Algérie

Il a sacrifié 20 ans sa vie dans la lutte contre le terrorisme : Athmane, un exemple d'héroïsme



Il y a 40 jours, le colonel Athmane tombait au champ d'honneur à une semaine de ses 43 ans. Ce monument de la lutte antiterroriste venait d'éliminer deux kamikazes avant qu'il ne soit tué par l'un d'eux agonisant. Un hommage particulier lui a été rendu hier dans son village natal. En cette matinée du 13 janvier, Athmane était de permanence et attendait les nouvelles de ses collègues du service, en mission à Béjaïa, lorsqu'il a été dépêché sur les lieux, après que l'un d'eux eut été blessé. Comme à son habitude, le colonel n'enfile même pas son gilet pare-balles et sans attendre les renforts, il se lance, aux côtés du commandant du secteur militaire, à l'assaut de deux terroristes, embusqués dans une ferme.Quelques balles tirées par l'un de ces derniers, gisant par terre et agonisant, ont mis fin à toute une vie de sacrifice.Athmane, ou Boulahyia, pour les plus proches, est parti subitement sans dire au revoir à sa femme et à ses deux enfants, en bas âge. Ironie du sort. Le défunt était réticent au mariage, de peur de faire une veuve et des orphelins, disait-il. Jalonné de bravoure et d'héroïsme, son parcours l'a rendu indispensable au service, qu'il a rejoint, il y a plus de 20 ans. Issue d'une famille révolutionnaire, il avait quitté l'université de Bab Ezzouar pour suivre une formation dans le renseignement militaire.C'était en 1988. Les événements ont fait qu'il se retrouve au premier front de la lutte. Les succès de son service se multiplient à travers tout le territoire national. D'abord, le GIA, puis la direction du Fida (Front islamiste du djihad), qui avait pour cible les intellectuels. Sa vie se limitait aux embuscades et aux missions d'infiltration dans les maquis pour décapiter les phalanges de la mort. De nombreuses personnalités politiques et intellectuelles lui doivent la vie. Malgré sa grande carrure, il était très discret et parlait rarement aux journalistes qui le rencontraient sur le terrain, comme à Bab Ezzouar, lors de l'élimination du groupe de Layachi, émir régional du GIA, à Saïd Hamdine, avec la décapitation du FIDA, ou encore à Haouch Hafid, lors de la découverte d'un charnier o étaient enterrées les victimes du GIA.Ses succès, son courage et sa discipline lui font prendre rapidement du galon. Plus récemment, ses plus importants exploits sont la décapitation du GSPC, avant l'arrivée de Droukdel, puis l'élimination de nombreux chefs comme entre autres Redouane Fassila, l'artisan des attentats suicide. Enfin, le colonel Athmane fait partie de cette catégorie de jeunes Algériens qui n'ont dans le c'ur que l'amour de la patrie. Normal, ses parents ont été les premiers à rejoindre l'ALN, alors qu'ils étaient très jeunes eux aussi et son père a été, en 1993, le précurseur des patriotes dans sa région natale en Kabylie. Sa famille est encore sous le choc. « Ses absences prolongées ne me permettent pas de croire à sa mort. Pour moi, il est quelque part et il va revenir », déclare son épouse, la voix nouée et le regard absent.La maison familiale ne désemplit pas depuis sa disparition. Trop d'amis et de proches font le va et vient. « Il a sacrifié sa vie pour ses prochains. Il n'était jamais avec nous. Le Ramadhan dernier, il n'a mangé que deux fois avec ses enfants. Le lendemain de notre mariage, il est parti travailler et quand il revient, il reste collé au téléphone. Durant les 8 années de notre union, je n'ai vécu avec lui que quelques jours. Il n'a même pas profité de ses enfants », révèle la veuve, en lançant des regards affectifs à son beau-père, lui-même encore affecté. « Je suis fier de mon fils. Il est un digne héritier de la Révolution. Il est mort pour son pays », lui répond-il. L'officier est parti, laissant deux orphelins, lui qui a donné sa jeunesse pour que les enfants des autres ne soient pas des orphelins.Un sacrifice qui mérite une grande stèle, en espérant qu'il ne soit jamais oublié en ces temps où les bourreaux côtoient leurs victimes. Hier, un hommage particulier lui a été rendu dans son village natal.


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