Algérie

Ici mieux que là -bas


Ici mieux que là -bas
M'est avis que c'est la semaine des référendums sur l'autonomie. Kurdistan, Catalogne”? Coïncidence ' T'inquiète pas, il ne s'agit pas de”? la Kabylie ! L'actualité est plutôt marquée par ce référendum à partir duquel va naître une république autonome kurde de l'Irak, ce qui donne des boutons, on le comprend, au Turc Erdogan et à quelques autres dans le coin et au-delà .
Allô, Alger '... C'est sans doute l'accomplissement d'un vœu et d'une revendication millénaires pour les Kurdes. Cependant les conditions historiques dans lesquelles se réalise ce vieux rêve, dans le cadre d'une région explosive, sont pour le moins complexes.
En tout cas, c'est sans aucune surprise que la majorité des électeurs au Kurdistan ont voté en faveur de l'indépendance à un référendum organisé avec la totale désapprobation compréhensible de Baghdad.
En Europe, c'est surtout ce référendum pour l'indépendance de la Catalogne qui déstabilise l'Espagne bien sûr, et qui inquiète l'Union européenne. En France par exemple, pays jacobin autoritaire sur la question des autonomies régionales, c'est Manuel Valls, le Catalan de service dans la vie politique française, qui est monté au créneau pour désapprouver totalement l'initiative de cette consultation populaire qui revient au gouvernement catalan dirigé par l'indépendantiste Carles Puigdemont.
On peut comprendre que le gouvernement de Madrid tente d'empêcher le déroulement d'un référendum par lequel le gouvernement régional de Barcelone demande aux Catalans s'ils veulent se séparer de l'Espagne. D'ailleurs, il est amusant de constater que la répression preventive du pouvoir de Madrid qui envoie des policiers confisquer le matériel électoral, transforme le futur scrutin en référendum-guérilla. Il y eut dans les jours qui viennent de s'écouler des péripéties rocambolesques de flics qui essayent de saisir des urnes que d'autres flics, favorables à l'indépendance, cachent.
Et les membres du gouvernement catalan, organisateurs de la consultation, deviennent de ce fait coupables de faits délictueux.
L'enjeu est bien sûr politique, mais il est adossé à des bases économiques, juridiques et fiscales.
Les nationalistes catalans s'insurgent contre la redistribution des richesses de la Catalogne, cette région étant l'une des plus riches et des plus puissantes du pays. Elle représente en effet 20% du PIB espagnol. Le sentiment de nourrir l'Espagne au détriment du développement régional est un élément qui s'ajoute à un argumentaire historique en faveur de l'indépendance déjà bien copieux.
Le particularisme catalan est très fort et plonge ses racines dans l'histoire troublée de l'Europe, et en particulier des relations du royaume espagnol avec son puissant voisin du Nord, la France. C'est Charlemagne qui, en 801, crée la Catalogne alors appelée la marche d'Espagne, comme zone tampon pour protéger son royaume franc contre l'Espagne musulmane.
En 1137, naît le comté de Barcelone, matrice de la Catalogne actuelle. S'ensuit une série de péripéties à travers l'histoire où la Catalogne fut souvent autonome et parfois indépendante. Pathétique histoire qui vit la République catalane être proclamée par quatre fois, et par quatre fois défaite, au XVIIe siècle et au XIXe siècle puis, en 1931 et en 1934.
J'ai téléphoné à une amie catalane, mais du côté français, favorable au référendum, pour lui demander son avis sur tout ça et pour lui demander surtout de clarifier les enjeux. Madrid, me dit-elle, est sur la position de l'Etat centralisé en vertu duquel c'est le gouvernement et le parlement espagnol qui dictent leurs loi à tout le pays, un et indivisible. Ceci ne correspond pas du tout à l'histoire de l'Espagne et à sa formation par juxtaposition d'entités différentes, notamment la Catalogne et le Pays basque. Jusqu'au milieu du XIXe siècle, la dénomination officielle du pays n'était pas l'Espagne mais les Espagnes, ce qui renvoyait aux différents royaumes et nations constituant le pays.
Depuis la mort de Franco en 1975, les Catalans ont négocié avec les divers gouvernements pour obtenir une large autonomie et un pouvoir décisionnaire dans le cadre de la Catalogne.
Le processus a plutôt bien marché jusqu'en 2010 lorsque le gouvernement de l'époque a même accordé à la Catalogne le statut de «nation» au sein de l'Espagne.
Mais le PP (Parti populaire) de Mariano Rajoy parti libéral ultraconservateur, fondé en 1989 par Manuel Fraga, ancien ministre franquiste, a obtenu de la Cour constitutionnelle qu'elle casse l'accord et qu'elle revienne en arrière sur ce qui avait été accordé aux Catalans. C'est depuis, que la marche à l'indépendance a pris cette ampleur.
Le PP refuse d'accepter la diversité de l'Espagne, comme Franco interdisait la langue catalane et le drapeau catalan. Il estime qu'un référendum organisé par la seule Catalogne est illégal.
Et voilà , c'est le bras de fer. On ne sait pas comment les choses vont tourner aujourd'hui dimanche, jour du référendum. Si le scrutin se tient malgré tout et si l'indépendance passe, ce sera un précédent pour l'Espagne où d'autres régions revendiqueront la même chose.
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