Algérie

Il a tiré sa révérence à l'âge de 83 ans: Le militant anticolonialiste, Robert, Bonnaud reçoit un dernier hommage



Décédé à Paris à l'âge de 83 ans, l'historien et militant anticolonialiste Robert Bonnaud, a reçu un dernier hommage au cimetière parisien du Père Lachaise, rendu par une foule nombreuse composée des membres de sa famille, de ses amis, ainsi que des historiens qui l'ont accompagné à sa dernière demeure. Durant la guerre de Libération nationale, animé d'une ferme conviction anticolonialiste, Robert Bonnaud a organisé, à Marseille, les premières protestations d'appelés lors du départ du contingent français pour l'Algérie. En 1956, soldat du contingent, il participe à une opération contre les militants de l'Armée de libération nationale, au djebel Boukammech dans le massif de Nementschas à Chéria (sud-ouest de Tébessa). L'aviation française bombarde les moudjahidine et le lendemain vient l'ordre d'entreprendre le nettoyage. Les blessés sont achevés, égorgés aux couteaux de cuisine. Robert Bonnaud est révolté. Il rejoint la cause nationale et soutient le Front de libération nationale dans son combat contre l'occupation coloniale. A son retour en France, il témoigne des agissements criminels de l'armée française. Dans le courant de l'été 1956, l'opinion publique française découvrit alors, grâce à son témoignage, les tortures quotidiennes et les exactions dispensées par l'armée française en Algérie. Sur conseil de son ami, l'historien Pierre Vidal-Naquet, il donne ainsi à la revue Esprit, que dirige Jean-Marie Domenach, en avril 1957, un texte-témoignage, "la Paix des Némentchas" qui aura un grand retentissement. Son témoignage a été réédité en février 2002 dans l'ouvrage "Esprit, Ecrire contre la guerre d'Algérie, 1947-1962". Après avoir retrouvé son poste d'enseignant au lycée Périer à Marseille, le militant poursuit son action anticoloniale et dénonce la pacification en Algérie. Il rejoint alors le réseau Janson, un groupe de militants français, agissant sous les directives de Francis Janson, qui opéra en tant que groupe de soutien du FLN durant la guerre de Libération nationale, principalement en collectant et en transportant fonds et faux papiers. Robert Bonnaud est "porteur de valises" pour le FLN. Dès 1959, il cache des armes et bientôt recrute d'anciens camarades du PCF, collectant des fonds et assurant hébergement et liaisons. Arrêté le 26 juin 1961 par la brigade française de la sécurité du territoire, Bonnaud est incarcéré aux Baumettes (France). Mais les accords d'Evian changent la donne. Libéré en juin 1962, suspendu toutefois de son enseignement avec le quart de son traitement, il est réintégré en 1964 et, finalement, amnistié en 1966. Le 15 janvier 2013, Robert Bonnaud devait être honoré par une distinction remise par le président Abdelaziz Bouteflika aux Français qui ont milité pour la cause nationale, dans le cadre d'une cérémonie organisée au consulat d'Algérie à Paris. Cette distinction lui sera remise, à titre posthume, dans les prochains jours, a-t-on indiqué de source diplomatique.


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