Dans notre environnement saturé d'images, parler de peinture n'est pas
toujours aisé tant cet art impose silence et contemplation. La peinture ne se
commente pas, elle se vit et se découvre. C'est ce que semble nous signifier
les silences de l'artiste peintre Saïd Chender, face aux trente oeuvres qu'il expose
depuis une vingtaine de jours à la galerie du siège de Sonatrach Aval, qui est
en train de devenir l'exemple type de l'entreprise citoyenne, en mettant ses
moyens logistiques et humains au service de la création.
L'artiste parle, effectivement,
très peu. Il semble avoir tout dit par le biais d'un ensemble de «phrases
chromatiques» sur toile et papier. Dualité, maternité, rêve, rupture,
résurrection, méditation, présence, jalousie, étreinte, empreintes,
nostalgie... autant de thèmes pour cette rencontre avec l'univers visuel propre
à ce peintre, au silence bruyant, né en 1963 à Oran.
Avec sa sensibilité à fleur de
formes et de couleurs, il développe ses codes, ses allusions, ses évocations,
ses appropriations, ses transpositions qu'il livre généreusement aux
re-créateurs que nous sommes. Chacun y mettra sa culture, ses référents, ses
goûts et ses émotions. Pourquoi parlerait-il ? Cette même sensation de solitude
et de silence se dégage des scènes peintes, autant par le traitement même du
tableau et sa mise en scène que par les couleurs employées.
Cette 59ème exposition de Saïd
Chender nous invite à regarder son oeuvre à travers des fenêtres. Fenêtres
ouvertes qui se veulent tremplin vers l'imaginaire : franchir la limite du
cadre, c'est accéder «de l'autre côté» du réel, où tous les possibles s'offrent
à l'oeil vagabond. Saïd Chender divise sa toile en trois, créant ainsi une
dialectique ombre-lumière qui confirme bien l'image de la fenêtre-tableau en
tant que «rampe» dont le franchissement ouvre les voies à tous les espoirs ou à
toutes les douleurs.
Actuellement enseignant à l'Ecole
des Beaux-Arts de Mostaganem, sa ville adoptive, Saïd Chender est diplômé de
l'école des Beaux-Arts d'Oran et de l'Ecole supérieure des Beaux-Arts d'Alger.
Comme ses toiles, lui aussi est divisé entre trois, ses élèves, son chevalet et
ses enfants. Il décrochera cette fin de semaine, le public n'a plus que quatre
jours pour découvrir la joie de peindre, l'art de signifier, que du bonheur
pour l'esprit que Saïd Chender a bien voulu partager avec nous grâce à
Sonatrach Aval. Mais là, ce n'est plus une simple fenêtre. C'est le certificat
d'authenticité de l'artiste.
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Posté Le : 08/11/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Baba Fodil
Source : www.lequotidien-oran.com