Algérie

«Il doit y avoir une réflexion sur les maîtres d'ouvrage» Baghdali Laïd, professeur à l'USTHB


«Il doit y avoir une réflexion sur les maîtres d'ouvrage» Baghdali Laïd, professeur à l'USTHB
Enseignant à l'USTHB, ingénieur d'étude et de contrôle, Baghdali Laïd pose le problème de l'absence de qualification chez les maîtres d'ouvrage. C'est ce qui est à l'origine, selon lui, des difficultés dans lesquelles se débat le secteur de l'habitat.
-Comment évaluez-vous la situation du secteur de l'habitat à l'heure actuelle '
Le secteur est très malade et cette maladie est le résultat de plusieurs facteurs, à commencer par le niveau général des acteurs du secteur, notamment dans la maîtrise de l'ouvrage. Je m'explique : Dans une construction, il y a trois types de personnes qui interviennent. En premier lieu, il y a les maîtres d'ouvrage, c'est-à-dire ceux qui éprouvent le besoin de construire, qui financent les projets qui assurent le suivi sur le terrain jusqu'à la fin. Un maître d'ouvrage peut être un ministère, un wali, une commune ou un individu. Le travail du maître d'ouvrage est extrêmement important dans ce cas. Donc il doit y avoir une réflexion à ce stade-là. Le problème a été déjà soulevé. Des difficultés sont relevées lors des discussions avec des maîtres d'ouvrage.
-Donc, pour vous, c'est un problème de management des projets '
Oui, bien sûr, il y a une formation du maître d'ouvrage à assurer. Un maître d'ouvrage ce n'est pas une personne qui a fait l'université. Mais c'est quelqu'un qui a des qualifications, qui est épaulé par une cellule de suivi, des spécialistes. Ce n'est pas seulement le wali. Le wali peut avoir toutes les compétences, mais il a besoin de gens qui sont formés pour être maître d'ouvrage suivre la réalisation des ouvrages, c'est tout un problème. C'est une question de qualification. Par exemple, quand on voit la construction de par le monde, on étudie, on réfléchit pendant une année, deux années voire trois. En somme on mature très bien l'opération avant de la réaliser en quelques mois. Ce qui signifie qu'il doit y avoir une réflexion sur les maîtres d'ouvrage.
-Quels sont les principaux problèmes rencontrés justement dans ce cadre '
Ça commence par la daïra, par la commune. Il y a beaucoup de structures qui sont maîtres d'ouvrage directement ou maîtres d'ouvrage délégués. Le grand dossier pour moi, c'est au niveau des ingénieurs. Nous sommes des ingénieurs, nous connaissons ce problème. Au niveau de la maîtrise d''uvre, c'est là qu'on dirige et on pilote une opération. Cette maîtrise est pluridisciplinaire. Le premier personnage, c'est bien entendu l'architecte. C'est lui qui a la vision du projet, ensuite, avec lui il y a plein de spécialistes (génie civil, topographes, électriciens, etc.).
Que se passe-t-il actuellement ' L'architecte, qui peut être par exemple un jeune de 24 ou 25 ans, sera chargé de la maîtrise d''uvre, alors qu'il a une formation de base d'architecte. Il y a des formations supplémentaires qu'il faut suivre pour maîtriser absolument tout le reste. Un architecte peut sous-traiter un travail technique à plein d'ingénieurs. Ce n'est pas normal, car il y a chevauchement entre l'architecte et l'ingénieur, alors qu'il y a une distinction entre les deux.
-Qu'y a-t-il lieu de faire '
D'abord, il faut élaborer une loi. Une loi de dix ou vingt pages ne peut pas encadrer la maîtrise d''uvre. Rien qu'en France, la loi est rédigée en une centaine de pages alors qu'au Canada c'est toute une encyclopédie. L'entrepreneur doit aussi avoir des qualifications, alors qu'actuellement n'importe qui peut devenir entrepreneur. On doit trouver de la qualification dans l'entreprise à tous les niveaux, (architectes, ingénieurs, techniciens supérieurs et des gens qualifiés pour la main-d''uvre). C'est toute une chaîne à assurer. Je dirais que la crise à laquelle on fait face est liée au manque de savoir-faire. C'est là qu'il faut agir. On ne peut pas incriminer uniquement l'entreprise. Ce n'est pas normal, il y a quarante ans, on construisait mieux. On a régressé au fil des ans. Il faut retourner à l'homme et à la qualité de la construction.
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