Algérie

Il était une fois, la paix



Il me revient cet échange, peu protocolaire, entre l'ancien Président Bouteflika et la cheffe du Parti des travailleurs. Louisa Hanoune faisait alors feu de tout bois et, ce qui n'était pas évident en ces temps de pluralisme politique, mobilisait une grande foule séduite par son discours tranché. Si Abdelaziz se serait confié à l'ancienne militante pour l'émancipation de la femme et lui aurait dit que l'Algérie subit la « hogra » des pays occidentaux. De quoi la gagner à sa cause, elle qui n'avait de cesse de pourfendre l'injustice, le régime et le déni des droits du citoyen. C'était dans les années 2000.L'ex-Président qui venait d'assister au forum de Crans-Montana, en Suisse, savait à quoi s'en tenir en matière d'aide occidentale au développement. Et de la France d'où, avouera-t-il, il est revenu « les mains vides ». C'était à son retour aux affaires en 1999. Vu son passé immédiat, il pouvait se prévaloir d'une solide expérience dans la revendication d'un nouvel ordre économique mondial formulée, à l'ONU même, par les pays du Tiers-Monde. Vingt ans après, le rêve d'échanges Nord-Sud plus justes s'est évaporé comme neige au soleil. L'Algérie vivait au rythme de bouleversements politiques qui impactaient la quiétude des citoyens.
La période successive au coup d'Etat de Juin 1965 de Boumediène et sa mort en décembre 1978 aura été la plus stable malgré les remous permanents du front social. Chadli Bendjedid qui a « régné » 13 ans est emporté dans le tourbillon islamiste. Une nouvelle décennie d'instabilité est ouverte. L'Algérie est perçue comme un pays non gouvernable, fait de violences et d'assassinats. Elle est placée, de facto, sous embargo : fermetures des ambassades, plus aucun avion n'atterrit dans les aéroports. Imaginons le topo dans le contexte de la chute brutale du prix du pétrole. Le recul puis la disparition progressive du terrorisme islamiste ouvrent une nouvelle page dans la vie des Algériens qui aspirent à la paix et à la liberté, contre la corruption, revendications portées par le Hirak originel. Cette instabilité durable marquera pour toujours les Algériens eu égard aux chocs traumatiques collectifs. Ceux-ci se greffent sur ceux post-indépendance qu'évoque le défunt écrivain Rachid Mimouni dans Une paix à vivre puis dans Une peine à vivre. Nonobstant les luttes politiques au sein des appareils de l'Etat, la décontraction observée dans la société était un signe des espoirs. Tout le monde veut y croire de toutes ses forces, d'où une propension à la dépolitisation, observée au demeurant dans les rendez-vous électoraux. Mais, apparemment, les Algériens ne sont pas au bout de leurs peines. La paix chèrement acquise se trouve, une fois de plus, menacée. Si les causes sont autres, le scénario du pire pointe son nez.
Si le conflit du Sahara Occidental, occupé par le Maroc, est le plus dangereux problème, d'autres enjeux viennent s'y greffer. Pour l'Europe, le gaz algérien est d'une importance vitale et son approvisionnement doit être absolument sécurisé, quitte à faire pression sur l'Algérie qui entend défendre sa souveraineté sur ses richesses gazières du sous-sol et off-shore à venir. Déjà des voix malveillantes se font entendre au Parlement européen, exigeant la réouverture du gazoduc GEM (Maroc-Espagne), dont le contrat avec l'Algérie est arrivé à terme le 31 octobre dernier. Et voilà, comme à l'accoutumée, l'activation des lobbies pro-Makhzen habitués à se sucrer sur le dos des Marocains. Et quand on sait le penchant à la corruption des candidats à nuire à l'Algérie, y'a pas photo !
Brahim Taouchichet


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