « Le prétexte de la problématique sécuritaire ne doit pas conduire à l'immobilisme », a t-il tenu à préciser. En tout état de cause, le wali s'est tout de même engagé solennement à effectuer toute opération nécessaire de maintenance des structures de la jeunesse en dépit de leur manquement à honorer leur mission. Tout comme il n'a pas manqué d'inviter les citoyens et citoyennes à ne plus se concentrer sur des faits particuliers ou des situations négatives, voire à verser naïvement dans le désespoir. Les sports scolaires sont-ils à intensifier comme moyen d'animation et de mobilisation ' C'est la pensée du wali qui l'exprime non sans cette terrible remarque : « Au lycée Aicha de Batna, j'ai trouvé une salle de sports abandonnée. Il n'y avait dedans que des pigeons ». Amère déception du premier responsable de la wilaya, représentant de tous les ministères.. « J'ai peur de l'avenir de la socièté » La violence dans les établissements scolaires est aussi devenue un phénomène urbain par trop préoccupant pour les autorités de la wilaya de Batna. Aucune solution socio-pédagogique efficace ne semble se profiler à l'horizon pour mettre fin à des comportements juvéniles déstabilisants. Peut être qu'il est difficile d'expliquer ou de comprendre les motivations toutes nouvelles qui agitent la société, précisément depuis la décennie noire et ses séquelles dont les traces indélébiles seront sans doute irréversibles. Pour certains, l'énumération des hypothèses suffira-t-elle à conjurer le mal profond qui ronge la société non seulement à Batna mais à travers tout le pays ' L'absence de confiance entre le peuple et le pouvoir central, les anachronismes économiques dont le chômage qui ne touche pas seulement les jeunes, la frénésie et la généralisation de la consommation de la drogue, la corruption qui se donne en spectacle dans les appareils et organismes « officiels », etc. « La joie de vivre s'est- elle envolée du c?ur des Algériens et des Algérien- nes ' », a dû s'interroger le wali dans son intervention face aux responsables locaux. Pour tout résumer, disons que la socièté s'est recroquivillée sur elle-même, ce qui pose un sérieux problèmes de fond. Le wali a dit ouvertement qu'il avait peur de l'avenir de la société, une vérité cassant les interdits protocolaires dus à son rang et se justifiant par la crainte dans la sphère officielle d'une éventuelle exploitation dangereuse ? par des ennemis internes et/ou externes ? de ce « vide » mal vécu par les populations, les citoyens et les jeunes. Ce qui manque selon le wali, c'est bien la « bonne gouvernan- ce » dès lors que , à notre avis, des structures cons-truites par l'Etat ont été ou sont placées dans des conditions de mauvaise « gouvernance » - anarchie oblige dans les choix des incapables et des profiteurs « pistonnés » - qui ont fait de la carence en matière de gestion un « laisser-aller crimi-nel ». Contradictions du passé, froideur du présent Le choix des cadres adéquats aux postes qu'il faut aura été, depuis l'indépendance et à travers toutes les institutions du pays, un énorme gâchis devenu un facteur bloquant pour l'émancipation fructueuse et moderniste d'une nation qui a par trop souffert. En toile de fond, le pays a vu se renverser la pyramide (hiérarchisation des valeurs) de par le népotisme et le régionalisme, puis est intervenue la castration politique de l'échelle des valeurs d'où une société sans repères, donc sans espoir. Faut- il oublier aussi les retombées lointaines, en ce sens qu'il y a un certain héritage de l'anarchie datant de la Révolution de Novembre 1954 puis d'une démission volontariste de la société algérienne face aux luttes de groupes d'intérêts contradictoires, au sein du pouvoir, centrés sur l'accaparemment de celui-ci et des « privilèges liés à l'exercice des fonctions officielles » (dixit Marcel Prélot). Après la décennie noire, la crise a atteint à présent son paroxysme avec une nouvelle donne : confusion entre pouvoir politique et mafia politico-financère. Le peuple vit, lui, en spectateur passif, jaloux de préserver un retour à la paix chèrement payé. C'est pourquoi, la vie locale à Batna et les contrées de la wilaya n'est pas à la mesure des attentes du système politique en place. L'image d'un secteur bancal, malgré les énormes dépenses de l'Etat, résume peut- être à lui seul l'ampleur de la dégradation « menta- le » qui touche ? dans de nombreux secteurs ? responsables, cadres, fonctionnaires et agents, lesquels semblent ne pas s'impliquer dans l'accomplissement du travail effectif. Ainsi, le wali citera dans la foulée le cas de certains présidents d'APC, abandonnant leurs postes de travail et faisant dans la propension à trop se déplacer à Batna ? chef-lieu de la wilaya - pour déambuler dans ses rues. Le wali a cerné l'attente actuelle des autorités de la wilaya en appelant tous les responsables à tous les niveaux d'assumer leurs lourdes responsabilités avec sérieux et abnégation : « Le programme d'animation multiforme pour la redynamisation de la vie des mas-ses, est ce qui nous intéresse en tant qu'autorités ». Cela conformément aux exigen-ces de la réalité du terrain. Le bien-être du peuple n'est pas pour demain. Au nom-bre des orientations données par le wali, citons l'impéra-tive gestion des attentes des populations pour le Ramadhan et la saison estivale. D'où le récurrent et inexplicable problème de la distribution de l'eau potable, laquelle, malgré toutes les réalisations acquises, continue de faire des siennes. L'eau potable n'arrive pas chez toutes les familles de Batna et ce, dans plusieurs quartiers populeux de la ville. Et quelle explication convaincante pourrait donner à ce sujet l'Algérienne des eaux (ADE) ' Quoi qu'il en soit, le wali a demandé que les familles privées d'eau potable soient convenablement alimentées par des citernes tractées. Ce rôle de dépannage qui incombe aux organismes chargés de la gestion de l'eau potable, n'estmalheureusement pas assumé à l'échelle numérique des besoins. Car, dans la plupart des cités populeuses, ce sont les chefs de famille qui s'approvision-nent en citernes privées moyennant le prix de cinq cent (500) dinars l'unité, si ce n'est plus. « Les citernes publiques, connais pas », disent cyniquement et avec amertume des citoyens. Le wali veut que les restos de la rahma (Merci Coluche !) soient contrôlés rigoureusement par les services de la DAS et de la DSP pour qu'aucune personne ne coure le risque de tomber malade. Et si certains restos de la rahma ne servent qu'au blanchiment de l'argent sale, que faire alors ' Pour le wali, l'éclairage public pour le Ramadhan devra être amélioré partout. Il a également été demandé que les actions de solidarité au profit des indigents (jadis indigènes) desoient entamées à partir du 1er juin au plus tard. Le wali a par ailleurs dénoncé l'iirigation par certains fellahs de leurs légumes par des eaux usées, un phénomène qui a toujours cours, surtout à Fesdis, El Madher et Ghassira malgré les démarches actives de la Direction des services agricoles et mêmes certaines interventions de la Gendarmerie. Mais que faire si le manège se poursuit toujours pour quelques poignées de dinars, quitte à envoyer tous les citoyens et citoyennes au centre anti-cancer ' Le wali a mis les cartes sur la table et ses constats donnent des frissons puique la société ne sort pas encore de l'auberge. Pour certains, le wali a légué un testament d'autant que la période actuelle est propice au mouvement des walis.
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Posté Le : 09/06/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Ali Benbelgacem
Source : www.lnr-dz.com