Alger - Sofiane Djilali


À un an de la prochaine élection présidentielle, l'on enregistre les premières sorties publiques d'acteurs politiques qui daignent enfin évoquer ce sujet, considéré jusque-là comme tabou car intimement lié aux intentions, toujours insondables, du chef de l'Etat en exercice. Ahmed Benbitour et Sofiane Djilali ont dit, hier, ce qu'ils en pensaient, qualifiant le bilan des trois mandats de Bouteflika de 'désastreux" et refusant l'idée d'un quatrième mandat et même celle d'une révision de la Constitution sous son règne. Au-delà de l'opinion des uns et des autres sur cette évaluation des quatorze ans de pouvoir de Bouteflika, cette sortie a le mérite de briser le mur du silence. Il en était temps. La veille, soit vendredi, une banderole géante appelant Bouteflika à rempiler, au nom du 'peuple du Mouloudia d'Alger", a été déployée sur la pelouse du stade du 5-Juillet avant l'entame d'un match de Coupe d'Algérie. Là aussi, il était temps...
En dépit de ce procédé digne de la pure tradition soviétique que l'on exhume ainsi, alors même que les pays de la région vivent de profondes mutations politiques, après la chute des régimes dictatoriaux des Ben Ali, Kadhafi et autres Moubarak, la man'uvre a ceci d'intéressant qu'elle dévoile enfin le plan 2014 de Bouteflika. Une semaine auparavant, un de ses conseillers avait annoncé, sous le couvert de l'anonymat comme il sied aux usages du système, que le président de la République pourrait rempiler... si le peuple venait à le lui demander. Cela sonnait déjà comme une annonce de candidature. Il en était temps...
L'on répète souvent que Bouteflika veut mourir président de la République. Au crépuscule de son troisième quinquennat, cela semble se vérifier. Ni la rue qui gronde dans toutes les villes du pays, et pas seulement dans le Sud, ni l'énorme retard accusé par la construction d'une économie productive, efficace, transparente et organisée, ni cette hypothétique croissance qui ne tient qu'aux hydrocarbures, ni les nombreux scandales de corruption n'auraient eu raison de ce désir de garder le fauteuil présidentiel. Bien que non satisfait de son propre bilan, à en croire son conseiller anonyme, il caresserait, selon toute vraisemblance, le rêve de boucler vingt ans de règne au moment où, partout dans le monde, l'alternance, au-delà même des bilans, s'impose comme un principe cardinal dans l'exercice du pouvoir.
En cette fin mars 2013, le moment est donc venu d'en débattre. Il en était temps.



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