Algérie

Il était temps



À la veille d'une rentrée qui s'annonce chargée, gouvernement et partenaires sociaux sont forcés de se mettre autour de la table des négociations. Le chef de l'Etat a réitéré la nécessité d'un dialogue social auquel les syndicats ne cessent d'appeler.À l'occasion de la tenue du Conseil des ministres tenu dimanche dernier, le chef de l'Etat a demandé, une nouvelle fois, au gouvernement d'engager des discussions, un dialogue "avec les partenaires sociaux" des secteurs de l'éducation nationale, de la santé, de l'enseignement supérieur et de la formation professionnelle.
Les syndicats prennent acte, mais demandent du concret. Face à des fonctionnaires de plus en plus impatients, Abdelmadjid Tebboune demande au gouvernement d'engager "un dialogue" avec les partenaires sociaux.
Il réclame notamment la satisfaction des revendications socioprofessionnelles qui se font de plus en plus insistantes. Tout en rappelant que les moyens financiers de l'Etat sont limités, il insiste sur la nécessité d'adopter le dialogue comme seul moyen de régler ces conflits qui poussent les fonctionnaires à des actions plus radicales.
Pour les concernés, l'appel du chef de l'Etat est "le bienvenu". C'est le cas de Lyès Merabet, le président du Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP), qui dit "prendre acte" des propositions présidentielles. "Le fait d'aborder le sujet en Conseil des ministres est d'abord un signe que l'Etat reconnaît, enfin, qu'il existe réellement un problème" chez les fonctionnaires. "Nous relevons cet intérêt des autorités vers le dialogue, seul moyen d'avancer vers des solutions aux revendications des fonctionnaires, qui sont d'ordre socioprofessionnel", ajoute le médecin.
S'il prend acte de cette nouvelle directive présidentielle, le porte-parole du Syndicat national des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef), Boualem Amoura, s'interroge sur l'inertie des départements ministériels concernés, notamment celui de l'Education nationale.
"Pourquoi attendre une instruction présidentielle pour engager un débat '" s'interroge le syndicaliste qui rappelle que le chef de l'Etat avait déjà instruit son ancien ministre de l'Education Mohamed Ouadjaout, qui avait déjà reçu les syndicats du secteur en mai et juin. Sans résultats probants pour l'instant.
Si les voix de la lutte sont différentes, les deux syndicalistes sont d'accord sur un point : il faut prendre des décisions pour améliorer les conditions salariales des fonctionnaires. Pour Lyès Merabet, il faut "améliorer la situation sociale" des fonctionnaires du secteur de la santé.
Cela commence par l'adoption d'un nouveau statut de agents du secteur. Il semble que les syndicats de ce secteur sont "prêts" puisqu'un document commun a déjà été élaboré dès 2018. Il s'agit d'une proposition originelle portant sur la création d'une "fonction publique propre au secteur de la santé". "Il faut décentraliser cette Fonction publique, devenue sclérosée", plaide Merabet.
Mais pour Boualem Amoura, "attendre l'élaboration d'un statut des enseignants" prendra "des mois, voire des années". Une ?uvre apparemment délicate particulièrement dans le secteur de l'éducation qui compte un nombre impressionnant de syndicats. Mais le secrétaire général du Satef estime que des "décisions immédiates" peuvent être prises dans le cas de la disponibilité de la volonté politique.
Il s'agit de l'augmentation des primes spéciales pour le secteur, à l'instar de l'indemnité pédagogique et de la prime de rendement qui "peut-être portée à 60% pour améliorer le pouvoir d'achat" des fonctionnaires du secteur, préconise Amoura, qui rappelle que les réunions précédentes n'avaient rien apporté, puisque les discussions ont toujours échoué sur les incidences financières des augmentations salariales.
Pour l'instant, tout cela reste au stade des intentions. À moins d'une décision qui vient du gouvernement, les discussions vont s'éterniser. En 2011, 25 réunions regroupant les syndicats et les différents départements ministériels ont été nécessaires pour parvenir aux statuts des fonctionnaires adoptés en 2012.
Mais à chacune des réunions, "le représentant du ministère des Finances sortait une calculatrice pour compter l'incidence des augmentations sur les finances publiques : nous étions devenus de simples chiffres dans la loi de finances", se désole Boualem Amoura, qui rappelle que rien que le secteur de l'éducation emploie plus de 800 000 fonctionnaires !

Ali BOUKHLEF


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