? De l'avis général, cette édition qui s'est déroulée au Chili s'est avérée peu spectaculaire sur tous les plans. Au départ, pour l'organisation, il n'y avait que deux candidatures, celle du Chili et celle d'Argentine. Mais la FIFA, soucieuse de la sécurité et du bon déroulement de la Coupe du monde, a écarté l'Argentine où la situation politique a été jugée peu stable. Il faut dire aussi qu'un homme a joué un rôle primordial dans cette désignation. Il s'agit du président de la fédération chilienne Carlos Dittborn, un grand dirigeant qui s'est dévoué corps et âme pour la réalisation de ce projet et qui, malheureusement, décèdera d'une crise cardiaque avant le début du tournoi. Cette édition n'a pas connu le succès populaire que ses dirigeants escomptaient. La première raison, c'est que ce n'est pas facile d'aller au Chili. Situé entre la Cordillère des Andes et l'océan Pacifique, il n'y a que deux voies d'accès. Tandis que la seconde évite la Cordillère par les Antilles, la Colombie et le Pérou. En dépit de cette grosse difficulté, cinquante-six pays se sont engagés dans les éliminatoires avant que la FIFA n'enregistre quelques forfaits. Ce que l'on retiendra de la phase éliminatoire, c'est la chute de plusieurs équipes telles la France, la Suède (pourtant brillantes quatre années auparavant), la Belgique et le Pérou. Au cours de cette édition, les responsables techniques ont conservé une large ossature de l'équipe championne du monde en Suède. Pelé, blessé dès le premier match, a cédé sa place à l'excellent Amarildo, tandis que seule la paire centrale Bellini-Orlando n'était plus là. On a constaté le renforcement des défenses partout dans le monde, seule l'appellation changeant par rapport où on se trouve, béton, catenaccio et verrou. Cette Coupe du monde s'est avérée décevante du fait que les vedettes n'ont guère répondu à l'attente pour diverses raisons. Par le détail : Pelé a été blessé dès le début du tournoi. Le grand Di Stéfano (naturalisé espagnol) était blessé bien avant. Yachine, considéré avant 1962 comme le meilleur gardien de tous les temps, fut responsable de l'élimination de son équipe. Sivori, annoncé comme un super joueur, fut décevant. Puskas, vieillissant mais volontaire, n'a rien pu faire au sein de l'équipe d'Espagne pour laquelle il avait opté. Del Sol, supposé vedette de l'équipe d'Espagne, s'est montré très discret. En revanche, d'autres participants ont brillé. On citera Masopust, Schroif (Tchécoslovaquie), Albert, Tichy (Hongrie) Ivanov (URSS), Jerkovic, Sékularac (Yougoslavie) et Sanchez (Chili). Mais le meilleur fut incontestablement Garrincha qui, en l'absence de Pelé, fut le joueur le plus efficace à qui le Brésil doit beaucoup. Avec l'appui de Vava, il a inscrit 6 buts et créé beaucoup d'occasions.La fiche
Pays participants : 16
Finale : Brésil 3 Tchécoslovaquie 1
Meilleure attaque : Brésil 14 buts
Meilleure défense : Brésil 5 buts
Buteurs : Vava et Garrincha (Brésil), Albert (Hongrie), Jerkovic (Yougoslavie), Sanchez (Chili) et Ivanov (URSS) 4 buts chacun.
Echos
Rappan
L'Autrichien Karl Rappan est considéré avec Hélénio Herrera, comme l'initiateur du béton. Malgré quelques déboires, c'est lui qui a drivé cette équipe nationale suisse qui s'est illustrée. Après ces bons résultats, il était devenu un héros. Verrou est le nom de ce système en Suisse.
Tirage
Comme en Suède, il a été procédé à un tirage au sort « dirigé » pour former les quatre groupes pour les huitièmes de finale. Les 16 participants ont été groupés de manière à ce que les pays d'une même grande région ne se retrouvent dans le même groupe. Ainsi, il y a eu les groupes suivants : grands Européens, grands Sud-Américains, les petits Européens, les petits Sud-Américains. Enfin, les « petits » tout court. Plusieurs participants ont jugé que c'est une façon plutôt arbitraire. Et ils n'avaient pas tout à fait tort.
Gazon
Pour les stades, les organisateurs avaient pris un gros risque en fixant des matches à Arica, une ville située à 2.000 km au nord de la capitale Santiago. Dans cette région désertique, il a fallu construire un stade de toutes pièces, avec des matériaux importés par avion. En outre, la terre trop salée a dû être lavée pour y faire pousser du gazon.
