Algérie

«Il est primordial de promouvoir la bonne gouvernance»



«Il est primordial de promouvoir la bonne gouvernance»
- L'année 2015 s'annonce difficile sur le plan économique. Comment atténuer les effets de la crise et quelles sont les priorités à prendre en charge 'Il est certain que cette année qui commence sera difficile sur le plan économique. D'abord, le budget pour cette année sera en déficit. Cette année sera celle qui verra l'intervention du Fonds de régulation des recettes de façon significative. Ce mécanisme salutaire, institué depuis déjà une dizaine d'années pour ces temps de crise, va contribuer à atténuer les effets de la baisse des recettes budgétaires due à celle de la fiscalité pétrolière.Il est déjà acquis que les dépenses pour le soutien des prix ne seront pas touchées. Ce budget contribuera d'une part à poursuivre les efforts en matière d'investissements sociaux pour satisfaire les besoins des populations liés à la contrainte démographique, et d'autre part à poursuivre la réalisation des infrastructures économiques de base prévues dans les plans précédents. On assistera certainement à une contraction des importations compte tenu de la contrainte financière, car on ne peut acheter qu'avec l'argent qu'on dispose et ceci quels que soient nos traités internationaux.Mais il sera exclu de se surendetter pour financer des importations. Il faudra saluer ici les sages décisions prises il y a plus d'une décennie en matière de désendettement. Ceci nous évitera la situation de cessation de paiement qu'on a connue en 1986. Ces mécanismes cités ici sont une première réponse à la question posée sur les mesures à prendre pour atténuer les effets de la crise.Quant aux priorités à prendre en charge, il s'agira surtout de poursuivre les investissements stratégiques en vue de construire une économie forte et intégrée et peu vulnérable aux aléas de la conjoncture extérieure. Pour cela, il s'agira de faire preuve de beaucoup de discernement dans le choix des projets et de rigueur dans leur maturation et leur financement.- A l'issue du dernier Conseil des ministres, le chef de l'Etat a assuré que la dynamique de développement ne sera pas arrêtée par la crise. Serait-ce possible 'Il faut saluer la poursuite de la dynamique de développement du pays par les hautes autorités du pays. Quant aux problèmes inhérents au système de gouvernance, il s'agira de les analyser de façon objective afin de leur apporter des solutions sérieuses. Notre pays ne pourra pas évoluer et se hisser au niveau des grandes nations de ce monde s'il est handicapé par ces problèmes. Il est primordial de promouvoir la bonne gouvernance.La mauvaise gouvernance se caractérise essentiellement par les intérêts et privilèges personnels au détriment de l'intérêt général, la corruption, les mauvais choix stratégiques de développement, l'insécurité alimentaire, sanitaire et énergétique, etc. L'instauration d'un Etat de droit et d'un système judiciaire fort et indépendant est un préalable à une bonne gouvernance. Le premier problème relevé est celui de la corruption. C'est un mal insidieux et malin qui requiert une lutte soutenue et permanente. Il faudrait d'abord éliminer toutes les situations objectives favorisant ce fléau.Par exemple, au niveau des textes, un texte législatif voté doit être obligatoirement visé par le Conseil constitutionnel afin qu'il soit conforme à la Constitution. De même, un texte réglementaire, quel que soit son niveau de hiérarchie, doit être visé par le Conseil d'Etat afin qu'il soit conforme à la loi. Dans le cas contraire, les articles non conformes doivent être annulés purement et simplement. Ces textes officiels doivent être exécutoires selon des procédures claires et transparentes et ne pas être tributaires d'autres décisions administratives. Les prises de décision et d'octroi doivent obéir aux principes de collégialité et de contrôle préalables.Les audits doivent être systématiques. Enfin, les infractions doivent être sanctionnées conformément à la loi. L'autre aspect important de la gouvernance concerne la lutte contre les discriminations que peut ressentir le citoyen dans les différentes étapes de sa vie ou au quotidien. Il faut souligner ici que la paix