"Il est impossible d'avoir de la viande à 800 DA"

Les différents intervenants dans la filière viandes rouges soutiennent mordicus qu'il est impossible de garantir le prix d'un kilogramme de viande rouge à 800 DA durant le Ramadhan prochain. Ils ont fait comprendre cette réalité au ministre du Commerce, Kamel Rezig, lors de la réunion qui a regroupé ce dernier, hier, avec tous les acteurs de cette filière."Il est impossible que le prix de la viande rouge baisse jusqu'à 800 DA", avoue Miloud Bouadis, président du Conseil de la filière viandes rouges, qui a pris part à cette rencontre. Cet opérateur affirme clairement que le prix de l'ovin et du bovin ne pourra jamais baisser respectivement en dessous des 1 200 DA et des 1 050 DA.
C'est le prix de revient du produit en deçà duquel ils subiront de grosses pertes. Voilà une autre réalité de terrain dont doit se rendre compte le ministre, et qui vient remettre en cause ses promesses et ses engagements, apportant une contradiction à ses déclarations.
Mais au cours de cette réunion, M. Rezig a confié à ses invités qu'il n'a jamais été question de fixer un prix pour les viandes et que les tarifs obéissent au mécanisme de l'offre et de la demande sur le marché. En tout cas, le ministre a proposé aux producteurs de signer un accord en vertu duquel, ils s'engageront à approvisionner le marché en viande rouge à un prix maximum de 800 DA le kilogramme, pendant le Ramadhan.
En contrepartie, les éleveurs bénéficieront à l'avenir de la protection de l'Etat, telle l'interdiction de l'importation de la viande rouge, dont celle congelée. Même s'ils adhèrent à son appel concernant l'approvisionnement du marché, les éleveurs restent, toutefois, réservés, voire sceptiques, sur le prix de vente proposé. Ils affirment être capables d'assurer l'approvisionnement du marché en viande rouge à 100%.
La production, relèvent-ils, jusqu'au mois en cours, permettait de couvrir les besoins nationaux durant le mois sacré, y compris pendant la fête de l'Aïd. Ils pourront ainsi faire face à la demande sans recourir à l'importation. "Mais pour le prix, il est discutable en fonction du soutien que nous accordera l'Etat", nuancent-ils.
La viande rouge est vendue par les éleveurs à un prix évalué entre 900 DA et
1 000 DA. Et la surproduction enregistrée ces derniers mois a engendré une baisse des prix. Ce qui signifie que la hausse des prix ne se situe pas à leur niveau, mais est provoquée par la spéculation.
La solution à cette épineuse problématique réside, suggèrent-ils, dans la réorganisation du circuit commercial, depuis l'abattoir jusqu'au détaillant. Une chose est certaine, si les dispositions de la convention signée ne sont pas appliquées, le gouvernement optera pour l'importation des viandes des pays du Sahel, au lieu d'introduire sur le marché national de la viande congelée.

B. K.