Algérie

IL DECÈDE À L'ÂGE DE 86 ANS Abdelhamid Mehri : une vie politique pleine


IL DECÈDE À L'ÂGE DE 86 ANS Abdelhamid Mehri : une vie politique pleine
Abdelhamid Mehri n'est plus. Hier lundi, il est décédé à l'hôpital militaire de Aïn Naâdja à Alger où il était admis depuis plusieurs jours à la suite d'une lourde maladie. Les médecins étaient même obligés de mettre leur illustre patient en coma artificiel pour atténuer de ses souffrances.
Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - Né en avril 1926 à El Harrouch dans le Constantinois (actuellement daïra dans la wilaya de Skikda), Abdelhamid Mehri était un homme politique de premier plan, dont le parcours personnel se confond avec l'histoire de l'Algérie. Depuis l'ère du mouvement national à nos jours. Militant du Parti du peuple algérien (PPA) de Messali, puis du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD), puis du FLN, l'homme aura été de toutes les séquences de l'histoire moderne de l'Algérie. Son tempérament d'homme de compromis et de dialogue l'avait porté naturellement, lors de la crise qui avait frappé le mouvement national à la fin des années quarante et au début des années cinquante du siècle dernier, dans le camp des «centralistes». Il avait toutefois failli se retrouver à la tête du groupe qui avait déclenché la révolution, mission pour laquelle l'avaient sollicité les «22» historiques. N'empêche, il sera arrêté dès novembre 1954 par les autorités coloniales pour n'être libéré qu'en avril 1955, date à laquelle il rejoindra Le Caire et la révolution. Il ne tardera pas, à partir de ce moment-là, à gravir les échelons de la direction de l'Algérie combattante. Membre de la délégation extérieure du FLN puis du Conseil national de la Révolution algérienne, CNRA, puis encore du Comité de coordination et d'exécution, le CCE. Ce qui le prédestinera à figurer dans le premier Gouvernement provisoire de la République algérienne ( GPRA) ainsi que dans le deuxième avec respectivement les postes de ministre des Affaires nord-africaines puis celui de ministre des Affaires sociales et culturelles. A l'indépendance, il occupera des postes d'ambassadeur notamment dans plusieurs capitales. Sa carrière politique ne sera toutefois véritablement relancée qu'avec l'avènement du régime Chadli Bendjedid en 1979 dont il sera l'un des piliers. Ambassadeur d'Algérie à Paris de 1984 à 1988, Mehri, l'un des plus proches de l'ancien président dont il est par ailleurs le gendre, sera rappelé à Alger au lendemain des événements d'Octobre 1988 pour une mission de premier plan : remplacer le président de la République à la tête du Front de libération nationale et le préparer au multipartisme qui allait être instauré par la révision constitutionnelle de 1989. Avec Mouloud Hamrouche et Abdelaziz Belkhadem, Mehri constituera le premier cercle du président Chadli durant les trois années à venir. Des années de la première expérience pluraliste en Algérie mais aussi et malheureusement celles des troubles provoqués par les islamistes du FIS. En juin 1990, Mehri n'a pu mener le FLN, pour la première fois de son histoire, à une victoire électorale lors des locales complètement écrasées par un FIS triomphant, envahissant et de plus en plus menaçant pour la stabilité même du pays. Les troubles publics du FIS, qui contrôlait toutes les mosquées du pays, une bonne partie de ses APC et, bien sûr, la rue glisseront progressivement vers la subversion terroriste. Les troupes du FIS multipliaient les exactions un peu partout à travers le pays, le SIT (Syndicat islamiste du travail) faisait des ravages dans le monde du travail et, en parallèle, l'autorité de l'Etat s'érodait de manière inquiétante au point où, en juin 1991, le FIS déclenchera une grève générale et une occupation de la rue par la force et prendra en otage Alger pendant plusieurs jours avec une passivité «intéressée» du gouvernement Hamrouche, et donc de Chadli. La situation était telle que, pour la deuxième fois en trois ans, l'armée a dû intervenir pour évacuer de force les places d'Alger. Le gouvernement Hamrouche tombe. Mais le FIS, qui avait déjà fait défiler ses fameux «afghans» à l'occasion, entamait une autre phase dans sa quête du pouvoir. A l'ombre des «politiques», les «militaires » de la mouvance intégriste préparaient les premiers groupes armés. En novembre 1991, une caserne de l'ANP à Guemar, au sud du pays, sera la cible d'un acte terroriste «inaugural» d'une grande ampleur. Et c'est dans ce contexte que l'Algérie allait organiser, le 26 décembre 1991, sa première élection législative de son histoire. Et qui virera au cauchemar ! Le FIS, encore une fois, fait un raz-de-marée lors du premier tour déjà. Il promet l'instauration d'un Etat théocratique islamiste et définitif en Algérie. La suite est connue : l'armée intervient et oblige Chadli à démissionner le 11 janvier 1992. Boudiaf prend la direction d'une présidence collégiale, le HCE et, fait unique dans les annales, le FLN de Mehri est désormais dans l'opposition. Avec le FIS et le FFS, il s'élève contre l'arrêt du processus électoral. Dans ce front des «trois F» comme on l'appelait, Mehri jouera un rôle prépondérant. Les accords de Sant'Egidio de 1994 et de 1995, puis l'appel au boycott des présidentielles de novembre 1995, lancé par les «trois F», finiront toutefois par sonner le glas de l'ère Mehri à la tête du FLN. La participation sans précédent des Algériens aux présidentielles explosera le mythe de «l'opposition réelle» entretenu par Mehri, Aït Ahmed et les dirigeants du FIS et c'est naturellement que le rapport de force basculera à l'intérieur de l'ex-parti unique. Cela donnera lieu au fameux «coup d'Etat scientifique » contre Mehri, définitivement écarté du FLN en 1996. Depuis, l'ancien SG se suffira de quelques initiatives politiques, personnelles ou avec d'autres personnalités mais qui n'ont jamais abouti. De moins en moins présent sur la scène, Mehri n'en avait toutefois pas gardé intact un capital de popularité extraordinaire au sein de la base du FLN. Et même au-delà.
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)