Algérie

Idir revisité



Le Colloque national sur l'oeuvre immortelle du chanteur kabyle Idir a pris fin jeudi. Organisé par le Centre de recherche en langue et culture amazighes (Crlca) et la faculté des lettres et des langues de l'université Abderrahmane-Mira de Béjaïa, cet événement culturel a été l'occasion de décortiquer l'oeuvre et le parcours de feu Iidir, de son vrai nom Hamid Cheriet. Sous le thème «Idir au-delà d'une voix, une oeuvre d'art», ce colloque premier du genre a été ouvert mardi dernier, coïncidant avec le 25 octobre 1949 date de sa naissance au village Ath Lahcène, commune d'Ath Yenni, wilaya de Tizi Ouzou.«Avava Inouva»: chanson phare d'Idir
Idir est décédé le 2 mai 2020 en laissant derrière lui un patrimoine culturel immortel, jalousement conservé par plusieurs générations de fans.
Cet évènement culturel, premier du genre, a regroupé Idit et son oeuvre à travers plusieurs conférences, projections vidéo et témoignages portant sur la vie, le parcours et le succès de l'artiste, bref l'ensemble des facettes de l'artiste, dont l'oeuvre a été un vecteur retentissant à l'identité amazighe dans sa double dimension culturelle et linguistique.
La chanson «Avava Inouva» a incontestablement polarisé le premier jour du colloque Les intervenants qui ont abordé le parcours artistique, poétique et musical du défunt Idir, et aussi certains de ses «combats», notamment celui pour les droits de la femme, ont été unanimes à dire que son héritage culturel, anthropologique et sociétal inégalé font de lui un «artiste universel hors normes» et ont tous choisi «Avava Inouva» pour en faire la démonstration. «Avava Inouva», ont souligné des intervenants, est une chanson mythique et une légende antique kabyle, qui regroupe en son sein une foule d'arguments qui la rendent si unique, qu'il s'agisse de la profondeur du poème, de la pertinence et de la justesse des mots employés, de la singularité de ses sonorités et de son style, qui évoquent l'authenticité et la modernité, mariées dans une heureuse et naturelle harmonie. «Tube planétaire par excellence, ''Avava Inouva' a permis à la culture et la musique kabyles de percer dans le monde», a souligné en substance Tassaâdit Yahyaoui de l'université de Tizi-Ouzou. Le colloque a été riche en débats et en témoignages, notamment sur l'itinéraire de la création d' «Avava-Inouva», sa mise en parole et en musique, et qui, ironie de l'histoire, devait être chantée par l'autre icône nationale Djamel Allam, l'auteur de «Mara ad yughal», qui en avait décliné l'offre faite par Idir lui-même. Depuis, la chanson est passée sur toutes les radios et les chaïnes de télévision, a relevé, pour sa part, le chanteur Belaïd Thagrawla, qui, dans un témoignage poignant, a mis en exergue une autre chanson phare de Idir, qui «n'a, certes, pas connu le retentissement d'''Avava Inouva'', mais qui a bercé toutes les chaumières kabyles. Il s'agit de «Arsed a yidhass» (tombe ô sommeil), une berceuse pour les grands et les petits», a-t-il indiqué. Dans son témoignage, le chanteur Boudjemaâ Agraw a pris le temps de restituer les moments de partage et de collaboration, en Algérie comme en France, avec Idir et le travail fait par ses soins pour mettre en selle les nouveaux talents.
L'écrivain Rachid Oulebsir, qui a côtoyé Idir depuis leur passage au lycée Emir Abdelkader à Alger, s'est remis dans la peau du lycéen qu'il était à la naissance de la chanson «A vava inouva» dans une conférence intitulée «Témoignage d'un ancien lycéen ayant vu naître «''A vava inouva''». Cela a ravivé les années 70, une magnifique version de l'itinéraire de l'auteur de «Avava Inouva».
Des chercheurs émérites ont décrypté l'oeuvre et le parcours d'Idir ainsi que leurs impacts multidimensionnels sur la musique, la chanson, l'anthropologie, la poésie ou sur les thèmes qui en dépendent lors des trois jours qu'aura duré ce colloque, ouvert avec une intervention du célèbre artiste, poète et compositeur Kamel Hammadi. «Le grand Idir tel que je l'ai connu» était l'intitulé du témoignage de Kamel Hamadi, l'accompagnateur d'une grande partie des artistes algériens de la belle époque pour qui il avait composé des centaines de chansons.
Conférences multiples
«Vava inouva, une mélodie berbère au carrefour des musiques du monde» par Mohamed Rezzik de l'université d'Alger suivi de la «lecture de deux chansons mythiques, ''Vava inouva'' et ''Sendu(» par l'écrivain Djamel Laceb. La tradition orale et le renouvèlement tel que perçus à travers l'oeuvre de Idir ont dominé les travaux du colloque dans l'après-midi. Ecrivain et professeur d'université Mohand-Akli Salhi,ainsi que Tassadit Yahiaoui et Zakia Daïd se sont exprimés sur le sens et ainsi la fonction de quelques proverbes utilisés dans les textes chantés d'Idir. Quant à, l'engagement d'Idir, c'était Kamel Medjdoub, Saliha Igni, Abdelghani Moussouni et Hammou Amarène qui ont développé divers thèmes dont «Idir, un chanteur féministe», «la femme dans la chanson de Idir», «les dimensions socioculturelles et politiques des chansons d'émigration-immigration d'Idir» et «Idir l'anthropologue par excellence».


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