Algérie

"Il faudra instaurer un Etat unitaire régionalisé"



Il a plaidé pour "une nouvelle Constitution qui donnera naissance à une véritable République démocratique et sociale, telle que souhaitée par les artisans du congrès de la Soummam".L'ancien animateur du mouvement culturel berbère (MCB) et ancien détenu d'avril 1980, le docteur Mouloud Lounaouci, a animé, hier après-midi, au campus universitaire d'Aboudaou, une conférence-débat autour de l'actualité politique nationale, tout en revenant sur les principaux événements du combat identitaire et des droits de l'Homme en Algérie. Rappelant les revendications de la génération 1980, dont il faisait partie, l'invité du collectif des enseignants et ATS de l'université Abderrahmane-Mira de Béjaïa a tenu à souligner que le premier tract du MCB revendiquait essentiellement "les libertés démocratiques", "le respect des droits de l'Homme", "le respect des droits linguistiques", "l'ouverture du champ politique et médiatique"? Des revendications qui sont, selon l'orateur, toujours d'actualité, du fait qu'elles sont portées aujourd'hui par la majorité des Algériens. Le conférencier, accompagné de deux anciens militants de la cause amazighe, Arezki Kecili et Ahmed Saâdi, a eu à revenir sur les moments phare du combat démocratique durant les années de plomb, notamment les événements d'Avril 1980 et de Mai 1981, la création de la première Ligue des droits de l'Homme en 1985, les soulèvements populaires d'Oran et de Constantine en 1986, le Printemps noir? Parlant du bilan du long combat identitaire, le Dr Lounaouci affirmera qu'"il y a, certes, des avancées historiques, bien que l'officialisation de la langue amazighe dans la Constitution de 2016 ne soit qu'un leurre, voire de la poudre aux yeux !". Lors des débats, l'ancienne figure emblématique du MCB donnera sa vision du mouvement populaire né le 16 février dernier, estimant au passage que "les forces populaires sans élite n'ont jamais fait de révolution démocratique". Une façon de dire que ce mouvement de contestation citoyenne doit s'organiser et que le peuple algérien est appelé à choisir ses représentants parmi l'élite nationale. Le conférencier, qui a participé aux marches populaires organisées à Tizi Ouzou depuis le 22 février passé, se dit "étonné" d'entendre certains slogans qui sont, pour lui, en déphasage avec la réalité historique.
Il citera, à titre d'exemple, ce mot d'ordre en vogue "Djeïch chaâb, khawa, khawa", dont il ne partage pas l'idée, estimant que tous les chefs d'Etat algériens ont été nommés par l'armée. L'armée, du moins les responsables qui se sont succédé à la tête de son commandement, font bel et bien partie du système qu'il faudra "dégager". "Pour maintenir les leviers du pouvoir, le système a semé la haine dans les c?urs des Algériens. Ainsi, on a créé des ennemis fictifs tant à l'intérieur du pays qu'à l'extérieur",
a-t-il affirmé. Par ailleurs, ce chercheur universitaire spécialiste en linguistique plaidera pour "l'écriture d'une nouvelle Constitution qui donnera naissance à une véritable République démocratique et sociale, telleque souhaitée par les artisans du congrès de la Soummam". Rejetant tout régime présidentiel, à l'image de celui de Bouteflika, "où le chef de l'Etat se prend pour un Dieu Seigneur", il considère qu'"il est temps d'en finir avec le système jacobin de l'Etat algérien qui est la mauvaise photocopie du jacobinisme français".
À ce titre, le Dr Lounaouci se dit persuadé que la meilleure solution pour aller vers la décentralisation des pouvoirs, en dehors des fonctions régaliennes, est d'instaurer un Etat unitaire régionalisé. Un projet cher à son parti, le RCD, qui vise à long terme, selon lui, la fédération de la région nord-africaine autour de la reconstruction de l'ancienne Tamazgha (Berbérie).
KAMAL OUHNIA


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