Idir : « Une chanson vaut 1 000 discours »

Idir (Hamid Cheriet, de son vrai nom), chanteur de « world music » et auteur-compositeur algérien de 61 ans, se produit ce soir à 21 heures, au jardin public, en clôture de l'Estivada. Avec en fil rouge la défense de la cause kabyle.

Votre avis sur l'Estivada ?

L'intention est bonne, avec cette idée de fraternité, d'affirmation de soi, de quête d'identité. C'est la première fois que je viens à Rodez.

Quel message faites-vous passer dans vos chansons ?

Une bonne chanson vaut 1 000 discours. Témoin de son temps, le chanteur met le doigt là où ça fait mal, avec un côté émotionnel et entier. En 30 ans de carrière, j'ai sorti seulement quatre disques, qui ont bien marché.

Quel est votre modèle ?

Georges Brassens, pour sa lucidité, sa capacité à pourfendre la bêtise humaine.

Vos thèmes de prédilection ?

L'amour, l'exil, la liberté et les femmes de chez nous, vivant une situation difficile. C'est aussi l'histoire de mon parcours, de mon village kabyle à la culture bordurée jusqu'à mon arrivée en France, où j'ai découvert le sens de la liberté d'expression.

Vous tenez des concerts pour soutenir des causes.

Oui : sida, lutte contre le racisme, cause palestinienne… J'en faisais beaucoup auparavant, moins maintenant, avec l'âge. D'autant que peu de chose m'interpelle.

Vous défendez la cause kabyle.

La Kabylie a un problème d'identité culturel, qui peut être résolu autrement que par la violence. Le pouvoir politique veut empêcher la culture de s'exprimer. Nous avons les moyens de le contrecarrer, sans tomber dans le manichéisme. La culture berbère est inscrite dans la constitution, une avancée énorme. Certains demandent l'indépendance de la Kabylie. Mais sans l'Algérie, nous ne sommes rien.