Algérie

Il estime que 'la corruption habite le système" Me Bourayou : 'Ce sera un procès muet"


Un deuxième épisode de l'affaire Khalifa s'ouvre demain au tribunal de Blida. Plus de cinq années après le procès en première instance, les Algériens attendent avec impatience cet autre test pour la justice de leur pays. Si le citoyen lambda espère voir un jour la justice juger 'les puissants", les initiés et les hommes de droit voient cet 'examen" d'un autre 'il. Pour eux, il intervient dans un contexte marqué par la révélation de plusieurs autres affaires de corruption.
Pour Me Khaled Bourayou, 'la corruption habite le système". Faisant référence aux scandales de corruption révélés depuis quelque temps par la presse, autant nationale qu'internationale, il ajoute qu'elle est devenue 'un sport de performance". Ces affaires, souligne l'avocat, ternissent l'image du pays et 'marquent un mode de gouvernance qui s'est délesté totalement des institutions de contrôle et la marginalisation d'autres organismes comme la Cour des comptes".
Me Bourayou précise, par ailleurs, que paradoxalement, les révélations faites par la presse concernant ces scandales interviennent au moment où les pouvoirs publics ont mis en place des commissions de réforme de la justice et des institutions.
À propos de l'affaire Khalifa qui sera rejugée à partir de demain à Blida, Me Bourayou souligne que le procès ne doit pas être 'influencé par les grands dossiers de corruption qui secouent les scènes politique et sociale nationales". Pour lui, le procès n'aura pas les mêmes retentissements que celui de janvier 2007.
Et pour cause, 'le dossier est ligoté par l'arrêt de renvoi". Mais il souligne, en revanche, que 'le procès doit aussi être examiné dans une totale objectivité et loin de toute instrumentalisation". Me Bourayou a évoqué l'agence d'El Khalifa Bank de Koléa qui a été, en partie, occultée lors du procès de 2007 pour 'cacher" des dossiers impliquant certains hauts responsables.
Sur cet aspect, il révèle que le dossier qu'il a eu à traiter comporte des injustices sur lesquelles il promet de ne pas se taire. 'Beaucoup d'aspects de cette affaire (agence de Koléa, ndlr) n'ont pas été abordés. Un rapport a disparu", a-t-il révélé, ajoutant qu'il revendique une information judiciaire qui devrait avoir lieu d'une manière objective, approfondie et libre de toute pression. Il a dénoncé, d'autre part, le fait que dans ce même dossier, des accusés ont pu bénéficier d'une liberté provisoire alors que d'autres en ont été privés. Sur un autre volet, il considère que le procès Khalifa sera 'muet" du fait de l'absence du premier concerné, à savoir Rafik Abdelmoumen Khelifa, ce témoin 'gênant" pour certains. Me Bourayou abonde dans le même sens, estimant que Rafik Khelifa 'doit répondre de ses actes" car, dit-il encore, 'il a des secrets énormes, il sait qui il l'a reçu, à qui il l'a donné, quels projets a-t-il financés...".
À propos des deux affaires Sonatrach, il a révélé que la première 's'est arrêtée à un certain niveau de responsabilité où on a poursuivi que des lampistes". Me Bourayou estime que sans les alertes de la presse italienne et algérienne 'l'affaire aurait été étouffée". 'Les scandales de corruption ne sont pas en soi des phénomènes insurmontables", assure l'avocat. Ce qui fait peur, selon lui, 'c'est leur prise en charge judiciaire" qui est, estime-t-il, 'la problématique centrale de la justice algérienne".
M M
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)