Algérie

Iconographie des âmes en quête



Naïm Boukir n'a jamais exposé en Algérie et pourtant, à la découverte de ses ?uvres exposées aux Ateliers sauvages, on est face à une création protéiforme où se mêlent spiritualité, introspection et grâce.Visible jusqu'au 4 décembre, l'exposition de Naïm Boukir révèle aux amoureux des arts plastiques un talent quasiment inconnu en Algérie. Et pour cause, l'artiste prend le temps de se parcourir tout en contemplant le monde avant d'accoucher d'une esquisse, ce qui est devenu rare dans un contexte artistique prompt à la fast-production ! Contemplatifs, en effet, ces tableaux aux différents formats qui offrent non seulement un aperçu des questionnements de l'artiste mais aussi une brèche d'interprétation subjective permettant au spectateur de dialoguer avec ses propres angoisses.
La spiritualité est au c?ur de ce travail qui reproduit, avec une sincérité remarquable, le cheminement quasi-initiatique de Naïm Boukir. Passionné de soufisme et de diverses autres philosophies mystiques, son univers plastique est gorgé de références, d'évocations subtiles et d'onirisme.
La quête du sens et de soi-même, la traque paisible d'une beauté cachée, d'un moment d'apesanteur et de réconciliation avec le monde, l'ouverture infinie du diaphragme sur les multiples possibilités de la vie et de la mort, l'incertitude féconde et l'élévation? traversent l'iconographie de Boukir sans pour autant en établir la signification exclusive.
Qu'il contemple les reliefs et les oscillations extérieurs qui façonnent notre monde physique ou qu'il retourne le regard vers l'intérieur en sublimant les mouvements de l'esprit, l'artiste raconte dans une orgie de couleurs et de formes l'essence ésotérique de chacun d'entre nous en ce qu'il a de perpétuellement interrogateur et de chroniquement insatisfait. Pourtant, une étrange sérénité se dégage de ces peintures où la quête n'est pas synonyme d'épuisement mais d'épanouissement dans la réinvention permanente du sens ; où le besoin d'une transcendance ne renvoie pas forcément à l'obéissance aux dogmes.
Comme dans certaines branches du soufisme, l'humain est au centre de cette célébration : il est la genèse, la force et l'aboutissement d'une histoire passionnée qui renvoie autant à Halladj qu'à Zarathoustra. Omniprésente, la montagne incarne cette insatiable soif de hauteur ; elle renvoie à une imagerie centrale des croyances qui ont marqué l'humanité mais elle traduit aussi la puissance, l'inaltérabilité, le défi au temps, une poésie rocailleuse et fuyante qui résume l'insoupçonnable capacité de l'humain à s'enraciner solidement tout en survolant le monde.
De la beauté donc, et une belle expérience intérieure sont promises au visiteur des Ateliers sauvages jusqu'au
4 décembre.
S. H.


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