Algérie - Revue de Presse

IL ÉTAIT UNE FOIS LES RAMADHANS ÉPICÉS



Ah! les senteurs d’antan!
Où sont passées ces senteurs d’antan de la chorba frik, qui titillent l’odorat juste avant la rupture du jeûne? Les senteurs du Ramadhan ne sont plus les mêmes que celles d’antan. Les ingrédients font semblant d’être tous là mais ils ont perdu de leur superbe.Ces «effluves» visuels, sensoriels et auditifs...ont disparu, ou presque, chassés par les redoutables inconnues qui meublent désespérément les pensées de tout un chacun.Un petit tour dans les quartiers populaires situés en aval de la Casbah d’Alger, nous renseigne sur cette situation plutôt «morose» qui diffère de celles qu’a connues la citadelle, en cette période, les années et décennies passées.En dehors des tenues vestimentaires traditionnelles de nos soeurs aînées et mères, balayées par la modernité et le «hidjab», qui ont envahi ces lieux, les senteurs multiples de Sidna Ramadhan ne sont plus là. Tout le monde semble jouer le jeu, mais le coeur n’y est pas.Où sont passées alors ces senteurs d’antan de la chorba frik, qui titillent l’odorat juste avant la rupture du jeûne? Où sont passés tous ces plats minutieusement agrémentés d’herbes et d’ingrédients qui donnent une autre saveur pour ce mois? Où est passé tout cet art culinaire d’autrefois?Comment allons-nous franchir ce mois sacré? Les prix des victuailles, la rentrée scolaire, la grande rentrée sociopolitique, la crainte des attentatsTout cela fait peur au simple citoyen qui, en fait, ne cherche qu’à «vivre» en luttant avec dignité contre les aléas naturels et non contre la bêtise humaine face à laquelle il se sent désarmé et nu comme un ver. Celle-ci se métamorphose en une hydre pour s’en prendre physiquement à l’être humain, en perpétrant des attentats innommables contre des populations civiles innocentes. L’autre tentacule agressive, vise aussi, sournoisement et sans pitié, son porte-monnaie qui ne cesse de se vider sans discontinuer.Pour se remplir (un terme plutôt osé), ledit «porte-monnaie» est toujours dans l’attente du mandat pour le retraité, du remboursement d’une ordonnance médicale de médicaments (très) chèrement payés, ou de l’hypothétique fiche de paie qui «oublie», hélas beaucoup de monde.Tout cela empoisonne la vie du simple citoyen. Malgré toutes ces vicissitudes de la vie, la frénésie d’achat va s’emparer de lui et de tout le monde comme à chaque rendez-vous avec le mois sacré de jeûne.Des économies d’une année, si économie il y eût, vont être gloutonnement aspirées dès les premiers jours. «Carpe diem» (vis le jour présent), pensera ce pauvre hère qui va arpenter souks et marchés pendant le Ramadhan, avec une bourse minable dans la poche d’un pantalon qui a connu des jours meilleurs, et qu’il ne cessera de triturer et en faire tinter le contenu d’une main calleuse, burinée par une vie de dur labeur. Ailleurs, sur la place, d’autres bougres s’apprêtent à passer encore une journée pénible de Ramadhan dont le jeûne proprement dit ne semble pas tant les gêner.Ils sont assis, espacés les uns des autres en ces journées encore chaudes. Ils causent souvent à haute voix pour se faire entendre par les malentendants, nombreux parmi cette frange de la société.Ces pauvres bougres, ce sont les retraités. Hormis leur situation sociale, beaucoup d’entre eux sont à l’abri de besoins essentiels comme l’acte de se nourrir. Mais cela suffit-il pour vivre pleinement son troisième âge? Bien sûr que non.A cet âge, il suffit de si peu pour survivre physiquement, mais il leur manque beaucoup pour bien finir leurs jours moralement en soupesant agréablement leurs souvenirs passés avec le présent, pendant ces longues journées de Ramadhan.C’est le déroulement du film de leur jeunesse, ou d’un passé encore frais dans leur mémoire vacillante, qu’ils ressassent inexorablement.Le vieil adage «Si jeunesse savait et si vieillesse pouvait!», prend alors toute sa signification et se taille une place à travers leurs souvenirs tout en s’incrustant en filigrane dans leurs rêves qu’ils savent chimériques et qu’ils continuent de prendre en dérision comme pour se moquer d’eux-mêmes tout en haussant parfois imperceptiblement leurs frêles épaules.Un vrai pied de nez qu’ils adressent ainsi à une vie passée qui ressemble curieusement à une vraie «farce» de la vie.


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