Algérie

Il est né pour vivre avec la musique : Cheikh Aissou Mohamed, une icône du chaâbi au grand coeur



Mieux encore, le véritable bateau amiral de l'art local, dont le particularisme est savamment protégé par les orchestres et les écoles de musique qui y foisonnent mais aussi par les innombrables familles mélomanes de la ville, jalouses de ce legs, qui fut, des à¨res durant, l'air et l'âme de l'inoubliable Grenade. Cherchell est aussi un fief naturel du chaâbi, compte tenu que cette couleur musicale, qu'on dit engendrée par l'andalous, a pénétré ses foyers et égayé mélodieusement les fêtes célébrées dans la ville. Ainsi et tel un diptyque, ces deux genres cohabitent encore côte à  côte et en symbiose sous l'œil bien veillant des muses de cette contrée, réputée à  juste titre pour àªtre un nid incontesté des arts. Cheikh Aissou Mohammed est l'un des témoins, plutôt l'un des acteurs bercés depuis son jeune âge dans le giron du chaâbi à  Cherchell. Reconnu par ses pairs et adoubé, si l'on peut dire, à  la base par la population locale, il est passé maître de ce genre populaire. Auteur, interprète et compositeur, son histoire avec le chaâbi a pris racine il y a maintenant 46 ans. Cette relation à  la fois passionnelle et fusionnelle, dont les premiers jalons remontent à  1965, a donné vie à  un répertoire inépuisable, dont certaines œuvres appartiennent au patrimoine immatériel, à  l'instar du Qsid Mayam «la mère» devenu désormais un classique. «Cela fait presque un demi-siècle que je me consacre au chaâbi. Il faut dire que dès mon jeune âge, j'étais et je suis encore fasciné par ce monde particulièrement envoûtant. Le chaâbi, c'est ma vie. J'ai grandi avec et j'ai eu la chance de travailler durant ma modeste carrière avec de grands maîtres généreux. Généreux dans leur enseignement. Car leur objectif primordial est de perpétuer cet art porté à  bras le corps de génération en génération», nous confie le Cheikh Aissou Mouhamed, âgé maintenant de 62 ans. Ces débuts dans ce monde, comme il aime bien le dire, ont été éclairés par Cheikh Meghraoui Mustapha, qui n'est autre que le fils de l'illustre maître El Maghraoui. «Je me souviens durant les années 1970, 1980, 1990 et même au cours des premières années de ce nouveau siècle, les chanteurs de chaâbi vivaient, en quelque sorte, sur scène. Me concernant, je me produisais jusqu'à quatre fois par semaine. On célébrait les mariages, les fêtes de circoncision et on prenait part à  tous les évènements heureux. On vivait en symbiose parfaite avec notre cher public», se rappelle-t-il. Cependant, ces dernières années, avec l'introduction du DJ dans les fêtes et l'émancipation d'autres genres musicaux, signes des temps qui courent, le chaâbi, même s'il garde toujours intacte son aura auprès du public, il semble se départir peu à  peu de son milieu naturel, en l'occurrence la scène. «A vrai dire, on n'est pas trop sollicité pour l'animation des fêtes comme c'était le cas jadis. Cela dit, ceci ne veut aucunement dire que le chaâbi est en déclin, car sa place dans les cœurs des mélomanes est toujours grande», souligne-t-il. Et d'ajouter : «Tant que la relève existe, le chaâbi a de beaux siècles devant lui. C'est notre patrimoine».


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