Il a été inhumé, hier, au cimetière de Hadjout Des adieux émouvants

Publié le 16.04.2024 dans le Quotidien l’Expression

Une foule nombreuse est venue dire adieu au moudjahid, des personnalités, dont le directeur de L’Expression, Ahmed Fattani.
Une foule nombreuse a accompagné le défunt à sa dernière demeure
Moudjahid et ancien officier de l'ALN de la Wilaya IV historique, Mohamed Chérif Ould Hocine, s'est éteint hier à l'âge de 91 ans, laissant derrière lui un héritage de dévouement et de courage. Alors que le soleil décline à l'horizon, l'annonce de son décès prévoyant la programmation des funérailles après la prière d'El Asr est tombée tel un couperet. Un temps restreint qui n'a pas empêché la communauté de se rassembler d'abord devant sa demeure, sise au quartier Saïdi Abdellah, à Hadjout son lieu de naissance. Une destination que nous avons aussitôt retrouvé lors de notre déplacement sur les lieux d'ailleurs. Le Moudjahid est connu par les grands et les petits. Une foule nombreuse était déjà là à notre première halte, pour dire adieu au moudjahid, dont notamment ses compagnons de lutte et de nombreuses personnalités pour lui rendre un dernier hommage. Des adieux, témoignant ainsi de l'impact profond qu'il a eu sur leurs vies.

Né à Hadjout (ex- Marengo), le 11 août 1933, le défunt est originaire de Ain El Hammam (wilaya de Tizi Ouzou). C'est un ancien officier de l'Armée de Libération nationale, ayant l'amour de la patrie, chevillé au corps, selon le témoignage de ses anciens amis de la guerre de libération rencontrés sur place.
C'est dans la wilaya de Tipaza, au cimetière de Hadjout, précisément celui de Sidi Boufadel que le défunt reposera pour l'éternité. Les témoignages de Ammi Mohamed attestant de son dévouement, suffisent à eux seuls pour scotcher tout le monde entre les pages de l'histoire de lutte de nos aïeux, et témoignent du dévouement du défunt. Après des études primaires à Marengo, au terme desquelles il obtient le certificat d'études primaires et ayant très tôt pris conscience de l'injustice de l'ordre colonial, il rejoint les rangs de l'ALN en 1956, dans la Wilaya IV historique. Le défunt était d'abord moussebel puis fidaï, il est intégré au sein du commando Si Zoubir, avant de faire partie de la valeureuse katiba El Hamdania, la région ayant infligé de cuisants revers à l'ennemi. Membre du conseil sectoriel de Cherchell (commissaire politique), responsable des renseignements et liaisons, le Moudjahid est nommé par la suite chef de secteur politico-militaire dans l'Ouarsenis, puis membre du conseil régional de Théniet El Had.

Les années passent, mais son combat reste intact. En 1958, Mohamed Ould El Hocine rejoint Tunis, subit des blessures au cours de la bataille de Douar Siouf. Une situation qui oblige son évacuation à l'extérieur du pays. Apres la période de convalescence, il rejoint Tunis, au siège du GPRA, en mai 1961. En septembre de la même année, il fait partie d'un groupe d'Algériens envoyés par I'Ugta à Genève pour y suivre un séminaire syndical organisé par la CISL; après quoi il crée l'association des réfugiés algériens en Suisse.

Les minutes défilent à toute vitesse et l'appel à la prière marque le début des obsèques. À 16h pile, le cortège démarre et la foule presse le pas, en direction de la mosquée unissant leurs pensées et leurs prières dans un élan de respect et de reconnaissance envers celui qui a consacré sa vie à la lutte pour la liberté et la justice. Les funérailles se sont déroulées dans une atmosphère empreinte de solennité et de recueillement. Les visages marqués par la tristesse et l'affliction témoignent du lien profond qui unit chacun à celui qui s'en est allé. Les souvenirs se mêlent aux larmes, rappelant les moments de bravoure et de sacrifice qui ont forgé l'histoire de Mohamed Chérif Ould Hocine et de sa génération.

La procession funéraire avance lentement, portant le cercueil vers sa dernière demeure. Des «Douaâ» de deuil emplissent l'air, accompagnant le cortège dans son ultime voyage. Au cimetière l'émotion était palpable. Les proches du défunt et les présents ne sont pas seuls dans leur peine. Toute une nation se tient à leurs côtés, reconnaissante du sacrifice et de l'engagement de Mohamed Chérif Ould Hocine pour la cause de la liberté, comme l'atteste de nombreux posts sur les réseaux sociaux. Dans cette ambiance de la terre noble ayant donné le Moudjahid a recouvert le cercueil de Ammi Mohamed scellant ainsi le destin de celui qui fut un héros pour beaucoup, par ses valeurs et son héritage. Son histoire demeurera vivante dans les coeurs et les esprits de ceux qui ont eu le privilège de le connaître et de marcher à ses côtés.

Mohamed AMROUNI