Algérie

"Il est impératif que soient opérées des révisions déchirantes"



Plus d'une année après le début de ses ennuis judiciaires, Karim Tabbou revient dans l'arène politique. Malgré une condamnation à une année de prison avec sursis par le tribunal de Koléa, le militant politique a décidé de "se battre".Pour marquer ce retour en politique, Karim Tabbou, le porte-parole de l'Union démocratique et sociale (UDS), a animé, hier, une conférence de presse à Alger en présence de ses avocats. Une occasion pour lui de revenir sur l'actualité politique et sur ses ennuis judiciaires.
Une occasion pour l'homme politique, empêché un moment d'exercer de la politique sans décision de justice, de réclamer une nouvelle fois l'engagement d'un "mécanisme constituant" visant à satisfaire "les revendications du Hirak".
"Le changement est une revendication populaire et une exigence historique, l'élection d'une assemblée nationale constituante souveraine pourrait être l'acte fondateur, voire l'un des jalons de la construction d'une Algérie libre, prospère, sociale et démocratique", indique, ainsi, le militant politique qui rappelle que "pour réaliser ces objectifs, il est impératif que soient opérées des révisions déchirantes et sans complaisance dans le mode de gestion des affaires de l'Etat".
Pour lui, "trois impératifs politiques constituent le consensus national sans lequel, aucune autre solution ne peut être fiable".
Il s'agit dans le détail d'engager le pays dans un processus politique rassembleur et inclusif devant aboutir à la mise en place d'un Etat de droit, de rendre toutes les mesures pour consacrer l'indépendance de la justice et de "mettre en place un mécanisme électoral transparent et démocratique qui garantira la consécration entière de la souveraineté populaire".
Interrogé sur la situation actuelle et la volonté du pouvoir d'aller vers des élections législatives et locales anticipées, Karim Tabbou a indiqué que "le pays est malheureusement en panne".
"C'est malheureux qu'après un tel mouvement du Hirak, après cette dynamique révolutionnaire, on arrive à cette situation de blocage", a-t-il regretté, tout en précisant qu'il "n'aime pas s'attaquer aux personnes, parce qu'il ne s'agit pas d'une affaire de personnes, mais du système politique".
Interrogé sur les destinataires de son appel, Karim Tabbou a indiqué qu'il ne "s'adresse" pas au pouvoir, mais "aux forces politiques qui veulent le changement et au peuple algérien". "Nous pouvons avoir des divergences. Nous pouvons faire des concessions entre nous, mais nous ne devons accorder aucune concession au pouvoir", a-t-il martelé.
Le retour en politique de Karim Tabbou vise également à lui permettre de se battre sur le plan judiciaire. L'homme qui a passé neuf mois en prison a annoncé qu'il va "utiliser tous les moyens légaux possibles" pour se "rendre justice". Le premier responsable de l'UDS est longuement revenu sur les dépassements qu'il a subis et que les avocats ont détaillés.
Cela a commencé par son interpellation jugée par les avocats comme "un kidnapping" puisque le procureur n'en a pas été informé, en passant par "la torture subie" lors de sa garde à vue pour arriver à la comparution musclée, le 24 mars dernier, devant la cour d'Alger.
À une question concernant l'intention de déposer plainte contre ces dépassements, Karim Tabbou a répondu : "Oui, je vais épuise r tous les moyens légaux et m'adresser, pourquoi pas, à l'opinion publique pour recouvrer mes droits", a-t-il indiqué avec détermination. Pour cela, il citera l'exemple du procès en appel de la cour d'Alger "qui a défié la loi et la justice".
Dans une longue plaidoirie, plusieurs avocats de Karim Tabbou ont relaté les dépassements dont il a fait l'objet lors de ses deux procès. Tabbou a conclu que plusieurs exemples "montrent que le procès est politique". Il a précisé : "C'est le juge qui m'a condamné à une année de prison qui a signé, quelques semaines après, la décision de me libérer provisoirement !"

Ali BOUKHLEF


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