Algérie

ICI MIEUX QUE LA-BAS Une année Gangnam style !



arezkimetref@free.fr
L'exercice est rituel, et immuable : quelle rétrospective de l'année doit-on faire pour cette dernière chronique millésimée 2012 ' Quel événement ou quel personnage aura-t-il déjà marqué de son empreinte les feuilles volantes du calendrier de l'année qui s'en va ' Quels éléments ou quels personnages ' Le pluriel peut ou même doit être de rigueur '
Pour tout dire, l'exercice est devenu lassant et je ne sais pourquoi je m'y prête ici. Peut-être pour dire qu'à partir d'un certain âge («parle pour imême, mon vieux !», me souffle le souffleur), on retombe toujours dans le déjà-vu, déjà-entendu, déjà-dit. L'ennui, avec l'âge, c'est qu'il gomme les aspérités, rabote les enthousiasmes, équarrit les émerveillements. On a l'impression que, comme la terre, le monde mental tourne indéfiniment autour de lui-même et que, surprise ou pas surprise, la nuit précède le jour et lui succède et inversement. Oui, je sais, il s'en est passé des choses en 2012. Du nouveau ' Barack Obama a été réélu aux Etats- Unis à l'issue d'une campagne électorale que les télés et internet ont rendue planétaire. Pas moyen d'échapper à ça, même quand, à l'instar de mon pote Belkacem, on s'interdit depuis 30 ans d'avoir un poste télé chez soi. Mais partout ailleurs, sur son téléphone, sur son ordinateur, sur je ne sais quoi, l'info t'arrive sans que tu la cherches. Obama a été réélu. Ce n'est donc pas celui-là, l'événement marquant. Il aurait pu l'être si… Si quoi ' Si par exemple, le premier président noir des Etats-Unis avait eu le courage d'échapper à l'influence de tous les lobbies et d'entreprendre une politique internationale plus juste, notamment au Moyen- Orient où les droits des Palestiniens sont plus que jamais bafoués par un Israël qui se sent pousser des ailes davantage encore que sous la gouvernance mondiale du faucon Bush. Comme quoi !... Un autre événement ' L'Egypte, Morsi et ses aspirations théocratico-dictatoriales, un renouveau qui n'en est pas un ' Le recours à la Place Tahrir, l'agora qui scande la marche d'un peuple vers sa liberté ' Ce n'est pas ce coup-là, pour sûr ! La Tunisie et ses fantassins intégristes qui transforment le pays d'Afrique du Nord le plus avancé en matière des droits des femmes en satrapie salafiste où des flics violent des jeunes femmes qu'ils traînent par la suite devant les tribunaux pour atteinte à la pudeur et où des phalanges d'illuminés font régner l'ordre, le leur, en en remontrant au gouvernement islamiste incapable de s'opposer à leurs excès attentatoires aux principes et aux lois républicains qui survivent bon an mal an depuis Bourguiba ' Ce n'est pas non plus l'événement à marquer d'une pierre blanche. Peut-être alors le Mali ' Que se joue-t-il donc de si important là ' Difficile à déchiffrer ! Au-delà de la «guerre de religion» à laquelle les différents protagonistes islamistes donnent le vernis au conflit, à quels besoins énergétiques ou géostratégiques répond la déstructuration et la probable atomisation de ce petit pays ' Hélas, trois fois hélas, venant après la Libye, la Tunisie, l'Egypte, ce n'est plus un événement. Ça ne l'est plus, dans le sens où la théorie des dominos prévisible continue, peut-être plus lentement qu'on ne s'y attendait, mais elle se poursuit inexorablement… Ah, oui, il y a l'élection de Hollande en France, et son voyage en Algérie. Je ne sais pas pourquoi ces deux événements me paraissent liés. Son élection a certes été un événement interne important, survenant après le saccage sarkozien, mais la difficulté à conduire une réelle politique de rupture le fait patiner dans le déjà-vécu. Là aussi, rien d'exceptionnel, a posteriori. Voilà une alternance qui s'est réalisée par le suffrage et voilà l'impétrant qui disait grand et qui fait petit, infiniment plus petit que l'on aurait cru. Quant à son voyage en Algérie, il n'a pas le même sens avant et après, c'est sûr ! Quand on découvre cette histoire de gaz de schiste, on relativise les bonnes paroles sur la mémoire. Cause toujours !... Peut-être l'événement qui mérite la vitrine s'est-il déroulé chez nous, sous nos yeux et qu'on ne l'a même pas remarqué ! Eh oui, qui aura noté que par petites touches, de dégradé en dégradé, sans que ça prenne l'allure de cataclysme, l'année qui est en train de s'écouler soldant les derniers grains du sablier a été celle de la dégringolade des deux dauphins supposés et rivaux de Bouteflika, ceux en tout cas que les analystes du café du commerce lui prêtent, à savoir Ouyahia et Belkhadem ' Certes, chacun fait à sa manière de la résistance, tant qu'il y a du pouvoir, il y a de l'espoir, mais leur étoile a cessé de briller au firmament de l'avenir. On ne sait pas de quoi demain sera fait, mais pour le moment, visiblement, ce sera sans eux ! Mais qui alors, qui ' C'est ça, la nouveauté chez nous, c'est la question sans réponse ! Oui, c'est l'année de la fin du monde, nous a-t-on prévenus ! A tous ceux qui se demandaient à quoi pouvait ressembler l'après fin du monde, je propose ce tableau : on continue sans rien effacer. De toute façon, y a pas vraiment le choix. Alors, perso, les deux éléments qui m'interpellent, l'un triste et l'autre débile, c'est d'abord le décès de Sylvia Kristel. C'est une certaine forme de fin du monde. Et le deuxième, il montre à quel point nous sommes dans la régression au niveau planétaire : le succès insensé de la danse insensée inventée par le rappeur sud-coréen Psy qui triomphe avec sa chanson Gangnam Style. A n'y rien comprendre, franchement !
A. M.
Suite à la chronique de la semaine dernière, j'ai reçu ce message du Dr Hocine Bensaad : «Merci pour ce rappel concernant le gaz de schiste. Il aurait fallu, comme je le soulignais dans mon article paru dans le Quotidien d'Oran le 26 mai 2012, ajouter aux essais nucléaires, les essais d'armes chimiques et bactériologiques menés par la France dans les années soixante, toujours au Sahara. Ce qui soulève la question de la souveraineté de l'Algérie sur son territoire. Ces essais n'auraient jamais eu lieu si la partie algérienne n'était point consentante. Ce qui signifie qu'il existe bel et bien des accords secrets conclus en même temps que les accords d'Evian autorisant la partie française à poursuivre son programme de développement d'armes de destruction massive. Mais ces accords n'ont jamais fait l'objet de publication, cinquante ans après l'indépendance. Faut-il alors s'étonner du maintien du secret sur les archives de la guerre de Libération nationale et d'apprendre par la voix du ministre des Affaires étrangères français qu'un accord sur le gaz de schiste a bel et bien été conclu entre les deux pays alors que le Premier ministre algérien tenait, quelque temps auparavant devant le syndicat et le patronat, un tout autre langage ! Le Sahara demeure donc un polygone d'essais et de convoitise pour l'ex-colonisateur qui récusait jadis l'appartenance de ce territoire à l'Algérie. Peut-on vraiment parler de souveraineté ' Ou est-ce alors une allégeance en bonne et due forme '»


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