Algérie

Il a été mis en terre hier à El Kettar : Hadj Noureddine, un puriste du chaâbi s'en va


Il a été mis en terre hier à El Kettar : Hadj Noureddine, un puriste du chaâbi s'en va
Hadj Noureddine, de la lignée des grands du chaâbi, s'est éteint dans l'après-midi de ce lundi 12 septembre à l'hôpital militaire de Aïn Naâdja. Suite à un coup de froid, l'artiste a contracté une mauvaise bronchite qui a eu raison de lui. L'héritier du Cardinal a été enterré hier au cimetière El Kettar. Lui le soigneux de sa personne, corps et âme, toute sa vie. Et aussi méticuleux et très regardant sur les produits musicaux dont il est l'auteur. D'ailleurs, il en était malade d'avoir à  écouter ces nouvelles sonorités et ces textes qui n'ont de texte que le nom de ces dernières années. Un grand seigneur qui voulait tout à  la perfection. Et comment en aurait-il été autrement, lui qui est né,  vécu, grandi et respiré l'air de la musique populaire avec un père déjà dans le domaine, de la dynastie connue des Oubabessen, issue de Ouariachen, en Kabylie. Que tout Bab Jdid connaît. Là où la rencontre s'est faite dans un café maure que tenait le senior dans ce quartier de la haute Casbah où des grands du chaâbi égrenaient les notes restées dans les annales du patrimoine musical : El Hadj Menouar, M'Rizek, El Anka… des génies créateurs sur lesquels Hadj Noureddine s'est toujours arrêté. S'est toujours incliné de son vivant du haut de plus de 50 ans de donation à  cet art dont il regrette les déviations. En le criant haut et fort en disant de ces repreneurs des «fossoyeurs du chaâbi». Mots complètement assumés, responsables. Avec cet éternel dévouement à  l'enseignement du Cardinal. Parce que c'est l'école dans laquelle a fait son apprentissage Hadj Noureddine. Dont le père lui mettra une guitare entre les mains pour la gratter à  l'âge de 8 ans seulement, tout en faisant son apprentissage de la langue kabyle. C'était une mandoline achetée équivalent de 1,50 DA actuellement. Un début qui va prendre le meilleur sous la baguette de Hadj M'hamed El Anka auquel il voue dévouement et fidélité. Un fervent défenseur du grand maître. C'est de lui qu'il a appris tout ce qu'il a eu à  chanter et à  travailler durant plus d'un demi-siècle de carrière. Sous sa houlette au Conservatoire d'Alger. En plus de ces cérémonies de fêtes traditionnelles qu'il a animées à  ses côtés.  Les mêmes enseignements classique lui serviront de leçons qu'il prodiguera à  son tour lors des cérémonies de fêtes traditionnelles. La même émotion l'a toujours animé même lorsqu'il n'était plus élève. Hadj Noureddine tire toute la saveur de l'art qu'il a pratiqué toute sa vie avec amour et émotion, de cette discipline dont il a regretté l'absence. Un écorché vif qui ne mâchait pas ses mots sur ceux qui profitent de cet art noble, à  des fins mercantilistes. il ne maîtrisait sa colère que lorsqu'une minorité qui, disait-il, se compte sur les doigts de la main, le réconciliait avec la pudeur et la sagesse d'une musique authentique et originale.Cette critique, Hadj Noureddine l'adressait au vu et au su de tout le monde. En se disant pleinement, oui assurément nostalgique. Puisqu'il ne reste que la nostalgie pour renouer avec le bon vieux temps où le chaâbi était d'essence patrimonial, Hadj Noureddine ne compilera pas les albums. Il laissera tout de même une riche production dans ce chaâbi chanté aussi en kabyle. Et une belle offrande aux jeunes auxquels il a continué de composer. Dans cette foulée, la musique classique devrait, souhaitait-il ardemment, revenir à  son entretien avec la réinstauration de l'orchestre de la radio. Là aussi, un passé florissant qui n'est plus. Le regret de cet artiste perfectionniste. Et d'évoquer cette ex-RTA qui possédait son orchestre chaâbi. Une application pure et vraie du conservatoire, du solfège. A travers une formation, un professionnalisme dans le métier de musicien, doublée d'une discipline exemplaire, jusqu'à la tenue vestimentaire exigée. Le cachet. Le tout fait de musiciens diplômés, réguliers et chevronnés dans la présence, le travail, les répétitions et la représentation. D'ailleurs, lui qui a longtemps conduit cet ensemble musical de renom, a eu droit à  cette reconnaissance en 2006, lorsque la radio fêtait l'anniversaire de sa création un 28 octobre 1962. Un moment de gratitude et un remuement de sentiments nourris de cette revendication de toujours, réhabiliter en bonne et due forme cet orchestre de la radio.  Hadj Noureddine ne peut àªtre aujourd'hui un artiste à  oublier. Car en plus de sa donation à  la musique populaire, il a su lui donner cette empreinte de nationalisme. Et pas la sauvegarde du chaâbi et par ses compositions, dont cette première qu'il a dédiée depuis sa prison à  Serkadji «Oumi» dignement crié en 1957 dans la J 23, lui le fils qui a laissé mère, tantes et grand-mère dans cette maison de la Casbah, «livrée» aux soldats français…«Oumi» dont la musique ne lui sera composée qu'en 1997 par Maâti Bachir. «Je ne pouvais laisser, confie-t-il un jour, ce texte sans musicalité !» Un air de Oumi, pour ceux qui en connaissent la tonalité, résonne aujourd'hui dans tout Bab Jdid depuis les Oubabesse. Emporté dans le ressentiment d'un artiste qui a porté dans son giron le chaâbi comme porterait une mère son enfant.
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