Algérie

Il a tenu un discours plutôt conciliant : Gaïd Salah appelle au dialogue mais exclut la transition


Il est maintenant acquis que l'élection présidentielle du 4 juillet sera «annulée». Adoptant un ton plutôt conciliant, par rapport à celui utilisé dans son discours du 20 mai, le chef d'état-major de l'ANP, Ahmed Gaïd Salah, a affirmé, hier, à l'occasion de sa visite à la 6e Région militaire, que «l'unique voie pour résoudre la crise que vit notre pays est d'adopter la voie du dialogue sérieux, rationnel, constructif et clairvoyant, qui place l'Algérie au-dessus de toute considération».Car, a-t-il ajouté, «l'établissement du dialogue signifie la disponibilité de tous à s'entendre et s'écouter mutuellement, avec pondération, sérénité, engagement et une aspiration sincère vers la nécessité, voire l'impératif, de trouver les solutions idoines sans délai». Tout en rappelant que le peuple algérien «ne veut plus revivre les expériences douloureuses antérieures», faisant référence bien évidemment à la période vécue durant les années 1990, Gaïd Salah a estimé que les Algériens doivent «tirer l'enseignement des expériences et des événements tragiques passés, où la raison était absente et dont l'unique perdant était la patrie».
Ainsi, le chef d'état-major insiste «sur la nécessité que toutes les parties fassent preuve de responsabilité à faire du dialogue la bouée de sauvetage de la patrie». Un dialogue, auquel «les personnalités et les élites nationales, fidèles à la nation et à son intérêt suprême sacré, doivent participer». Gaïd Salah affirme également qu'il est question de «concessions réciproques». «Le dialogue sincère et objectif lors duquel il sera question de l'évaluation des circonstances que vit le pays et de concessions réciproques pour le bien du pays.
C'est ainsi que l'on outrepasse les divergences entre les différents avis, ou du moins on réduit les écarts entre les points de vue contradictoires et contrastés, sachant que rien ne s'élève au-dessus de l'intérêt de notre pays», a-t-il dit. A cet effet, il a tenu à lancer un appel en direction des «personnalités nationales, qui ont une capacité réelle à apporter la contribution judicieuse de façon à trouver les solutions escomptées» et dont «les efforts sincères et dévoués» sont attendus par l'Algérie. Gaïd Salah a signalé, en outre, que l'ANP «accompagnera» les Algériens lorsqu'ils «présenteront leurs propositions constructives».
Après avoir réaffirmé, une nouvelle fois, que l'armée «n'a aucune ambition politique», le vice-ministre de la Défense nationale a déclaré que «les contours de la feuille de route de ce dialogue se préciseront davantage à travers le sérieux et la rationalité des initiatives, et à travers la recherche sérieuse des solutions idoines à cette crise qui perdure, dans les plus brefs délais».
Néanmoins, cet appel au dialogue, survenu après la fin des délais réglementaires pour le dépôt de candidature pour la présidentielle (deux candidatures d'anonymes ont seulement été enregistrées), ne veut pas dire qu'il a finalement accepté l'idée d'une transition. «La priorité aujourd'hui, et je le redis instamment encore une fois, est que chacun de nous croit en l'importance d'aller vers un dialogue productif qui permet de faire sortir notre pays de cette phase, relativement complexe, qu'il traverse et assure ainsi la voie vers la tenue des prochaines élections dans les plus brefs délais possibles, loin, et je le dis, de périodes de transition aux conséquences incertaines, car l'Algérie ne peut supporter davantage de retard et de procrastination», a-t-il déclaré à ce propos, avant d'affirmer que «l'Algérie attend une sortie légale et constitutionnelle qui la prémunira contre toute forme d'exacerbation de la situation». En somme, le chef d'état-major de l'ANP, et contrairement à la semaine dernière, a développé un discours plutôt conciliant envers ceux qui contestent la démarche «constitutionnelle» qu'il a préconisée jusque-là.
Mais son «offre» risque de se heurter au scepticisme des partis politiques de l'opposition qui, surtout après l'échec du processus électoral devant déboucher sur l'élection du 4 juillet, n'entrevoient pas de solution dans le cadre constitutionnel. Les manifestants, tout comme les partis et personnalités politiques, n'ont cessé de réclamer les départs du chef de l'Etat par intérim, Abdelkader Bensalah, et du Premier ministre, Noureddine Bedoui, un préalable pour tout début de solution. Se dirige-t-on vers un tel scénario où la «concession» du chef d'état-major de l'ANP s'arrêtera aux discussions autour de la commission d'organisation des élections, sans plus '
En parlant de «concessions réciproques», Ahmed Gaïd Salah a peut-être voulu montrer sa disponibilité à accepter un compromis qui arrangerait éventuellement le hirak. Mais la réaction de ce dernier dépendra, dans tous les cas de figure, des mesures qui seront prises dans les tout prochains jours et qui donneront un aperçu sur les intentions réelles du pouvoir.
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