Algérie

Idéaux trahis Edito : les autres articles



Idéaux trahis Edito : les autres articles
La commémoration d'événements historiques, tout en occultant le message qu'ils portent, est l'une des spécificités de l'Algérie indépendante. Tous les idéaux conçus et portés dans le feu de la guerre d'indépendance sont scrupuleusement ignorés, souvent combattus, plus d'un demi-siècle après le recouvrement de la souveraineté nationale. La chronique actuelle et l'histoire récente du pays sonnent comme un démenti cinglant au projet politique forgé au cours de la lutte pour l'indépendance. La commémoration, aujourd'hui, du 57e anniversaire du Congrès de la Soummam se fera, encore une fois, sans regarder l'histoire de face, sans faire le bilan de ce qui est advenu du pays 51 ans après la victoire contre l'occupation coloniale. La république démocratique et sociale, projetée lors du Congrès de la Soummam, est loin d'être traduite dans les faits. C'est l'image d'un système foncièrement corrompu qui est renvoyée vers l'étranger et qui est vécue et subie par la société algérienne depuis des décennies. Nous avons du mal à dépasser le stade de la république bananière où l'on est coopté aux postes de commande pour se servir et prendre la fuite, quand le scandale éclate, loin des juridictions nationales.Enoncés dans l'adversité de la guerre, quand les congressistes n'étaient même pas sûrs de survivre à leur réunion, les principes de la Soummam sont remisés dans les archives de l'histoire avant de connaître le moindre début de mise en application une fois l'indépendance arrachée. Au lendemain de la proclamation de l'indépendance, l'armée stationnée aux frontières s'ébranle en direction de la capitale où elle asseoira son pouvoir pour longtemps. Un déroulement historique qui s'inscrivait à rebours de ce qui était préconisé six ans auparavant lors du Congrès de la Soummam. Les «troupes» s'emparaient du pouvoir politique et elles étaient venues de l'extérieur (Oujda et Ghardimaou) pour faire plier l'«intérieur». Une deuxième mort pour Abane Ramdane, l'homme-clé du Congrès de la Soummam, consacré par l'histoire comme l'architecte de la Révolution.
De l'état-major général (EMG) à l'état-major tout court, l'Algérie n'a pas fait de grands bonds historiques pour dépasser le coup de force de l'été 1962. La marche «dans le sens historique de l'humanité et non un retour vers le féodalisme», proclamée en août 1956, est, à ce jour, méthodiquement inversée par ceux qui se proclament, pourtant, comme les continuateurs ou les héritiers du combat libérateur, faisant valoir une légitimité historique jamais établie. Le progrès politique est à ce point faible que l'on cherche présentement, et désespérément, une personnalité parmi les militaires en retraite pour combler le vide politique actuel et lever le psychodrame national qu'est devenue la prochaine élection présidentielle.


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