L'association algérienne pour la sauvegarde et la promotion du patrimoine archéologique publie un nouveau recueil de contributions sur la recherche archéologique en Afrique du Nord. Un exploit, alors qu'aucune institution nationale ne les soutient.«Pour la première fois, la revue s'ouvre à la muséologie !» Nagète Aïn Seba, professeur de préhistoire à l'Institut d'archéologie à Alger II, est ravie. Ikosim, revue scientifique internationale publiée en Algérie et consacrée à la recherche en archéologie en Afrique du Nord, a déjà réussi le pari qu'elle s'était fixé : réveiller une discipline endormie. Au point que pour le troisième numéro, le comité scientifique a reçu bien plus de contributions, comme celui de Radia Drici, maître-assistante à l'Ecole de conservation et restauration des biens culturels, sur une kherqa, broderie attestant de l'initiation et de l'instruction d'une jeune fille. «Les articles parlent d'archéologie mais les sujets traités ont une résonance dans notre vie aujourd'hui», souligne Farida Benouis, la directrice de la rédaction, membre avec Nadjet Aïn Seba et Ginette Aumassip, ancienne directrice du laboratoire de recherche sur l'Afrique au CNRS, de l'Association algérienne pour la sauvegarde et la promotion du patrimoine archéologique.Et de citer en exemple l'article de Boulefaa El Habib Tahari, architecte et enseignant à l'EPAU, sur la gestion des eaux pluviales dans La Casbah à l'époque ottomane. «A ce moment-là existait un savoir-faire pour empêcher les eaux de rester dans la ville et les évacuer vers la mer que nous avons perdue», soulève Farida Benouis qui signe un autre article lié à l'eau, sur la restauration de l'aqueduc de Aïn Zeboudja, au Val d'Hydra. A l'intérieur de la cité Chaabani se trouve le seul et dernier témoin de l'aménagement hydraulique de la période ottomane, classé au patrimoine national, restauré en deux étapes, en 2008 puis en 2013. «Mais cette restauration ne sera accomplie que lorsqu'elle permettra de rendre l'aqueduc visible par le public, que la palissade qui le cache soit retirée et qu'il soit mis en valeur par un éclairage nocturne», souligne encore l'auteure.BénévolesL'eau, il est encore question avec la contribution de Philippe Levaux, un antiquisant, sur la patrimonialisation des ouvrages hydrauliques qui, selon lui, proposent des solutions intéressantes à des problèmes d'actualité en matière de développement durable. Si vous êtes passionné d'archéologie, vous trouverez aussi dans Ikosim des articles sur les aménagements militaires (très historique, sur les forts et les fortins, ou plus technique, avec une étude balistique sur la portée des canons de la citadelle). «La revue comprend des articles scientifiques de fond, mais aussi des notes, des résumés de thèses de doctorat ou encore des inventaires de site? ainsi que des chroniques du patrimoine déplacé, que l'on retrouve dans des petits musées à l'étranger. C'est aussi cela, sa vocation de ?'manuel utilisable par les professionnels mais aussi par les étudiants», précise Nadjet Aïn Seba.Vendue (1) 800 DA, Ikosim est financée par des mécènes et des fonds étrangers, mais au grand regret des initiatrices de ce projet, par aucune institution nationale. «Alors même que la politique plaide pour une aide à la recherche !», s'étonne Farida Benouis. «Toutes les personnes qui travaillent sur Ikosim le font bénévolement, mais nous devons tout de même payer l'impression et la maquette. Le peu d'argent que nous gagnons sert à faire fonctionner l'association. C'est la raison pour laquelle nous lançons aussi dans la revue un appel à souscriptions», souligne encore Nadjet Aïn Seba. (1) Disponible à Alger, dans les librairies Beaux-Arts, Tiers-Monde, Oméga à El Aurassi, Ijtihad, Lettres et arts, à la Librairie générale d'El Biar, place Kennedy. En France, à la librairie Picard et Epona, 82, rue Bonaparte, place Saint-Sulpice, Paris 6e.
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Posté Le : 24/10/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Mélanie Matarese
Source : www.elwatan.com