Algérie

Il a fallu prolonger le scrutin présidentiel d'une journée en Egypte



Il a fallu prolonger le scrutin présidentiel d'une journée en Egypte
Le maréchal Abdelfattah al-Sissi, qui n'avait qu'un seul souci, à savoir le taux de participation, de fait unique enjeu de cette présidentielle a été désavoué puisqu'il a fallu prolonger le déroulement du scrutin d'une journée en raison du bas taux de participation, estimé à 37% seulement en deux jours.En effet, la présidentielle en Egypte s'est prolongée hier d'un troisième jour pour tenter de relever un taux de participation dont la faiblesse pourrait entacher la légitimité de l'homme fort du pays Abdelfattah al-Sissi qui espérait une victoire sous forme de plébiscite. Pour rappel, il avait dit attendre pas moins de "45 millions" de voix sur les 53 millions d'électeurs du plus peuplé des pays arabes. Il n'en demeure pas moins, qu'après deux jours du scrutin la participation était estimée à 37%.Shadi Hamid, chercheur au Saban Center estime que "le régime a promu une certaine image d' Al-Sissi mais cette façade se fendille : le soutien à Al-Sissi a été surestimé". Pour le politologue Gamal Abdel Gawad, M. Al- Sissi n'avait "pas besoin de placer la barre si haut en termes de participation, car quand le résultat d'un scrutin ne fait aucun doute, il n'y a pas grand-chose à faire pour inciter les gens à se déplacer pour voter". Ceci étant, cette Egypte post-islamiste a même l'ambition de revenir sur la scène régionale, espérant entraîner derrière elle le reste du Moyen-Orient sur son étrange trajectoire contre l'islamisme djihadiste, entre, cependant, une croissance économique précaire et une incertitude politique puisque la révolte contre l'ordre militaire des Frères musulmans s'est accompagnée d'actes terroristes en recrudescence totale malgré la répression policière et des procès de masse.La situation inquiète les monarchies du Golfe, comme les capitales occidentales, pour lesquelles l'intronisation du maréchal est un moindre mal. Celui-ci doit assurer la reprise économique pour supplanter les multiples associations caritatives des Frères musulmans et donner espoir à ses concitoyens fragiles qui constituent les trois quart de la population et qui ont été le terreau de l'islamisme politique et de son expression violente. Avant son élection, Al-Sissi a multiplié les appels du pied aux firmes internationales, mettant en avant les nombreux avantages du pays, principalement une bonne infrastructure et une pléthorique main-d'?uvre bon marché, pour séduire les investisseurs.Coca-Cola a répondu présent mais les autres ont dit attendre, se méfiant encore d'un système économique auparavant contrôlé par un "réseau véreux" de militaires. Subsistant dans un véritable Etat "patrimonial"? systématisé par Anouar Sadat, maréchal, puis Moubarak, général, l'économie égyptienne est entre les mains de militaires d'active ou retraités, possédant en sous-main la plupart des compagnies bénéficiaires du tissu national. Verrouillant totalement la concurrence et la diversité par un système protectionniste défendu par un Parlement aux ordres, l'Egypte s'est figée depuis le colonel Nasser, exerçant un nationalisme militant dont la finalité est de mettre au pas les populations et de réprimer l'opposition. Les observateurs avaient pensé que la chute de Moubarak allait débloquer la situation. Sa chute spectaculaire, avant tout pour des raisons d'ordre économique, aura brisé le statu quo le temps que les islamistes, qui avaient fait mains basses sur le "printemps du Nil" alors qu'ils n'y étaient pour rien, révèlent leur incapacité à répondre aux véritables aspirations de la population centrées sur l'emploi et des salaires décents. Mohamed Morsi et les Frères musulmans n'avaient en tête que la religion, ce qui a sonné le glas de leur légitimité électorale. La reprise de contrôle totalement par l'armée a dès lors était applaudie par tous sauf les militants des Frères. Le coup d'Etat, paradoxalement, a été interprété au Caire comme un "espoir" de réforme profonde du pays. L'espoir a vite été battu en brèche par la pression du FMI, de la Banque mondiale et la Banque européenne de Reconstruction et de Développement, pour mettre fin au système de subventions publiques ou encore le gel d'aides américaines.Merzak T./Djamel B.NomAdresse email




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