Agé de 92 ans, Yachar Kemal était hospitalisé depuis la mi-janvier pour insuffisance respiratoire compliquée d'infections répétées. Il avait été un grand défenseur de la cause kurde. Parmi d'innombrables autres distinctions, il avait reçu la médaille de Grand Officier de la Légion d'honneur des mains de François Mitterrand, puis de Commandeur de la Légion d'honneur à Istanbul en 2011.Yachar Kemal est né en 1923, l'année de la fondation de la République par Mustafa Kemal - d'où le choix de son patronyme - dans une famille kurde, dont la modeste et dure condition a façonné sa vision du monde. Son père a été assassiné sous ses yeux alors qu'il n'avait que 5 ans. Yachar commencera à travailler dans les champs dès l'âge de 10 ans. Mais son premier recueil de contes sera publié avant qu'il ne fête ses 20 ans. C'est à cet âge, 20 ans, qu'il s'engage aussi en politique, ce qui lui vaudra de nombreux procès, l'exil et même plusieurs emprisonnements après le coup d'Etat militaire de 1971. Dès qu'il quitte les plaines cotonnières de la Çukurova racontées dans ses premiers romans, c'est pour rejoindre Istanbul et devenir journaliste et syndicaliste, outre la poursuite d'une carrière littéraire aussi prolifique que reconnue. Yachar Kemal a signé près d'une quarantaine de romans, traduits en autant de langues, dont plusieurs ont été portés au grand écran et même, pour certains, adaptés en opéras. Il sublimait les difficultés de la vie dans la littérature sans que les pressions politiques n'entament sa détermination à écrire. Son premier roman, Mèmed le mince, est un succès dès 1955. Traduit en plus de 45 langues, il s'impose internationalement. A l'origine d'un style littéraire mêlant légende anatolienne et folklore local, Yachar Kemal laisse derrière lui un univers truffé de symboles. Derrière l'enfant meurtri et l'adulte humaniste, s'était caché un grand optimiste, un homme qui croyait qu'une belle plume pouvait changer le monde en écrivant les refrains de l'espoir. Bien qu'il fut le premier écrivain turc à y postuler, il ne reçut jamais le prix Nobel de la paix, ce qui désole ses nombreux admirateurs. Car l'?uvre comme la vie de ce militant humaniste et pacifiste ont toujours porté haut des valeurs universelles nichées dans le quotidien des petites gens, à l'instar d'un Jean Giono ou d'un Gabriel Garcia Marquez.
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Posté Le : 02/03/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : RFI
Source : www.lnr-dz.com