Algérie

IL CHANTE SUR L’ALGÉRIE ET LES HARRAGA


Le message de Taliani à la jeunesse
Rencontré lors d’une cérémonie à Marseille, le jeune chanteur de raï, Réda Taliani, a accordé un entretien à L’Expression, dans lequel il développe le contenu de son nouvel album qui vient de sortir sur le marché. L’Expression: Vous venez de lancer un nouvel album. De quoi s’agit-il?Réda Taliani: J’ai essayé de traiter les sujets d’actualité qui concernent mon pays. J’ai parlé justement de l’Algérie où je chante la nostalgie avec un clip qui retrace El Bahdja. Je raconte ce que ressent une personne qui vit loin de son pays. Vous savez, quel que soit le pays où vous êtes, vous restez toujours fidèle, car nul ne peut remplacer la patrie, c’est notre mère quoi. Cela fait deux ans que je travaille sur cette chanson et j’espère que le public appréciera ce travail. L’autre chanson, je l’ai consacrée aux harraga. Sincèrement, ce phénomène m’a beaucoup touché. C’est malheureux de voir des jeunes s’aventurer dans des barques. Concernant les autres chansons, c’est un mélange d’amour, les problèmes de la vie, sans oublier les personnes malades, en particulier les cancéreux. En tout, il y a neuf chansons dans cet album où j’ai développé différents rythmes.Vous parlez justement du fléau des harraga, comment vous est venue l’idée et de quelle manière traitez-vous ce sujet?Tout d’abord, c’est un sujet qui parle de lui- même. Je pense que ce qui s’est passé ces derniers temps est déplorable. Dans la chanson, je rapporte des témoignages véridiques des personnes qui ont vécu cette aventure dangereuse et qui ont échappé de justesse à la mort. Je n’ai rien inventé, ce que je dis est un ensemble des échos que j’ai recueillis auprès des familles qui ont été touchées dans leur chair, les parents bien entendu. Comme je m’adresse également, dans la chanson, aux émigrés pour dire, assez, assez de mensonge! Il faut dire la vérité aux jeunes que la vie en Europe n’est pas le paradis. Il ne faut pas mentir aux gens et leur dire qu’en Europe, c’est la belle vie.Puisque vous chantez sur les harraga, avez-vous un message à leur transmettre?Tout à fait, je ne chante pas pour chanter. Comme j’ai un public jeune qui m’écoute, je saisis l’occasion pour lui passer un message. Ce que je voudrais dire aux jeunes qui s’aventurent dans l’inconnu, que ce que vous êtes en train de faire est faux. La vie ne vaut pas la peine de la vendre au diable. L’Algérie n’est pas l’Ethiopie. Bien au contraire, l’avenir est dans notre pays, c’est là qu’il faut travailler et lutter. Certes, il y a la misère mais pas au point d’en arriver là et de se jeter à la mer. Je voudrais également assurer que l’Europe n’est pas l’eldorado. Ici, on galère plus qu’au bled.El ghorba saïba ou ghadara (l’exil est difficile). Beaucoup de gens sont venus et ils ont regretté de l’avoir fait. Je comprends parfaitement la souffrance de la jeunesse parce que je suis passé par là. J’ai vécu en Algérie et je sais ce que subit notre jeunesse. Mais ce que je pourrais donner comme conseil à nos jeunes, c’est qu’il ne faut pas partir n’importe comment. Avant d’aller ailleurs, il faut avoir un bagage qui lui permette d’assurer son avenir. Je ne m’adresse pas uniquement aux jeunes, j’interpelle également l’Etat qui a une part de responsabilité.A votre avis, qu’est-ce qui a accentué cette hémorragie? En d’autres termes, pourquoi le phénomène des harraga est devenu un danger?Je pense que si chacun pouvait avoir un visa, on ne serait pas à ce stade.Celui qui n’a pas eu la chance d’aller à l’étranger ne peut pas mesurer les choses. Pourquoi je dis spécialement le problème des visas.C’est ce qui pousse à tenter l’aventure.Nous sommes en plein été, ne pensez- vous pas que la sortie de l’album est intervenue un peu tard?Vous avez raison! L’album était prêt, mais je ne voulais pas le lancer sur le marché. Je ne vous cache pas qu’étant donné mon public jeune, j’ai préféré attendre la fin des examens du Bac pour le sortir. Je ne voulais pas les perturber.Le public attend de vous voir sur scène, peut-on dire que c’est pour bientôt?J’aimerais bien, parce qu’il me manque aussi. Je devais animer un concert à l’occasion du Festival du film arabe le 3 juillet dernier, mais comme j’avais un clip à tourner en Jamaïque, je n’ai pas pu me produire.En revanche, j’ai plusieurs tournées à effectuer au Maroc, en Tunisie durant ce mois-ci.Un dernier mot...J’espère que mon message sera reçu.
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