Algérie

Identités culturelles, occidentalité européocentriste et modernité planétaire universelle



Et parlant de langage, il semble que nombre d'historiens ne sont pas d'un commun accord sur la désignation des périodicités historiques ou des phases marquantes des débuts de la Modernité qui est peut-être, de notre humble point de vue, à reconsidérer dans ses fondements car il semble, en réexaminant les faits de l'histoire sous un autre angle de vue et à la lumière d'autres considérations occultées jusqu'ici que 1492 par exemple ne marque pas le commencement de l'ère moderne mais constitue plutôt la date du fondement de l'Europe chrétienne qui s'érige puissamment en opposition à l'empire musulman croulant et le reste du monde: Edgar Morin: «(...)une Espagne arabo-berbère (...) offrait, et en quelque sorte imposait, à l'Espagne catholique une pluralité religieuse entre musulmans, juifs, chrétiens. Une Europe poly-religieuse était-elle possible? Mais les rois cahtoliques, maîtres de toute l'Espagne après la chute de Grenade (1492) chassèrent aussitôt musulmans et juifs non convertis, ce qui imposa pour longtemps le seul christianisme en Europe. Seuls les juifs y survécurent, ici et là dans de petits ghettos toujours menacés. Le christianisme triomphant se ferma avec arrogance sur lui-même prochassant et éradiquant doutes et hérésies. Le monopole chrétien sur toute croyance et toute pensée règnera sur l'Europe médiévale» (in «Penser l'Europe» Editions Gallimmard France 1987). Quant à la Modernité proprement dite, avec ses valeurs libertaires et idéaux promotionnels de l'être en général, il semble bien que plutôt qu'en 1492 elle ait commencé, plus nettement à un autre point de cristalisation de l'histoire:c'est ce que laisse entendre un Jean-Marie Domenach par exemple lorsqu'il écrit à propos de la question de la modernité justement «(...) la plupart des historiens font commencer l'ère moderne en 1453 date de la chute de Byzance (d'autres historiens préfèrent retenir 1492 date de la découverte de l'Amérique... cela ne fait qu'une quarantaine d'années de différence) qui marqua la fin du monde antique pour la clore en 1789 date où s'ouvre l'ère «contemporaine» (Ch. Peguy fait commencer le «monde moderne» en 1881: il y voit la coupure symbolique entre l'ancien monde marqué par la foi, la communauté, le travail et le nouveau corrompu par l'argent. Mais il est remarquable aussi que c'est à partir de ces «années 80» que commence la critique (philosophique, littéraire, esthétique) des dogmes du progrès, du libéralisme du positivisme critique d'avant-garde en avance de plusieurs décennies sur les mentalités). Ce n'est pas cette périodisation que nous avons retenue pour des raisons qui se préciseront au fil des cours. La modernité nous semble moins une période chronologiquement définie qu'une «idée régulatrice» (ou dé-régulatrice) une culture; un état d'esprit (ensemble d'aspirations, de recherches, de valeurs) qui s'impose à la fin du XVIIIè siècle et qui s'inscrit ainsi dans l'époque que les manuels d'histoires nomment contemporaine (...). S'il est vrai que le mot «moderne» est apparu au XIV siècle par opposition à «ancien» qui caractérisait l'antiquité gréco-latine, il n'a pris sa charge affective que plus tard, donnant naissance à ce concept de «modernité» qui apparaît en 1850 avec G. de Nerval et Baudelaire b) et qui regroupe autour de lui un ensemble de significations flottantes :esthétiques, philosophiques et politiques, nettement orientées par une volonté provocante d'aimer son époque et de la célébrer (...) Pour Baudelaire comme pour Rimbaud («Il faut absolument être moderne») comme pour plus tard les surréalistes, la modernité signifie d'abord la destruction des formes figées qui arrêtent l'évolution des arts, des sentiments, des idées et des moeurs: à partir de quoi l'on peut se reconcilier avec le présent (...) la modernité commence bien avant la révolution française. Selon l'angle par lequel on la regarde, on mentionnera le progrés des sciences et des techniques qui s'accélère à la fin du XVIII siècle, la formation du capitalisme industriel, enfin l'explosion culturelle dont témoignent les Encyclopédistes. C'est ce dernier phénomène que nous privilégions, sans oublier les autres. La critique des fondements de l'ordre établi a toujours