Algérie

IL A FALLU QU'IL Y AIT MORT D'HOMME POUR QUE LES SAGES DU QUARTIER REAGISSENT Béni Messous en émoi



Il a fallu qu'il y ait mort d'homme dans la nuit de mercredi dernier, pour que les habitants de Béni Messous (Alger) et les nouveaux résidants, issus de Djenan El Hassan à Bab El-Oued qui se sont affrontés ce mardi, refassent leurs calculs. Hier, sur les lieux, presque tout le monde était sous le choc.
Mehdi Mehenni Alger (Le Soir) «Une petite querelle entre de jeunes gens du quartier et les nouveaux résidants, a mené toute une commune au chaos, à la veille de l'Aïd», dira Mustapha, un quadragénaire, interrogé hier sur les lieux. En effet, tout a commencé mardi lorsque, après plus d'un mois d'hostilités, de rudes affrontements ont éclaté entre les deux parties. Il s'agit des nouveaux résidants, issus de l'opération relogement dans la capitale du mois de septembre dernier, en provenance de Djenan El Hassan à Bab El Oued, et des habitants du quartier Sidi Saâdi, de Béni Messous. «Les jeunes du quartier voulaient dès le départ marquer leur territoire et les autres ne sont pas du genre à se laisser faire. Résultat des courses, après plus d'un mois d'hostilités et de petites querelles, la situation est arrivée au pourrissement», explique Mustapha. Ainsi, mardi, en fin d'après-midi, une bataille rangée a opposé les deux parties, et il a fallu l'intervention de la police pour calmer l'ardeur des uns et des autres. «Mais ils étaient déjà arrivés à un point de non-retour», ajoute Mustapha. Mercredi, les affrontements ont repris de plus belle et même l'intervention des agents de rétablissement de l'ordre n'a pas pu stopper la violence. «A un certain moment, j'ai cru assister à une de ces batailles des croisades du Moyen Âge. Les deux antagonistes ont fait preuve d'une rare violence, laissant penser qu'il s'agissait de deux peuples ennemis», témoigne un autre résidant du quartier. Vers 21h, alors que les échanges de jets de pierres et de cocktails Molotov faisaient rage, ajoutant à cela l'intervention de la police anti-émeute, mobilisée en grand nombre sur les lieux, un jeune de 18 ans a succombé à une blessure au crâne. Panique générale ! C'est un résidant du quartier Sidi Saâdi de Béni Messous. Ses voisins ainsi que des témoins de la scène affirment qu'il «a été touché à la tête par une balle en caoutchouc de la police anti-émeute». Ironie du sort, la victime avait échappé à la mort lors de l'explosion de la bombe du marché de Bab El Oued en 1995 où elle a perdu 4 doigts, alors qu'elle était encore enfant et en compagnie de sa mère au moment du drame. Jeudi, une fois la victime enterrée, les habitants du quartier ont attendu la tombée de la nuit pour s'attaquer cette fois-ci au commissariat de police de Béni Messous, à l'aide de jets de pierres et de cocktails Molotov. «Ils ont failli réduire en cendres les locaux de la police, mais les agents de rétablissement de l'ordre public n'ont ménagé personne et ont tout de suite riposté», raconte un témoin. De son côté, contacté hier, le chargé de communication au niveau de la Direction générale de Sûreté nationale (DGSN) explique que «rien ne prouve encore que la jeune victime a été touchée par un projectile en pierre, une balle en caoutchouc ou autre chose. L'enquête poursuit son cours et c'est au médecin légiste de définir la cause de sa mort». Hier, en fin de matinée, un climat de deuil régnait à Béni Messous. Presque tout le monde était sous le choc. «Nous ne savons même pas comment les choses en sont arrivées là. Personne n'arrive encore à admettre qu'un chahut de gamins a conduit à la mort d'un homme. Pourquoi personne n'a essayé d'arrêter ou de calmer ces jeunes ' Où étaient les sages du quartier, les parents et les frères aînés de ces jeunes qui s'entretuaient dans des batailles rangées et au milieu de la nuit pour une cause perdue '», regrette un père de famille rencontré hier sur les lieux.


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