sociale est plus le résultat de l'existence d'une situation de justice et d'équité qu'à celui du soutien des prix. L'Algérien aspire surtout à plus de justice.Ceci le rend plus enclin à supporter les difficultés économiques qu'avec l'absence de justice et d'équité. L'équité sociale repose sur les principes fondamentaux des droits de l'homme et des libertés individuelles. Comment réaliser cela chez nous ' On pourrait s'inspirer de ce qui se fait dans d'autres pays. Par exemple, il serait intéressant d'instituer des instances qui traitent et règlent les problèmes individuels que rencontrent les citoyens. Par exemple, en France, concernant la sphère du monde du travail, il existe des conseils de prud'hommes compétents pour connaître les litiges individuels nés à l'occasion d'un contrat de travail de droit privé.Dans le cadre de leurs missions, les conseillers prud'homaux sont chargés de la conciliation des parties et, à défaut, du jugement des affaires. Sur autre plan, pour combattre les discriminations, toujours en France, la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité (HALDE) est une autorité indépendante qui «aide toute personne à identifier les pratiques discriminatoires et à les combattre». La HALDE contribue à lutter contre toutes les formes de discriminations liées à l'origine, le sexe, le handicap, l'apparence physique, l'état de santé..., et ce, dans tous les domaines.En Algérie, un Conseil des litiges individuels dans le travail et un Conseil de l'équité sociale pourraient éviter beaucoup de conflits liés aux abus et aux discriminations. Enfin, la bonne gouvernance intervient aussi dans les questions liées à la gestion des ressources humaines. Par exemple, des procédures claires et transparentes doivent régir l'organisation de l'accession aux institutions de formation supérieures et professionnelles.De même, il est nécessaire également d'établir des mécanismes clairs et transparents pour le recrutement aux postes publics et particulièrement pour les postes de responsabilité. Ceci est aussi valable pour les institutions et entreprises publiques et mixtes.Sur un autre plan, il serait très utile de mettre en ?uvre au sein des ministères concernés et des collectivités locales des activités chargées de l'écoute des besoins et problèmes des citoyens et également ceux des entreprises. Cette activité se ferait bien évidemment en utilisant les moyens techniques modernes pour cela à travers les enquêtes par sondages, les entretiens directs, les réunions, etc.Au niveau des collectivités locales, ce dispositif pourrait s'insérer dans le cadre de la démocratie participative. Cette démarche est une impérieuse nécessité pour connaître la réalité de la société et particulièrement celle des différents agents économiques. Cela permettra de comprendre leurs besoins et donc d'anticiper et d'innover. Il est donc indispensable d'organiser l'écoute et d'en faire un processus fondamental à intégrer dans la dynamique d'amélioration continue de la qualité des services et de la bonne gouvernance.- Qu'en est-il justement des réformes à opérer sur le plan économique pour aller vers la diversification 'L'année 2015 devrait être l'occasion pour définir les voies et moyens relatifs au renforcement du rôle de l'Etat en tant qu'agent régulateur, facilitateur, arbitre et soutien de l'économie. L'objectif prioritaire à rechercher est la réalisation de l'intégration économique intersectorielle pour parvenir à un développement autoentretenu et réduire le recours systématique à l'importation. Cette intégration économique intersectorielle s'effectuera au niveau interindustriel, entre l'industrie et l'agriculture, entre le BTP et l'industrie, entre secteur privé et secteur public, etc.En substitution au secteur privé trop prudent, l'intervention et la réhabilitation du secteur public industriel dans les secteurs difficiles et/ou risqués mais stratégiques nécessitant de lourds investissements sont à poursuivre et à encourager. La création de ces nouvelles entreprises publiques ou semi-publiques pourrait se faire par le biais du marché financier.En matière d'organisation et de réalisation de l'intégration intersectorielle, il est nécessaire d'encourager la création de réseaux