Algérie

Il comprend un centre de thalassothérapie et un ensemble hôtelier : Un projet 5 étoiles torpillé à Tipasa



Investir en Algérie : mission impossible ' Tout porte à le croire quand on considère le parcours du combattant de nos investisseurs. Cela explique, en partie, la faiblesse de l'investissement touristique sur nos côtes. Le docteur Sabrina Rahmani Lahlou l'a appris à ses dépens. Médecin de formation, spécialisée en médecine ophtalmologique, elle est revenue en Algérie après vingt ans passés en Tunisie, avec, dans ses bagages, un ambitieux projet d'investissement touristique. Désirant transposer dans son pays une partie du savoir-faire observé chez nos voisins, Dr Sabrina Rahmani (aucun lien de parenté avec le ministre Chérif Rahmani) s'est lancée en 2003 dans un projet audacieux qui s'inscrit dans le tourisme de santé. Baptisé « Thalassa Tipasa Resort & SPA », le projet, estimé à 50 millions d'euros, comprend un centre de thalassothérapie d'une capacité de 100 à 120 curistes par jour, un ensemble hôtelier haut de gamme d'une capacité de 400 lits et, enfin, une vingtaine de villas « afin de diversifier l'offre en matière d'hébergement », indique Dr Rahmani. Cerise sur le gâteau : l'investissement incluait également une école de formation en « hydrologie médicale pour former des hydrothérapeutes ».Le Thalassa Tipasa devait créer 200 emplois permanents. « J'ai passé 20 ans en Tunisie. C'est d'ailleurs là-bas que j'ai fait mes études de médecine. Et pour avoir été témoin de l'essor vertigineux du tourisme de santé chez nos voisins au point où la Tunisie est devenue la deuxième destination au monde en thalassothérapie avec plus de 40 établissements spécialisés, j'ai souhaité lancer quelque chose dans ce sens en Algérie après avoir constaté le manque cruel d'établissements de balnéothérapie dans notre pays, alors que nous disposons d'un littoral extraordinaire. Les centres tunisiens de thalasso sont assaillis par les Algériens même hors saisonnalité », explique Sabrina Rahmani. Et de souligner : « Il faut commencer par créer des produits forts pour créer la destination. Mon souci était simplement d'offrir un produit répondant aux standards internationaux les plus pointus et respectant les spécificités de notre culture. » Le projet devait s'implanter dans la ZET (Zone d'expansion touristique) du CET, à Tipasa, précisément à hauteur de l'anse Kouali. Dès 2003, « une demande de concession a été introduite auprès du ministère du Tourisme qui, par le biais de la commission des investissements, dans sa session des 25 et 26 octobre 2004, a donné le plein accord à ce projet », explique Mme Rahmani Lahlou dans une lettre adressée au président de la République. Après plusieurs rounds et réunions ministérielles, le cabinet du ministère du Tourisme adresse à l'intéressée un courrier daté du 24 janvier 2007 dans lequel il confirme le visa de la commission de suivi des investissements touristiques assorti de quelques recommandations.L'énigmatique argument « zone sensible »Forte de ce OK de principe, notre promotrice s'investit avec entrain pour peaufiner son business plan, démarcher les grandes chaînes hôtelières, convaincre des associés, monter un site internet, le tout, en s'initiant aux arcanes de l'industrie hôtelière. Rien n'est laissé au hasard. Pour la partie architecturale, le projet a été confié à un illustre architecte tunisien, Ayed Sriha, très connu pour ses interventions sur des sites fort semblables à celui de Tipasa, notamment le site romain de Carthage. Il est surtout connu pour avoir conçu l'imposante mosquée El Abidine de Carthage. Mais voilà qu'en plein montage financier du projet, en pleine euphorie entrepreneuriale, les autorités administratives brisent brutalement cet élan. Dans un courrier laconique (n°280/DDI/SDAT/Matet/2008) daté du 26 mars 2008, il est signifié à la promotrice une fin de non-recevoir : « J'ai l'honneur de vous informer que les espaces littoraux intégrés à la ZET de CET, où votre projet est situé, ont été classés "zone sensible" et que par conséquent toute construction y est désormais interdite. » Fin de citation. Sabrina Rahmani aurait sans doute souhaité une notification autrement plus argumentée pour expliquer ce soudain revirement. Peine perdue. Cinq années de démarches intensives balayées d'une chiquenaude. On ne fit pas même l'effort de lui suggérer un autre site d'implantation pour ne pas gâcher une telle opportunité d'investissement.Sabrina Rahmani subodore toutefois que par « zone sensible », les autorités mettraient en avant des réserves de type écologique. Un aspect scrupuleusement pris en charge par l'investisseur, insiste-t-elle, en précisant qu'elle a pris attache avec un leader en la matière, en l'occurrence le bureau d'études 3 E (Energy and Environment Engineering) pour l'audit énergétique et environnemental du projet. « Ce bureau devait nous accompagner à la fois dans l'étape étude, réalisation et exploitation du projet et nous assister pour obtenir la certification LEED (Leadership Environment and Energy Design) », affirme la promotrice du Thalassa Tipasa Resort & SPA, en spécifiant qu'« aucun aménagement sur le littoral ne sera effectué ». Et d'ajouter que 50% de la surface impartie sera affectée aux espaces verts avec, à la clé, la création d'un jardin botanique. Loin de se laisser décourager, Sabrina Rahmani a résolu de saisir les plus hautes autorités du pays pour donner corps à son rêve. Elle attend toujours une réponse. Favorable de préférence'


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