Algérie

Il a animé une conférence sur le sécularisme et l'Etat Bennagueouch (RCD) : "Il faut sortir de la bipolarisation sécularistes/fondamentalistes"



Pour lui, le responsable de cette situation, c'est l'ex-président Boumediene en décrétant l'islam religion de l'Etat, trahissant, du coup, un des principes de la Déclaration fondatrice du 1er Novembre énonçant clairement l'objectif d'un Etat républicain.À l'opposé des composantes du mouvement national, l'Algérie post-indépendante s'est compromise avec le courant fondamentaliste en cédant sur la sécularisation. Lors d'une conférence-débat animée vendredi soir au siège du bureau régional d'Alger du RCD autour du thème "Le sécularisme dans le fondement de l'Etat", Ahmed Bennagueouch, secrétaire national aux relations avec les institutions au RCD, a estimé que la "désécularisation", connue par le pays depuis l'Indépendance, est à mettre sur le compte des pouvoirs successifs que sur le courant fondamentaliste.
"Le recul de la sécularisation dans le monde musulman, notamment en Algérie, ne peut pas être mis sur le compte des seuls fondamentalistes. Le mouvement national dans ses différentes composantes était beaucoup plus proche de la loi de 1905. C'est-à-dire favorable à la sécularisation", a-t-il soutenu.
Il cite l'exemple des ulémas menés par Benbadis qui ne s'était pas privé d'applaudir à la chute du khalifat en Turquie et de soutenir la mise en place d'un Etat moderne.
"Depuis l'émergence de l'Etat/nation, le pouvoir, qui a confisqué l'Indépendance, a fait un recul sur la question. Les institutions officielles n'ont pas cessé de faire des concessions politiques au courant fondamentaliste. L'intention du pouvoir était d'utiliser l'Islam. Tous les pouvoirs successifs ont nourri le fondamentalisme et opéré, par leurs tergiversations, un recul sur la question de la sécularisation." Aussi paradoxal que cela puisse paraître, des intellectuels et des hommes politiques n'ayant rien avoir, idéologiquement et philosophiquement, avec les fondamentalistes ont adopté un "discours néo-islamiste". "Ce qui est inquiétant est ce glissement, ces 50 dernières années, vers la culture fondamentaliste", s'est-il alarmé. À l'origine de cette dérive, l'institution par la volonté d'un seul homme, l'ancien président Houari Boumediene, de l'islam comme religion de l'Etat.
Or, l'Etat n'a, de l'avis de M. Bennagueouch, aucune couleur idéologique. "Le caractère républicain de l'Etat est tranché par la Déclaration du 1er Novembre et le Congrès de la Soummam. L'Etat étant une structure où nous vivons tous, il ne doit pas avoir d'idéologie", explique-t-il. Mieux, l'association de la religion à l'Etat n'a aucune profondeur historique.
"C'est l'Egyptien Hassan El-Benna, dans les années 1920, qui est le premier à parler de l'idée de l'islam comme religion et Etat. Cette association relève plus de la stratégie que de l'ignorance ou de la mauvaise foi. Les théoriciens de l'islam fondamentaliste font sciemment la confusion entre sécularisation et irréligion. Ce qui leur permet de déverser leur propagande en présentant la sécularisation comme un complot, une conspiration contre l'islam fomentée par les chrétiens, les juifs et la franc-maçonnerie", explique-t-il. "Les islamistes ne cherchent pas le débat sur la question de la sécularisation mais disqualifient d'emblée l'idée auprès d'une jeunesse immature pour grossir leurs rangs." Pour autant, M. Bennagueouch estime que c'est tomber dans le piège que d'entrer dans une confrontation stérile avec le courant fondamentaliste. "Il faut sortir de la polarisation, de l'affrontement entre sécularistes et fondamentalistes. Il n'est pas intéressant et n'arrange que les affaires du pouvoir", affirme-t-il. De son point de vue, il faut aller vers "l'Islam post-fondamentalisme", c'est-à-dire un Islam des lumières, apaisé et non-violent. "L'Algérie n'a rien à voir avec l'Orient. On doit se tourner vers le Nord et vers le Sahel", recommande-t-il.
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