d'entreprises, ceci plus particulièrement pour les PME/PMI. Ces réseaux professionnels sont un ensemble d'entreprises indépendantes qui entretiennent des relations formelles sous forme de contrats entre elles.Ils ont pour vocation de permettre à leurs adhérents de réaliser des objectifs dans l'intérêt commun de tous, qu'il serait difficile, voire impossible de réaliser par des actions individuelles et séparées. Les objectifs poursuivis peuvent être par exemple le partage d'expériences, le développement de la sous-traitance, la formation professionnelle, le développement local ou à échelle internationale, la réduction des charges et la mutualisation des coûts, etc.Au niveau sectoriel, on devrait absolument réduire l'exportation des matières premières, caractéristique des économies sous-développées, mais adopter plutôt une stratégie de valorisation des matières dérivées en vue de leur exportation éventuelle. Favoriser, par exemple, plutôt la vente de l'acier que du minerai de fer. En ce qui concerne les hydrocarbures, il est anormal que le secteur persiste à vendre uniquement du pétrole brut dont les cours sont sujets à des aléas dommageables pour notre économie, alors qu'on gagnerait à exporter plutôt des produits pétrochimiques, des carburants et autres dérivés du pétrole.Cette valorisation des produits dérivés du pétrole créera une valeur ajoutée importante qui valorisera les recettes d'exportation. Un point important mériterait d'être pris en considération, c'est celui du développement des industries de production des pièces de rechange. Ceci est important pour la maintenance du stock de capital existant en matière d'équipement, de machines outils, de matériel roulant, de véhicules de transport, etc. Pour ce qui est des autres secteurs économiques, il est nécessaire d'écouter les professionnels et les hommes de métier pour ce qu'il y a à faire et à entreprendre. Les exemples ne manquent pas.Par exemple, en matière agricole et agroalimentaire, il faut tenir compte des avis et propositions en matière de mécanisation de l'agriculture, des irrigations d'appoint des céréales, du séchage du lait en période de surlactation, de la promotion de la culture de l'olivier et de la production de l'huile d'olive, etc. Pour le BTP, l'introduction de l'industrialisation de la construction, du choix des matériaux selon les régions, l'organisation des chantiers doivent être pris en compte de façon sérieuse.Beaucoup d'autres exemples qu'on ne peut pas tous citer ici existent en matière de services, des TIC, des industries de la chimie, de la mécanique, des produits électriques, etc. Pour réaliser cela, au moins deux démarches sont à entreprendre, l'une concerne le financement de l'économie, et l'autre la mise en ?uvre d'une stratégie et d'un plan de développement des ressources humaines.Pour ce qui est des ressources humaines, l'existence d'entrepreneurs nombreux et efficaces et d'un encadrement adéquat et performant dans un pays est la meilleure garantie de la croissance et de la création d'emplois. C'est le facteur humain qui garantit les innovations et l'intégration de la recherche scientifique au sein des secteurs économiques, sociaux et culturels. Ceci est fondamental. Pour ce qui est du financement, il ne peut se faire sérieusement qu'avec un développement d'un marché financier fort, dynamique et durable.L'offre de capitaux provient des ménages, des investisseurs institutionnels. Le marché financier joue le rôle d'intermédiaire entre les différents acteurs, il facilite des rencontres via la Bourse de valeurs. C'est un système financier qui permet la collecte, la transformation et l'allocation des ressources financières. Chez nous, la bourse des valeurs est restée depuis plus de deux décennies à l'état léthargique et sans aucune vie.Cette institution doit impérativement se développer et devenir une source primordiale de l'investissement pour le secteur économique à côté des prêts bancaires et des subventions de l'Etat. Dans ce contexte et en plus de ceci, la structuration en réseau des entités financières à l'échelle locale peut constituer une autre voie complémentaire d'accès au financement au niveau local.




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