Algérie

Idir et son public, une communion des c'urs et des esprits


Nostalgie, communion, fierté et revendication étaient les maîtres-mots du spectacle exceptionnel qu'a donné le chanteur, avant-hier soir, à la Coupole du complexe olympique Mohamed-Boudiaf à Alger, devant des gradins occupés par des fans, heureux et satisfaits à la fois de revoir le chantre de la Kabylie rétablir ce lien avec eux.Dans une coupole des grands soirs, réveillée de sa torpeur hivernale, avec la clémence des températures de ce début du mois de janvier aidant, des hordes humaines, venues des quatre coins du pays, se sont donné rendez-vous pour renouer, après 39 ans d'absence de la scène musicale algérienne, avec l'enfant prodige d'Ath Yenni, Idir. Nostalgie, communion, fierté et revendication étaient les maîtres-mots du spectacle exceptionnel qu'a donné le chanteur, avant-hier soir, à la coupole du complexe olympique Mohamed-Boudiaf à Alger, devant des gradins occupés par des fans, heureux et satisfaits à la fois de revoir le chantre de la Kabylie rétablir ce lien avec eux, et même les billets de 3 000 DA n'auront finalement aucunement dissuadé les spectateurs de venir assister en nombre à ce concert. Afin de rendre hommage à son village natal, Ath Yenni, lieu de naissance qu'il partage avec Da lmulud, Idir convie la chorale féminine du collège Larbi-Mezani de la même région, qui reprend ses titres Targit (faisons un rêve), Amedyaz (le poète), Ad ezzi ssaa ( le temps viendra) de Slimane Azem, pour finir sur un hymne à la coexistence, Change le monde, adaptée de We are the world, de Michael Jackson. Dans une petite vidéo diffusée avant son apparition sur scène, l'artiste lance : "J'attends ce retour avec une énorme émotion, c'est un moment spécial pour moi". Mais, l'entrée tant attendue d'Idir sera sciemment retardée par l'apparition d'un enfant du village d'Ath Yenni qui déclamera un poème en l'honneur de Idir, et de la fille du chanteur, Thanina, vêtue d'une robe kabyle. Enfin, après plusieurs décennies de privation de ce rapport unique qui lie un artiste à son public, Idir fait une entrée digne d'une rock star, après un décompte hurlé par l'assistance.
Mais modeste, l'artiste s'avance humblement sur scène, avec son chapeau vissé sur le crâne. Il donne les premiers accords de Yelha w urar en lançant : "Vous ne pouvez pas imaginer ce que je ressens, en revenant ici, chanter devant les miens. Devant mon public algérien. Merci de cet accueil, je suis vraiment très touché". Des paroles de retrouvailles auxquelles l'assistance répliquera par des youyous, des cris de joie et des "Imazighen", qui seront d'ailleurs scandés tout au long de la soirée.
Communion
Aghriv, une chanson dédiée aux émigrés, et "à ces pénélopes qui attendent leur Ulysse, en faisant et défaisant leur tissage jusqu'à ce qu'il revienne. Qui scrutent un horizon improbable dans l'espoir de voir revenir celui qui va changer leur vie. Et ça, j'aimerais bien le partager avec vous parce que c'est notre histoire", dira-t-il. Plus qu'un simple lien artistique avec son public, Idir établit une réelle communion des c?urs et des esprits, puisque, loin d'être avare en paroles, il se dévoilera un peu plus tout au long de la soirée, en partageant ses émotions et l'histoire de ses chansons nées de ses moments les plus fragiles. Aux premières notes jouées de Cfigh (je me souviens), la coupole reprend en ch?ur cette chanson relatant une enfance difficile, au grand bonheur du chanteur qui déclare tout de go "si c'est comme ça je vais prendre un café et une cigarette et je vous laisse continuer". Le ton nostalgique du morceau plongera la coupole dans une ambiance intimiste, avec, à la place des briquets d'antan utilisés dans les concerts, des tablettes et autres smartphones. Une intrusion de la technologie qui n'a cependant entamé en rien, la magie de la chanson. Avec sa fille également, la communion est palpable. Cette relation unique a été mise en avant lors du gala, où l'on voyait une fille fière d'hériter de tout ce que son illustre père représente, et d'un autre côté, le regard bienveillant de Idir sur sa Thanina.
Hommage aux femmes
Avec Ssendu (baratte) le chante de la musique kabyle explique "ma maman vivait dans un milieu qui n'était pas toujours propice, un milieu où l'homme avait un rôle dominant. Elle ne pouvait se parler qu'à elle-même, elle confiait alors des choses à cet instrument. À travers ce qu'elle disait, je voyais une femme qui racontait ses peines, sa mal-vie, j'ai compris une chose, c'est qu'il n'est pas évident d'être une femme. Je vous demande de bien penser à elle, tous ensemble, que ce soit votre maman, votre femme ou autre. on est là pour elle, en communion. On est des milliers de c?urs qui sont là, assis les uns à côté des autres". Des propos qui seront d'ailleurs accompagnés de youyous et d'applaudissements. Mais, petit bémol de la soirée, la piste de danse de la coupole était inaccessible, hier soir, au public, périmètre sécuritaire oblige, avec la présence notamment, du président du forum des chefs d'entreprise (FCE), Ali Haddad, des ministres de la Culture, du Tourisme et celui de la Jeunesse et des Sports, respectivement, Azzedine Mihoubi, Hacène Marmouri et Al Hadi Ould Ali. Les spectateurs ont été ce faisant obligés d'occuper l'espace exigu des gradins pour se défouler.
Yasmine Azzouz
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