Algérie

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Par Arezki Metref
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L?Alg?rie a connu le pire hiver de son histoire. Combien de morts ' M?me s'il n'y en avait eu qu'un, il aurait ?t? de trop. Le comportement du gouvernement, peu glorieux, fait qu?il se garde bien de rendre publiques les statistiques. ? croire que les chiffres ont conscience de la honte qu?ils portent en eux, r?alisant pleinement l?ind?cence de la situation, dans un pays si riche que les responsables se repaissent des r?serves de change engrang?es gr?ce aux hydrocarbures !
Des indications : le 13 f?vrier dernier, au neuvi?me jour de la vague de froid, on d?nombrait 48 morts. Sans compter les disparus. Environ 6 morts par jour pendant toute la dur?e de la temp?te de neige. Si d?velopp?e soit-elle, l?Europe affichait 460 morts d?but f?vrier, ce qui est l? aussi, inconcevable. Mais en Alg?rie, ? la rigueur de l?hiver, s?est ajout?e la mollesse du gouvernement. ? aucun moment, tandis que la neige ensevelissait des villages avec hommes et maisons, un responsable gouvernemental n?a sorti la t?te du confort de sa doudoune pour prononcer ne serait-ce qu?un mot de compassion ? l??gard des populations transies de froid et de douleur, affrontant le choc de leurs morts et leurs disparus. Pas une mesure de solidarit? ! Un silence blanc, total, glacial et aussi mortif?re que le m?pris, indigne de l?humain, a r?pondu ? la souffrance digne d?une population qui a su, elle, r?activer, en cette occasion comme ? chaque fois qu?il est n?cessaire, les solidarit?s traditionnelles qui garantissent la survie et la fraternit? envers et contre tout, et particuli?rement l??tat captif des parvenus. Rien. Nada. Silence total. Comme si le pays profond, largu? aux al?as du temps et ? la constance du m?pris gouvernemental, n?ayant plus d?Etat, totalement apatride, ?tait invit? une fois de plus ? ne compter que sur lui-m?me, sur la fraternit? li?e ? sa condition. Pays en jach?re, sans institutions pour le prot?ger, sans responsables pour veiller sur le bien public ! Vu de pr?s comme de loin, c?est lamentable. Que le pouvoir ait d?montr? pour la ?ni?me fois que la seule chose qui le pr?occupe est l?int?r?t de ses membres, est loin d??tre un scoop. Aucun Alg?rien moyennement patriote, sens?ment critique, normal quoi, ne se serait attendu ? ce qu?il joue son r?le constitutionnel de protecteur. L?usage supplante la th?orie. Que tout le monde sache que ce n?est pas la peine de s?attendre ? ce qu??ils? bougent le petit doigt, que cette id?e soit r?pandue au point de devenir une doxa, est en soi un constat terrible. Les Alg?riens ont int?rioris? qu?ils ont affaire ? des pr?dateurs hautement toxiques, et de ce fait, l?taux. Jusque-l?, rien que de banal, dans l?insupportable. Tout le monde peut faire ? tout moment ce constat. ? plus forte raison, dans des circonstances exceptionnellement dangereuses comme celles que l?on vient de vivre. Pas besoin donc d?en rajouter une couche. Ce qui est pr?occupant, ce n?est donc pas ce silence, attendu, pr?visible, et somme toute logique s?agissant d?un pouvoir d?une telle nature. Ce qui turlupine, c?est le silence de ces intellos et de ces demi-soldes de la politique qui, soutiens inconditionnels du pouvoir quand il serait expos? aux man?uvres de l?imp?rialisme, ne trouvent rien ? redire quand le gouvernement et ses client?les diverses et vari?es laissent choir ce peuple dont ils chantent l?amour platonique. J?aurais peine ? croire que, frapp?s par les intemp?ries, ils en soient devenus aphones ! D?ailleurs, pas un seul parmi eux n?a dit mot lorsque, au pire instant de la temp?te de neige, Bouteflika sonna de sa plus belle voix la mobilisation? pour que les Alg?riens se rendent aux urnes pour les l?gislatives. Pas un seul parmi eux n?a per?u au mieux le surr?alisme de la situation, voire son d?calage absolu. Les d?positaires du patriotisme et de l?anti-imp?rialisme ont le regard vici?, la vue fixe et la langue b?tonn?e. Diront-ils jamais que la peur bleue du pouvoir qu?ils soutiennent, et qui a ?chapp? miraculeusement ? la vague d?vastatrice dite ?printemps arabe?, est d??tre rattrap? par l'histoire ' Divers signes le montrent. Peur ' Un peu pour le pays, beaucoup pour eux m?mes ! C?est pourquoi ils veulent mobiliser tous les Alg?riens, les sortir de l?indiff?rence qu?ils ont fini par leur inspirer, vouloir racheter en quelques jours des ann?es de m?pris et d?autoritarisme. Il n'?chappe ? personne que le pouvoir actuel, ses ministres d?connect?s et ses d?put?s on?reux et inutiles, est en train de concocter une victoire des islamistes aux prochaines l?gislatives. Une fa?on de dire ?? l'imp?rialisme : pas besoin de r?volution pour ?a, on va nous en charger nous-m?mes. Comment allons-nous nommer cette invocation, supplication, explication ' Je veux parler de l?ubuesque audition en d?cembre 2011 de Mourad Medelci, notre ministre des Affaires ?trang?res, non pas par l?Assembl?e nationale alg?rienne, mais bien par des d?put?s du Palais Bourbon ? Paris. Cinquante ans apr?s l?Ind?pendance, on se croirait revenu au temps des colonies. Si l'on doit rendre compte de la politique men?e au nom du peuple alg?rien, c'est bien ? ce dernier qu'il convient de s'adresser, et de pr?f?rence sans passer par les d?put?s qui ne repr?sentent qu'eux m?mes. Autre occasion de d?noncer une ing?rence : la visite d'Hillary Clinton ? Alger. La secr?taire d'Etat, p?n?tr?e de la puissance am?ricaine dans la r?gion paradoxalement recouvr?e lors des ?v?nements de ce qu'on appelle ?le printemps arabe?, est venue donner des le?ons ? nos officiels et ? leurs d?fenseurs anti-imp?rialistes qui, en la circonstance, n'ont su trouver les mots adress?s habituellement aux cibles faciles. Mais parlez, bon sang, c?est le moment de dire distinctement que l?ing?rence am?ricaine est insupportable ! Faites comme le Pads (Parti alg?rien pour la d?mocratie et le socialisme) qui d?nonce haut et fort, dans une d?claration dat?e du 26 f?vrier, qu?Hillary Clinton ait fait escale ? Alger ?pour dicter ses instructions ? un r?gime alg?rien incapable de lui indiquer les limites ? ne pas franchir ?.


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