Il a réclamé l'instauration d'une République

L'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW) a appelé hier les autorités jordaniennes à libérer un ancien parlementaire arrêté après avoir réclamé l'instauration d'une république dans le royaume hachémite.Les charges criminelles retenues contre Ahmad Oueidi Abbadi, «qui réclame pacifiquement une république en Jordanie, violent la liberté d'expression et doivent être levées immédiatement», affirme un communiqué de l'organisation. M.Abbadi, dont le dernier mandat de député s'est achevé en 2001, est poursuivi pour avoir incité à la révolte lors d'un rassemblement d'anciens soldats en janvier.
Arrêté début février, il risque 15 ans de prison. Figure controversée, M.Abbadi a récemment affirmé sur YouTube que la Jordanie serait «une république dans deux ans» et que le pays devait «être libéré de la monarchie hachémite car elle dirige le pays contre la volonté du peuple».
En octobre 2007, il avait été condamné par un tribunal militaire pour avoir publié sur internet une lettre adressée au sénateur américain Harry Reid, dans laquelle il évoquait «le régime corrompu du roi Abdallah II» et faisait état de violations des libertés individuelles et des droits de l'Homme en Jordanie.
Par ailleurs, HRW rapporte qu'Inès Moussallam, une étudiante militante, a été poignardée «apparemment à cause d'un article qu'elle a écrit dans lequel elle critiquait un prince de la famille royale». «Le fait que le ministère public poursuive des gens pour avoir usé de la liberté d'expression et exprimé des idées politiques crée un climat d'intolérance, dans lequel certains peuvent trouver normal d'agresser une personne qui a écrit quelque chose qui leur déplaît», a déploré Christoph Wilcke, chercheur de HRW sur le Moyen-Orient. «Le procureur devrait abandonner les charges contre M. Abbadi et à la place se consacrer à la recherche de l'agresseur de Mme Moussallam», a-t-il ajouté. Des manifestations ont lieu presque chaque semaine en Jordanie depuis plus d'un an, dans la foulée du Printemps arabe, pour réclamer des réformes et la fin de la corruption.