"Il faut agir directement sur les causes des accidents" EL HACHEMI BOUTALBI, DIRECTEUR GENERAL DU CENTRE NATIONAL DE PREVENTION ET SECURITE ROUTIÈRES (CNPSR)

L'Expression: Le Cnpsr n'a été créé qu'en 1998 et est dédié exclusivement au phénomène des accidents de circulation. Comment est venue l'idée de sa création'
M.El Hachemi Boutalbi: Nous avons constaté que tous les pays développés disposent d'organismes de recherches pour déterminer les causes des accidents de la route. Des organismes qui effectuent des études scientifiques pour diagnostiquer le remède le plus adéquat afin de réduire le nombre de victimes des accidents de la route.
Ces organismes coordonnent entre les différents ministères et institutions concernés pour une meilleure concertation et pour pouvoir atteindre les objectifs escomptés. Il faut dire que parmi les missions de ces organismes, l'organisation des campagnes de sensibilisation et d'information destinées aux usagers de la route.
Tout comme ces pays, l'Algérie a créé ce centre qui dispose d'un conseil d'orientation qui compte 19 membres, entre autres, les représentants des 14 ministères, à savoir la Défense nationale, l'Intérieur, les Travaux publics, l'Education, la Santé...etc.
Pour une meilleure coordination entre les différents secteurs, nous avons établi des plans d'action annuels et pluriannuels et nous avons défini le rôle de chaque secteur pour leur exécution.
Le centre dispose d'un comité technique consultatif qui se réunit périodiquement afin de garantir l'exécution de ces programmes.
Le Cnpsr est connu surtout pour les multiples études qu'il a élaborées dans le sens de réduire les accidents de la route. Pouvez-vous nous éclairer sur les questions que vous avez déjà eu à traiter'
Le Cnpsr travaille selon un modèle scientifique. Nous avons réalisé plusieurs études et recherches scientifiques en collaboration avec d'éminents spécialistes, institutions scientifiques et universités.
Des études qui se penchent sur le comportement des usagers de la route, des études pour l'automatisation du système de collecte des données et des statistiques sur les accidents de la route qui constitue un outil d'aide à la décision. Cette étude est réalisée en collaboration avec l'université de Mostaganem dans le but d'identifier l'ensemble des causes lors de la survenue d'un accident
Je cite l'exemple du laboratoire de prévention et d'ergonomie de la faculté de Bouzaréah où des chercheurs et des spécialistes ont réalisé une étude sur un système de formation et d'entraînement de la conduite. Une étude qui a démontré les carences de l'ancien système, que ce soit côté formateurs ou examens. Nous avons transmis l'étude au ministère des Transports comme une base et un outil permettant l'amélioration et la modernisation du système de formation des conducteurs. Des mesures ont été prises dans ce sens telles que l'augmentation du nombre des heures de conduite, l'amélioration des programmes de formation...
Nous essayons de déterminer les facteurs qui incitent les chauffeurs à commettre des erreurs de conduite et des accidents. C'est pourquoi nous faisons ces études pour agir directement sur les causes des accidents de la circulation.
Quelle est la finalité de tout ce travail'
En se basant sur les différents programmes scientifiques, le centre soumet des propositions et des recommandations pour l'ensemble des secteurs concernés.
En plus des conclusions de ces études, le centre reçoit les statistiques relatives aux accidents de la route de la part des différents services de sécurité accompagnées d'enquêtes sur les causes des accidents. Le centre se charge d'analyser ces statistiques pour extraire les mesures à prendre, supprimer les facteurs et les causes des accidents pour les soumettre ensuite sous forme de recommandations pour l'ensemble des secteurs concernés. Pour diminuer le nombre d'accident causés par les transports de marchandises et de voyageurs, des mesures visant à activer une surveillance pour ce type de transport. (Doter le Code de la route d'une loi obligeant les transporteurs des voyageurs et de marchandises de se prémunir d'un chronotachygraphe (appareil servant à enregistrer la vitesse, le temps de conduite et d'arrêt d'un véhicule). Il ne reste que la mise en application du texte de loi le rendant obligatoire dans les véhicules marchands et de transports des personnes. Le chronotachygraphe s'applique à tous les véhicules marchands de plus de 3,5 tonnes et aux transports des personnes de plus de 15 places. Pour que tout cela fonctionne, il faut que les trois piliers sur lesquels repose le chronotachygraphe, à savoir l'enregistrement des données, la réglementation de la vitesse et des temps de repos ainsi que le contrôle par les forces de l'ordre, soient respectés. Ce qui doit être bien souligné, c'est que malgré que le nombre de victimes des accidents de la route a augmenté ces dernières années, il faut tenir compte surtout du volume important du parc automobile de notre pays, de l'évolution démographique et surtout de l'aisance économique qui influent directement sur l'augmentation des accidents de la route.