existé mais elle se dissimulait, par prudence. Au XVIIIsiècle elle s'exprime ouvertement et devient l'idéologie dominante de ce qu'on a appelé le Siècle des Lumières. Foisonnement intellectuel que nous ramenons à quelques éléments. D'abord une rupture avec l'ancienne société (...). L'avènement de la modernité entraîne la fin de la chrétienté (...)» (in «approches de la modernité»» Ch.1 P.14 15.16 professeur Jean-Marie Domenach. Editions Marketing Ecole Polytechnique, copiright 1986 paris. France 1986). En nous reférant à un certain nombre de considérations dont les écrits d'historiens et d'auteurs, entre autres ceux cités ci-dessus, la période historique de 1492 semble en principe renvoyer aux débuts de l'Europeo-centrisme où l'Occident chrétien caractérisé précisément par l'idéologie de l'occidentalisme. Par contre la Modernité, surgie un peu plus tardivement et au sein même de la culture occidentale semble elle, renvoyer aux débuts de l'ère des Lumières de la Révolution française de 1789 et la formidable envolée contemporaine des techniques et sciences pluridisciplinaires dont les multiples implications multidimensionnelles, technologiques, socio-économiques, culturelles, artistiques etc...qui sont à la base du changement historique radical qui s'est opéré dans la société humaine avec la mutation politico-philosophique mentale transposant l'homme moderne du statut de sujet assujeti aux chapelles de l'Eglise et de la Royauté d'antan à celui du statut révolutionnaire de citoyen dignitaire aux droits et devoirs reconnus et consacrés par une constitution républicaine démocratiquement éligible et souveraine. Autrement dit la modernité est fille de l'esprit des Lumières de 1789 et des valeurs libertaires et émancipatrices du libéralisme humaniste et «ennoblisseur»des précurseurs du XVIII siècle (le tout récent ouvrage de Christopher Alan Bayly, «la naissance du monde moderne (1780-1914» Editions de l'Atelier-le Monde diplomatique Paris 2006) semble selon les échos de la presse du Monde diplomatique notamment (site internet) remettre en cause de fond en comble les visions historiques classiques connues jusqu'ici en ce sens que l'auteur professeur d'histoire et spécialiste britannique de la colonisation à l'université de Cambridge soutient la théorie que «toute histoire locale, nationale ou régionale relève aussi dans une large mesure d'une histoire mondialisée. Il n'est plus possible d'écrire une histoire qui serait «américaine» ou «européenne» au sens le plus étroit du terme et il est encourageant de constater que nombre d'historiens se sont d'ores et déjà rangés à ce point de vue. Durant les années 1950-1960 les membres de l'école historiographique française des Annales, emmenés par Fernand Braudel ont été les pionniers d'une approche mondialisée de l'histoire économique et sociale traitant du début de l'ère moderne». La dimension essentielle de la modernité, nous réaffirment les échos de ce livre «tient à la conviction que l'on est moderne. La modernité est une aspiration à être «en phase avec son époque». Elle a pris la forme d'un processus d'émulation et d'emprunt. A l'instar des érudits de la Renaissance européenne qui étaient convaincus d'être les acteurs d'un retour aux enseignements inattaquables hérités de l'antiquité classique, un nombre croissant de philosophes, hommes de sciences et de lettres, artistes et bonnes gens de la société semblent avoir été convaincus entre 1780 et 1914 d'être les acteurs-témoins d'un nouveau monde en ce sens qu'ils se sentaient vivre dans un monde autre, différent de l'antérieur celui dit moderne, ou une bonne part de la pensée humaine développée jusque là était devenue caduque et devait inexorablement céder la place aux idées novatrices de la modernité . Dés la fin du XIX siècle les icones de la modernisation technologique partout présentes- le train et ses réseaux ferroviaires de par le monde, l'automobile et son code de la route international, l'avion et ses pistes et aéroports internationaux, le téléphone, la radio, le cinéma, la télévision, la presse, l'informatique, les multimédias et leurs réseaux planétaires et satellitaires, les institutions et organismes universels etc....etc...- vinrent confirmer à cette idée une. Dimension dramatique


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