Douze
Aussi étonnant que cela puisse paraître, le Brésil a conquis sa seconde Coupe du monde en n'utilisant que douze joueurs pendant toute la compétition. Après la blessure de Pelé dès le premier match, c'est Amarildo qui était aux côtés des inamovibles Gilmar, les deux Santos, Zozimo, Didi, Zito, Garrincha, Mauro, Vava et Zaggalo. Les remplaçants ont bien chauffé le banc…
Chien
Lors du match Brésil - Angleterre, un chien a fait son apparition sur le terrain, provoquant l'arrêt de la rencontre. Plein de flegme, l'Anglais Jimmy Greaves l'a attrapé pour le sortir hors du terrain. Le joueur a dû regretter ce geste, car le cabot s'est débattu en urinant sur l'Anglais.
Riz
Avant leur départ vers le Chili, les joueurs brésiliens ont été reçus par le président de la République, Joao Goulart, lequel leur a tenu le discours suivant : « vous devez conserver cette Coupe du monde, qui est l'orgueil de notre pays. Elle fait oublier à nos compatriotes nos difficultés économiques et, en cela, elle est plus précieuse que le riz ».
Accolade
Fou de joie d'avoir inscrit un but au meilleur gardien de l'époque, le Russe Lev Yachine, l'attaquant chilien Rojas est tombé dans les bras du keeper. Il est vrai qu'il scellait le sort de ce match de quart de finale.
Superstition
Au Brésil, la superstition est une seconde nature. Hormis Bellimi (retraite) et Orlando (parti jouer en Argentine), c'est le même effectif. Le même chef de délégation Machado de Carvalho est reconduit. C'est le même avion, avec le même commandant qui les avait conduits en Europe quatre ans auparavant. Les joueurs étaient vêtus de la même manière. C'est le même soigneur, Américo, qui est toujours présent. Même le lieu de retraite choisi rappelle la Suède par son cadre de verdure. Le coach Féola serait aussi venu, mais il est tombé malade. Après la conquête de leur second titre, les Brésiliens étaient plus superstitieux que jamais.
Assistance
Le match Brésil - Chili a été suivi par 76.594 spectateurs. C'est logique puisque les locaux chiliens jouaient la demi-finale face aux futurs champions du monde. En revanche, la rencontre à Vina Del Mar entre la Yougoslavie et la Tchécoslovaquie n'a attiré que 5.850 personnes. Et encore, la plupart avaient les oreilles collées aux transistors pour suivre par radio le choc Brésil - Chili.
Annonces
Après la ruée vers les guichets pour la demi-finale Brésil - Chili, les billets se sont vendus au marché noir. Dans les journaux, il y a eu des petites annonces proposant des billets à des prix élevés. Quant aux patrons des cafétérias, ils ont réalisé de bonnes affaires en installant des téléviseurs, très rares au Chili à cette époque.
Magnétoscopes
A propos de télévision, il n'y avait pas de direct pour les téléspectateurs européens qui ne verront les matches que 48 heures plus tard. En effet, les matches étaient enregistrés sur magnétoscopes et les bandes étaient acheminées vers l'Europe par avions spéciaux et distribuées sur le réseau d'Eurovision aux pays qui en faisaient la demande. Et c'était considéré en ce temps-là comme un exploit.
Moyennes
A l'inverse des éditions de 1954 et 1958, la Coupe du monde au Chili a vu la moyenne des buts se rétrécir comme une peau de chagrin. En Suisse, elle était de 5,60 et en Suède 3,60. Au Chili elle est retombée à 2,78. C'est donc à cette période que le jeu défensif et compagnon de la violence a fait son apparition. Il faut dire aussi que même des équipes offensives ont cédé parfois à la tentation.
Insulte
Comme son nom ne l'indique pas, l'arbitre Yamasaki était Péruvien. A la suite d'un accrochage, le Chilien Landa et le Brésilien Garrincha ont été expulsés. Landa avait insulté l'arbitre en espagnol, croyant que Yamasaki était japonais et ne réagirait pas. Le joueur a déploré par la suite que ses dirigeants auraient dû le prévenir. Il sera suspendu, alors que Garrincha n'écopera que d'un blâme.
Retour
Avant d'atteindre la finale à la surprise générale, les Tchèques avaient, bien avant le coup d'envoi des quarts de finale, annoncé le départ à leur hôtel. C'est la preuve qu'ils ne croyaient pas en leurs moyens avec un parcours en dents de scie. C'est leur excellent gardien de but William Schroiff, le meilleur de cette édition, qui les a sauvés. Il faudrait croire qu'il n'était pas pressé de prendre l'avion du retour.
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Posté Le : 24/06/2018
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Adjal Lahouari
Source : www.lequotidien-oran.com